Tunisie/ Crise politique : des signes de détente, pourvu que ça se confirme

Publié le Mardi 20 Août 2013 à 13:29
Béji Caïd Essebsi, Hassine Abassi et Rached Ghannouchi. La crise politique qui secoue la Tunisie depuis le 25 juillet, date de l’assassinat du martyr Mohamed Brahmi, commence à montrer des signes de détente. La rencontre parisienne entre Béji Caïd Essebsi et Rached Ghannouchi le jeudi 15 août, qui a fait couler beaucoup d’encre et suscité une flopée de commentaires, redonne espoir pour un dénouement imminent de la crise. L’entretien d’hier, lundi 19 août entre Hassine Abassi et Rached Ghannouchi, s’est terminé sur une note quelque peu positive, à en croire les déclarations des deux hommes aux médias.

Ces dernières évolutions sur la scène politique laissent apparaître un certain volontarisme,  quoique tardif, pour sortir de cette impasse qui n’a fait que trop durer. Pourvu que cette tendance se confirme dans les prochains jours, car jusque-là, les choses ne sont pas claires, et on est jamais trop loin d’un revirement de la situation.

Les positions officielles exprimées par les deux parties adverses, Ennahdha et l’opposition, demeurent inchangées. Ennahdha affirme son attachement à un gouvernement d’unité nationale, appelle à la reprise des travaux de l’Assemblée nationale constituante, et dénonce la "logique putschiste" qui menace le pays (CF dernier communiqué de Majless al-choura). L’opposition persiste et signe à réclamer la dissolution de l’ANC et la chute du gouvernement. A l’issue de la réunion lundi de ses Secrétaires Généraux, l’Union pour la Tunisie a tenu Ennahdha pour responsable de la poursuite de la crise, pour avoir rejeté "les demandes populaires exprimées par l’opposition, de former un gouvernement de compétences nationales, dirigé par une personnalité indépendante" (CF communiqué union pour la Tunisie)

En réitérant leurs positions initiales à l’envi, les deux camps usent d’une technique de négociation bien connue, qui consiste à placer la barre très haut, pour obtenir le maximum autour de la table des négociations. Aucun camp n’accepte de plier facilement aux demandes du camp adverse, ses éventuelles concessions seraient calculées à l’aune de ses intérêts partisans et assortis de garanties, au regard de la crise de confiance source de méfiance mutuelle. Sauf que l’heure est grave et ne souffre pas que l’on se perde de nouveau dans les palabres sans fin.

Déjà qu’on a perdu énormément de temps dans les tiraillements et l’échange d'accusations, ce qui a aiguisé la polarisation idéologique, exacerbé la division entre les Tunisiens, et porté la tension à son paroxysme, faisant craindre un risque d’implosion. Maintenant, les choses ont atteint un seuil critique, une solution rapide et efficace est plus que nécessaire, si on veut éviter le pourrissement.

La rencontre Caïd Essebsi/ Ghannouchi qui a grosso modo eu des échos favorables dans les milieux politiques a certainement valeur de symbole et constitue un premier pas pour le dégel des relations entre deux formations politiques dont l’affrontement politique et médiatique a beaucoup contribué à envenimer le climat général. Au-delà des symboles, il faut passer aux décisions concrètes, permettant de parachever la période transitoire rapidement et au moindre frais, par la tenue d’élections qui nous feront passer du provisoire au durable.  De ce côté-là, la rencontre entre les chefs d’Ennahdha et de Nida Tounes n’apporte rien, mises à part les marques de courtoisie, et les spéculations à n’en plus finir dans les médias.

Il en va de même de la médiation menée par l’UGTT dont les résultats ne laissent filtrer que de maigres informations, illustrées par les déclarations de bonne intention. Si elle aboutit, la démarche de bons offices de la centrale syndicale devra donner lieu à un dialogue national, à même de déboucher sur la solution salvatrice pour sortir le pays de l’impasse. Mais tout cela est encore flou, tandis que le temps joue à notre désavantage, surtout sur le plan économique.

La Tunisie est dans le collimateur des agences de notation, qui ne sont pas tendres envers sa note souveraine et qui menacent de la dégrader davantage, si ce climat d’incertitude perdure. Chose qui aura des retombées graves sur l’économie nationale.  

Le parti le plus patriote est celui qui fera aujourd’hui le plus de concessions, non pas pour les beaux yeux du parti adverse, mais pour sauver la Tunisie, car c’est son intérêt qui est mis en péril. Notre pays a besoin sans plus attendre d’apaisement, de consensus, et de reprise de l’activité…d’autant plus qu’une dizaine de jours seulement nous sépare du mois de septembre, date de la rentrée scolaire, universitaire et politique. Le pari est d’arriver à septembre avec des résolutions claires, et un calendrier définitif des prochaines échéances politiques. On l’a tellement répété qu’on y croit plus. Mais, cette fois-ci doit être la bonne, car c’est tout simplement notre dernière chance.  

H.J.


 

Commentaires 

 
+3 #1 Dormez-vous?
Ecrit par Royaliste     20-08-2013 15:42
nous sommes a 8 semaines de la date de symbole du 23Octobre.

a l'époque, les naifs ont donnés un chéque en blanc a nahdha pour démocratiser le pays, la suite nous la connaissons:

partage des postes,
nominations d'amis et de gendres, libéralisation du traffic d'arme, démocratisation de la corruption, inflation record,
invasion d'embassade,
tabassage d'opposants,
emprisonnement politiques,
creation de milices,
infiltration des services de securité,
infiltration de l'armée,
assasinats politiques,
egorgement de tunisiens...

voici le bilan des khwanjiyas et les naifs croient encore qu'on se dirige vers des elections
 
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