Tunisie, Ennahdha campe sur sa position et exprime des "craintes réelles"

Publié le Lundi 23 Septembre 2013 à 12:39
Vue de la conférence de presse. Le mouvement Ennahdha a réitéré ce lundi son attachement à ce que les processus constitutif et gouvernemental aillent de pair. Il a dit, par la voix de Rafik Abdessalem, avoir des craintes réelles et sérieuses, dans le cas où l’on ne parachève pas les missions constitutives, au regard des déclarations de ses adversaires politiques...

Finalement, la conférence de presse de ce lundi 23 septembre n’a pas été donnée par le numéro un d’Ennahdha Rached Ghannouchi, mais par trois dirigeants du mouvement, en l’occurrence, Abdelhamid Jelassi, Rafik Abdessalem et Ajmi Lourimi.

Abdelhamid Jelassi a récusé en préambule les accusations adressées à la troïka et spécifiquement à Ennahdha d’assumer toutes les difficultés et les blocages de l’étape actuelle. Il s’est interrogé "qui a causé et bloqué les travaux de l’Assemblée nationale constituante, qui est à l’origine des pressions sur le budget de l’Etat, si ce n’est les revendications sociales démesurées, les milliers de grèves et les deux grèves générales observées en Tunisie, ayant paralysé la machine de production".

Selon ses dires, "il y a des parties qui dès le lendemain des élections du 23 octobre ont prédit l’échec de cette expérience". Il a demandé à faire une lecture pour voir "qui sont les parties politiques et sociales, ayant participé à la paralysie, le cas échéant, Ennahdha, le gouvernement et la troïka assumeront en partie leur responsabilité, mais ils ne sont pas prêts à assumer l’entière responsabilité des difficultés actuelles".

Jelassi s’est demandé si toutes les parties tendent actuellement vers l’organisation des élections transparentes et crédibles. "Le mouvement Ennahdha a présenté son approche le 15 août dernier lors d’une conférence de presse, a interagi avec les différentes initiatives posées sur la scène, notamment avec celle du quartette, selon sa responsabilité nationale", a-t-il souligné, indiquant que son parti a fait plusieurs concessions notamment lors du débat sur l’inscription de la charia dans la constitution, celui du régime politique, où il a renoncé au régime parlementaire en faveur du régime mixte, ainsi que son renoncement aux ministères de souveraineté.

L'approche d'Ennahdha pour une sortie de crise
Pour Rafik Abdessalem, le mouvement Ennahdha a tellement fait de concessions qu’il est désormais qualifié "du mouvement des concessions". Il a dit que son mouvement est prêt à faire des concessions pour la Tunisie et d’arriver à des solutions consensuelles pour sortir de la crise actuelle. "Ennahdha prône un dialogue national dans le cadre de l’initiative du quartette afin de parvenir à des solutions consensuelles, dans le cadre de concessions réciproques, et sans conditions préalables", a-t-il souligné, ajoutant que son mouvement a annoncé ouvertement son acceptation de l’initiative du quartette en vue d’une sortie de crise. "Il y a autour de cette initiative des espaces de convergence et de divergence entre Ennahdha et les autres parties, ce qui est normal. L’essentiel est de parvenir à des solutions consensuelles, on n’est pas tenu de parvenir à une approche unique avant le dialogue", a-t-il signalé.

Il a réitéré l’approche de son mouvement pour une sortie de crise, s’articulant autour d’un certain nombre de points à savoir : "assurer l’adoption de la constitution qui sera une plateforme législative saine pour la gestion de la démocratie, le maintien de l’Assemblée nationale constituante qui traduit la volonté populaire exprimée lors des élections du 23 octobre. A l’issue du parachèvement des missions constitutives et la fixation d’une date claire des élections, nous pouvons parler de la formation d’un gouvernement de personnalités indépendantes. Ce gouvernement sera doté de toutes les prérogatives, mais sera soumis au contrôle de l’Assemblée nationale constituante".

Rafik Abdessalem a déclaré qu’Ennahdha a des "craintes sérieuses et réelles", quant au parachèvement des missions constitutives. "Si on ne parachève pas les missions constitutives, il n’y aura pas de garanties pour réussir la transition démocratique". Ces craintes émanent, selon ses dires, "des positions et déclarations issues des composantes de l’opposition qui ne sont pas rassurantes". "Certaines considèrent que les élections du 23 octobre sont une erreur stratégique, d’autres usent de supercherie envers l’ANC et le gouvernement. Certains expriment la volonté d’utiliser la rue, d’autres esquivent la fixation d’une date des élections", a-t-il dit en substance, en ajoutant : "nous voulons assurer la locomotive afin qu’elle se dirige vers la prochaine étape, soit la tenue des élections libres et démocratiques".

"Si la Tunisie réussit son expérience démocratique, ce sera un message positif envoyé aux pays de la région selon lequel la démocratie est possible dans la région, et on dément ainsi la formule de l’exception démocratique, selon laquelle, la démocratie n’est pas valable pour le monde arabe", a-t-il relevé en substance. "La solution n’est pas dans le putsch militaire, dans le régime despotique et totalitaire, mais elle est dans la démocratie", a-t-il martelé, précisant que son mouvement "a conscience de la nécessité de consolider la légitimité électorale, par une  légitimité consensuelle, basée sur le dialogue national et les règlements politiques".

Ajmi Lourimi a abondé dans le même sens réaffirmant que son mouvement a fait "de grandes concessions", fustigeant les slogans prônant "l’affrontement jusqu’à la chute du régime", et "la chute immédiate d’Ennahdha". Il a dit  ne pas croire à la désobéissance civile pacifique, au regard de ce qui passe actuellement.

"Nous n’acceptons pas qu’il y ait exclusion, hégémonie, que les uns veuillent imposer leur position sur les autres, et qu’il y ait vainqueurs et vaincus", a-t-il asséné. "Si Ennahdha était dans l’opposition, et l’opposition dans le pouvoir. Ennahdha aurait-il pu exiger à mi-chemin du processus que l’on efface tout et on recommence, quelle sera, le cas échéant,  la position de ces parties responsables du pays et de la transition démocratique ?", s’est-il interrogé.
Gnet
 


 

Commentaires 

 
-3 #2 D'un pouvoir illégitime
Ecrit par volvert     24-09-2013 11:03
Nous étions bien préparés et nous nous attendions à une grande messe médiatique, avec le "guide" aux commandes.
Ce sont les seconds couteaux qui vinrent bous réciter la bonne parole.
Toujours la mème dialectique: on attaque, on met en cause l'autre, les autres, puis on s'applique à faire une exégèse précise de ses propositions.
Le quartette n'attend pas des propositions, mais la position de Ennahdha quant à la feuille de route.
Maintenant que l'UGTT et l'opposition ont achevé de comprendre que seul le rapport de force est susceptible d'avoir quelque écho dans la sphère de ceux qui se prennent pour la "légitimité", voilà les nahdhaoui qui crient à l"affrontement" et stipendient certains, désireux selon eux, de rechercher "la chute du régime".
C'est extraordinaire que ceux qui ont mis le pays à feu et à sang, amis et complices de ces pseudo salafistes, armés et disposant de moyens financiers qui leur permettent de distribuer biens matériels et bonnes paroles tout en assassinant avec bonne conscience, en viennent à nous entretenir une querelle parce que, enfin, on parle d'en appeler au peuple.
Ennahdha est responsable de la gabegie, du népotisme, de l'intolérance et des manquements et atteintes au droit des gens, droits d'informer librement, de penser et d'écrire sans autre censure que le sens de la responsabilité citoyenne....
Puisqu'il est acquis que le pouvoir a été confisqué par des gens qui osent parler de "révolution", il est normal et utile de ne pas le leur laisser.
L'entètement, le trafic d'influence, le népotisme, la prévarication et toutes sortes de magouilles qui avaient cours sous la dictature ont repris vie sous ce régime.
Longtemps, ils nous ont chanté qu'ils étaient " majoritaires". Et, certains ne saisissaient pas la profondeur de cette assertion avancée régulièrement.
Après, on nous a invoqué la "légitimité", autre argument définitif digne des esprits les plus bornés.
Ennahdha, à mes yeux, ne représentent ni la majorité, ni la légitimité.
Non point par ignorance des résultats des élections ou par vilaine haine de principe,mais tout bonnement parce que ce parti a fait la démonstration qu'il est aux antipodes de la démocratie et du droit. Ses pratiques relèvent des stratagèmes de bandes qui s'approprient un territoire...
Désormais, toute entreprise pour libérer le pays de ces messieurs est légitime.
Un pouvoir sans bornes est un pouvoir illégitime.(De l'Esprit des Lois. Montesquieu.)
 
 
-3 #1 Pourquoi la rue justement
Ecrit par khammous     23-09-2013 22:47
QUAND Bill Clinton avait flirte avec Monica et menti par la suite sous serment il était CONVOQUE et etait a deux doigts d être limoge. Les américains n étaient pas descendus dans la rue Ils avaient leur procédure de impeachment et de dissolution Quant a nous nous n avons pas cela Et Nahdha n a pas voulu le faire en deux ans de Constituante . Donc c est normal que la rue s en mêle...Et malheureusement elle s en mêlera car elle se sent trahie
 
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