Tunisie : L’irresponsabilité au sommet de l’Etat !

Publié le Mercredi 10 Septembre 2014 à 17:07
Hémicycle clairseméLes élus de l’Assemblée nationale constituante – autorité suprême dans le pays, mais dont la légitimité n’a eu de cesse de s’éroder au fil du temps- se font prier pour travailler. A quelques semaines de la fin de leur cahoteux mandat, tels des élèves à l’approche des vacances, nos députés font tout simplement l’école buissonnière. Une attitude inadmissible, d’autant plus qu’ils ont à débattre et à voter un texte décisif, celui de la lutte contre le terrorisme et le blanchiment d’argent. Un projet de loi dont l’examen article par article avance au forceps.

Reportée une première fois pour motifs de vacances parlementaires, sa discussion a repris le 1er septembre, avec des députés toujours aux abonnés absents. Que de plénières levées ou suspendues, faute de quorum, ou pour quorum aléatoire, et Dieu seul sait quand l’Assemblée va accoucher de cette loi, et doter le pays d’un cadre légal en phase avec les exigences et les mutations de l’heure en matière de combat de ce fléau. A fortiori que nos honorables députés ont d’autres urgences impérieuses qui attendent inlassablement qu’ils daignent leur consacrer un peu de leur temps.

Le ministre de l’Economie et des Finances,  Hakim Ben Hammouda, les a suppliés hier, de plancher sur cinq textes en souffrance, dont est tributaire le versement par les institutions financières internationales de fonds indispensables pour alimenter des finances publiques, déjà sous perfusion, au risque de voir le pays entrer en octobre prochain  dans une redoutable crise, où l’Etat serait incapable d’honorer ses engagements.  

L’on reste coi devant le comportement des députés, qui devraient s’en tenir plus que d’autres à un devoir de respectabilité et d’exemplarité, en cette étape critique et émaillée de défis que traverse le pays. Il n’en est rien. Ceux qui sont censés représenter le peuple, et être extrêmement soucieux de ses intérêts, ne s’embarrassent pas de faire peu de cas de la confiance placée en eux par les électeurs et prendre en otage leur destin. Et ce ne sont pas les menaces, maintes fois proférées sans être mises en exécution, par le président de l’ANC de procéder à des déductions des rémunérations des absentéistes qui semblent les dissuader.

Les Tunisiens ont élu l’Assemblée nationale constituante un certain 23 octobre 2011 pour un mandat supposé être d’une année. Mais, voilà trois ans maintenant que l’Assemblée existe, avec à son actif l’élaboration d’une constitution consensuelle et avant-gardiste, celle de dimanche 26 janvier, c’est déjà cela de gagné, mais aussi avec un lourd passif fait de manquements, de procrastinations, et des scènes qui ont profondément écœuré et révolté les Tunisiens.

Bientôt le rideau va tomber sur cette Assemblée indisciplinée et par moment désinvolte ; elle aura contrarié les Tunisiens jusqu’au bout à la perception de cet hémicycle clairsemé à l’image de la classe des cancres, et creusé le fossé entre le peuple et l'élite politique. Que l’on ne s’étonne pas de voir les Tunisiens bouder les urnes, le jour du scrutin.
H.J.

 

Commentaires 

 
#5 La Tunisie s'écroule
Ecrit par marlon     26-09-2014 23:13
J'ai assisté hier soir à l'aéroport de Tunis à l'effondrement de la Tunisie que j'aime!!
J'étais entrain de faire mes formalités pour rentrer à Paris quand j'ai été témoin d'un scandale dont le "héros" n'est autre que le chef d'escale de Tunisair à l'aéroport de Carthage.
Ce "Monsieur Saber" est insolent, incompétent et apparement corrompu jusqu'à l'os.
Le chef d'escale arrogant s'en prenait à un passager Mauritanien pour l'obliger à payer un billet supplémentaire parce qu'il portait ...une genouillère!!!
Le pauvre passager était obligé de s'asseoir sur un fauteuil, d'enlever sa genouillère, de supplier ce "Chef" psychopathe pour lui expliquer qu'il est bien portant et qu'il peut bien voyager la jambe pliée.C'était sans compter sur l'arrogant Saber, qui insultait, vociférait et se montrait inflexible devant ce pauvre passager.
Dans la zone embarquement j'ai retrouvé le pauvre passager qui m'a confirmé avoir été obligé de corrompre en payant 200 Euros à des intermédiares de ce Saber pour pouvoir embarquer.
Dommage!!
Il est temps pour Tunisair de se ressaisir!!!
 
 
+4 #4 RE: Tunisie : L’irresponsabilité au sommet de l’Etat !
Ecrit par Montygolikely     11-09-2014 12:02
C'est très simple, il suffit de cumuler les jours ou ces imposteurs ont décidé de s'en foutre de leur devoir vis à vis du peuple et déduire de leur salaires et primes diverses le double ou le triple des montants correspondants au coût de leurs absences répétées...
 
 
+3 #3 @Tounsi
Ecrit par Royaliste     11-09-2014 11:40
mais vous ne pouvez pas nier que le tunisien a besoin de bâton pour travailler et l'ANC est le meilleur exemple.

Ben Jaafar est trop gentil, résultat un travail de 1 an va être fait en 3 : nous sommes un peuple 'karkar' il nous faut un pouvoir fort, très fort pour nous motiver
 
 
-2 #2 Royaliste ex RCD
Ecrit par Tounsi     11-09-2014 10:46
Vous et vos députés d'élite, des décennies passées, vous avez sucé le sang de notre peuple, laissez-le vivre. Vos députés bossaient jusqu'à minuit oui, pour bosser? NON!! oh que Nonnn! Mais pour mettre en place les stratégies les plus démentielles visant à piller ce pays. Vous faites pitié !
 
 
+2 #1 Médiocratie
Ecrit par Royaliste     11-09-2014 09:11
1er enseignement : Le tunisien a besoin d’autorité:

Avec un dirigent mou et un leadership faible (MBJ) les députés accumulent absentéisme, nonchalance et irresponsabilité sur tous les niveaux. Une forte rémunération n’est pas suffisante pour motiver le tunisien, il lui faut la peur des sanctions, la peur de l’autorité : le bâton.

PS : quand vous parlez d’élite politique ca me fait sourire, les députés des décennies passées restaient jusqu'à des heures tardives (minuit et plus) a chaque Décembre pour boucler les débats budgétaires, ca c’était l’élite… aujourd’hui, on a un ramassis de profiteurs qui ont pour seul mérite d’avoir attiré les bonnes grâce de ghannouchi pour être sur ses listes électorales, ils ne forment pas l’élite mais représentent bien le citoyen médiocre irresponsable, nonchalant, individualiste, égoïste, qui cherche un travail ‘mosmar fi hit’, qui cherche toujours plus de rémunération pour toujours moins de responsabilité.

Ailleurs il y a la relation du « donnons, donnons », en Tunisie on a plutôt une relation de « prenons, prenons »
 
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