Tunisie, un économiste prévient contre le déficit criant des caisses |
Publié le Mardi 17 Mai 2011 à 11:50 |
Hassine Dimassi, professeur de sciences économiques, nommé ministre pour quelques heures, représentant l’UGTT, dans le premier gouvernement de transition de Mohamed Ghannouchi, présente un projet de pacte social en vue d’assainir le climat social, mettre fin aux relations tendues ayant prévalu sous l’ancien régime entre l’Etat et la société d’une part, et entre les partenaires sociaux d’autre part, et réduire les disparités socio-économiques dans la société. Ce pacte social s’articule autour de quatre axes : modes d’emploi, actualisation des salaires, fiscalité et couverture sociale. Hassine Dimassi en a expliqué la teneur lors de deux émissions successives du "Lundi économique", proposé par Radio Kalima en partenariat avec Gnet". Ecoutez la deuxième partie de l'émission : Après avoir développé lors d’une première émission le premier volet de ce projet, en l’occurrence, les modes d’emploi et évoqué le rôle crucial que doit jouer l’UGTT pour traduire ce pacte dans les faits, l’émission d’hier, lundi 16 mai, a abondé dans le même sens, en mettant l’accent sur les trois autres axes dudit pacte. Dans le volet de l’actualisation des salaires, Hassine Dimassi pointe le modèle de négociations sociales jusque-là en vigueur qui ne s’appuyait pas sur des paramètres économiques objectifs. Cet état de fait a provoqué un appauvrissement progressif des travailleurs, qui ont vu la part de richesse nationale qui leur est allouée baisser, passant de 50 % dans les années 80, a à peine moins de 40 %, maintenant. Ce qui a creusé davantage le fossé entre couches sociales, et généré ce qu’il appelle "une société dualiste". Cet économiste chevronné propose dans son pacte d’instaurer des négociations sociales annuelles postérieures, indexées aux prix à la consommation et aux indices du bénéfice sur la productivité. Ceci requiert, selon son analyse, deux conditions sine qua non : la première est la fiabilité des chiffres, donc l’indépendance de l’INS, et la seconde est la transparence totale des comptes et des équilibres budgétaires des entreprises économiques. Une démarche qui nécessite un changement des mentalités et du système jusque-là en place. Au sujet de la fiscalité, deuxième volet du pacte, Hassine Dimassi a mis à l’index une fiscalité injuste, qui perdure depuis des décennies en Tunisie, et qui s’est exacerbée pendant les 20 dernières années, pour se transformer en un facteur d’aggravation de la pauvreté et de l’antagonisme des classes. Sous l’ancien régime, l’Etat fermait l’œil sur l’évasion fiscale, car "Ben Ali qui n’avait pas la légitimité des urnes, cherchait une autre légitimité en changeant les relations entre l’Etat et la société, lesquelles ont été fondées sur l’allégeance, c’était une manière de dire aux hommes d’affaires, faites ce que vous voulez, mais gardez la tête baissée", indique-t-il en substance. L’injustice fiscale se traduit par un chiffre significatif ; les travailleurs qui ne bénéficient que de 40 % de la richesse nationale, supporte le 4/5ème, soit 80 % des impôts directs. Par ailleurs, cette fiscalité défaillante a fait perdre à l’Etat son rôle développement, et a provoqué une injustice économique et sociale, et si des solutions ne sont pas trouvées, l’Etat ne pourrait plus faire face à ses dépenses comme payer les salaires de ses fonctionnaires, réaliser des projets d’infrastructure, etc. Quatrième axe du pacte : la couverture sociale. Hassine Dimassi tire la sonnette d’alarme quant au déficit criant des caisses sociales. Si ce trou n’est pas colmaté urgemment, il aura des conséquences très graves dans les prochaines années. En 2015, le déficit des deux caisses au niveau du seul dispositif de retraite avoisinera les 3,5 milliards de dinars. Par ailleurs, les deux caisses auraient d’ici 2015 résorbé leur épargne, et risquent, par ricochet, de ne plus pouvoir payer les pensions de retraite. Pour sortir les deux caisses de l’ornière, le pacte social propose de renoncer à l’emploi précaire, de faire preuve de rigueur en matière de paiement des cotisations et de renoncer aux dépenses qui ne relèvent pas du domaine des caisses. Selon Hassine Dimassi, le pacte social doit être placé au centre du prochain congrès de l’UGTT, c’est la centrale syndicale qui doit œuvrer à sa mise en application, insiste-il, en vue d’instaurer des rapports entre l’Etat et la société, basés sur la dialectique des droits et des devoirs, et de construire une société équilibrée, et républicaine. H.J.
|
Commentaires
Ecrit par jouana 17-05-2011 23:37
Ecrit par avis 17-05-2011 20:07
Ecrit par Alfalfa 17-05-2011 19:13
Ecrit par mohsen 17-05-2011 14:35
Ecrit par Esssech 17-05-2011 13:40