Tunisie, en cas de non-consensus, Jebali présentera son équipe à l’ANC

Publié le Samedi 26 Janvier 2013 à 17:00
Hamadi Jebali.Le chef du gouvernement, Hamadi Jebali, a annoncé ce samedi que si un consensus n’est pas trouvé dans les prochains jours autour du remaniement ministériel, il présentera dans les jours qui viennent l’équipe gouvernementale qu’il jugera la meilleure à l’assemblée nationale constituante, car cette situation ne peut pas se poursuivre à l’infini.

La dernière rencontre dans le cadre des consultations pour le remaniement ministériel et l’élargissement de la coalition gouvernementale, a eu lieu hier (vendredi). "Nous avons franchi des pas considérables, mais nous nous sommes heurtés à des difficultés dans les négociations, relatives aux exigences et aux conditions des uns et des autres, quant à l’impartialité de certains ministères, la base d’élargissement de la coalition..."  Ces divergences que Hamadi Jebali a qualifiés "de signes de bonne santé", n’ont pas permis de parachever la nouvelle formation gouvernementale.  Compte tenu de cela, "mon devoir en tant que chef du gouvernement est de présenter dans les prochains jours la nouvelle équipe gouvernementale à l’assemblée nationale constituante pour l’examiner et la plébisciter, car cette situation (ndlr d’indécision) ne peut pas continuer à l’infini, et est dangereuse pour notre pays", a-t-il dit en substance.

Le chef du gouvernement a formulé l’espoir qu’un consensus soit trouvé autour du remaniement ministériel. A défaut, a-t-il martelé, "je soumettrai la formation gouvernementale que je considère la meilleure pour l’intérêt du pays à l’assemblée nationale constituante".

Hamadi Jebali s’est réjoui de la dynamique et de la franchise qui ont imprégné les consultations avec les partis politiques, faisant part d’une entente aussi bien des partis qui ont accepté de rallier le gouvernement, que des autres qui ont décliné la proposition, sur la plateforme politique, c'est-à-dire la nécessité d’un dialogue national  pour s’entendre sur une feuille de route relative à  la gestion de ce qui reste de la période transitoire, un calendrier pour la fin de la rédaction de la constitution, et la tenue des élections, ainsi que la mise en place des instances électorale, judiciaire et des médias.

Le chef du gouvernement qui a évoqué des trébuchements dans les travaux de l’ANC, a appelé à la tenue d’un dialogue national sans exclusion dans les plus brefs délais, estimant que l’assemblée nationale constituante est le meilleur endroit pour la tenue d'un tel dialogue.

Deux processus doivent être menés de pair, a-t-il expliqué. Le premier est un processus politique constitutif, qui doit être défini dans le cadre d’un débat national bannissant la polarisation idéologique. Il s’agit d’insister sur la notion de l’Etat civil, de dénoncer la violence sous toutes ses formes. Jebali a signalé qu’il n’existe pas un problème d’identité en Tunisie, "notre identité est arabo-musulmane, l’extrémisme ne passera pas en Tunisie", a-t-il affirmé, appelant au respect de l’impartialité en matière de nominations dans l’administration et les rouages de l’Etat.

Le deuxième processus est gouvernemental, a trait à l’action du gouvernement qui a "des objectifs et des priorités". "Il s’agit de la lutte  contre la corruption, de la réparation de toutes les victimes, dont les martyrs et les blessés de la révolution ainsi que des bénéficiaires de l’amnistie générale, faire régner la sécurité". Il a fait état de l’existence "de dangers endogènes et exogènes qui menacent notre pays", précisant que "la sécurité reste la règle fondamentale pour la construction démocratique". Les autres priorités sont le développement, la création d’emplois, le développement régional, la lutte contra la pauvreté, et la cherté de la vie. "La dernière priorité est de faire réussir les prochaines élections", a-t-il ajouté.

Hamadi Jebali a appelé avec insistance à parachever cette période transitoire dans les délais les plus proches afin d’élire un gouvernement démocratique pour quatre ou cinq ans, et des institutions démocratiques qui seront définies par la nouvelle constitution. "L’intérêt du pays est d’écourter cette période transitoire", a-t-il martelé. Il a proposé la date du début septembre pour la tenue des présidentielles et des législatives. "Les investisseurs étrangers et locaux ne sont pas prêts à venir dans cette ambiguïté politique. Les choses doivent se clarifier, on doit pouvoir mettre un programme à moyen et à long terme, promouvoir le niveau de notre économie, réduire le chômage, améliorer le taux de croissance..."

Revenant au remaniement, il a indiqué qu’"il n’est pas une fin en soi". "C’est un moyen pour réaliser un programme". Il a rappelé que "l’appel pour la formation d’un gouvernement d’unité nationale a précédé la formation de l’actuel gouvernement, certains ont choisi l’opposition, dans le cadre de la construction démocratique, et c’est tout à fait normal". Hamadi Jebali s’est défendu de toute volonté d’avoir "détourné des dirigeants de partis , de vouloir détruire les partis ou y semer la scission", "ceci ne correspond pas à nos vertus, à notre morale, et aux traditions démocratiques". Il a qualifié "d’indignes" les accusations qui ont été adressées aux personnalités qui ont accepté de rejoindre le gouvernement, accusés de courir derrière un poste ministériel. "Ce sont des personnalités nationales militantes et résistantes qui  ont pris leur décision dans l’intérêt du pays", a-t-il dit, dans un but "de lever toute équivoque". Il répondait ainsi aux critiques qui lui ont été adressées d’avoir proposé des portefeuilles ministériels à des personnalités appartenant à des partis, à l’instar d’alJoumhouri et de l’alliance démocratique, contre la volonté et la décision de leurs instances dirigeantes qui ont rejeté le ralliement à la coalition gouvernementale.

Hamadi Jebali a également récusé les critiques qui ont été adressés à la troïka "de partage de gâteau, de butin et de répartition des postes selon des considérations partisanes". "Dans toutes les démocraties du monde, il y a des négociations qui président à l’élargissement des coalitions gouvernementales, pour faire rentrer des politiques et des compétences et technocrates. Nous avons suivi les traditions démocratiques, il y a ceux qui ont accepté d’entrer au gouvernement, d’autres ont refusé d’y participer tout en se disant favorables au dialogue national. Certains partis ont refusé d’emblée toute participation au gouvernement, et ce n’était même pas la peine de les contacter".

Il a indiqué avoir formulé "un désir, voire une demande" aux partis dans le cadre d’une feuille de route et d’un calendrier consensuel pour les élections. Il s’agit de faire participer des observateurs internationaux en grand nombre aux prochaines élections, en vue de conférer transparence et crédibilité au scrutin. Il a déploré à ce titre "la volonté de certains de mettre en doute les élections avant même leur tenue". Il a par ailleurs appelé tous les membres de l’appareil exécutif à éviter les tiraillements politiques, la polarisation partisane et l’utilisation des moyens de l’Etat pour les intérêts partisans, à garantir l’impartialité de l’appareil exécutif de l’Etat, et à instaurer des mécanismes de travail entre les deux présidences de la république et du gouvernement dans l’intérêt du pays, ainsi que la tenue des élections le plus rapidement possible. S’agissant de la création de poste de coordinateur général qui est prévu dans le cadre du prochain gouvernement, il a défendu l’institution de ce poste exigé par l'importante charge de travail à la Kasbah.

H.J.



 

Commentaires 

 
+1 #3 100% échec
Ecrit par Royaliste     28-01-2013 10:27
sécurité : Échec
economie : Échec
tourisme : Échec
emploi : Échec
agriculture : Échec
changer son équipe d'incapables : Échec

je pense qu'il est grand temps pour Jbéli de démissioner et de laisser des gens compétants diriger le pays
 
 
+3 #2 C' est de la litterature
Ecrit par khammous     26-01-2013 22:01
Le consensus , le véritable a été proposé à la Troika le 16 Octobre dans le cadre de l'initiative de l'UGTT. NAHDHA et CPR avaient refusé catégoriquement ce dialogue.
C'est tout ce que retiendra l'Histoire et l'opinion publique. Qu'ils assument leur responsabilité
Toutes les difficultés actuelles,que Jbali ne souhaite pas voir continuer en disant :°° Cette situation (ndlr d’indécision) ne peut pas continuer à l’infini, et est dangereuse pour notre pays",°°toutes ces difficultés proviennent de l'exclusion que les deux partis utilisent vis à vis de NIDA TOUNIS et ses alliés
Il n'y a jamais de raisons valable à l'exclusion de quelque sorte que ce soit.
Si l'ANC doit entrer dans ce feuilleton ce sera par la démission du gouvernement EN ENTIER devant l'assemblée et l'élection d'un nouveau.
Toute autre proposition relève de la menace de celui qui veut opposer au consensus entre les Tunisiens sa victoire électorale.ENCORE ET TOUJOURS
 
 
+4 #1 RE: Tunisie, en cas de non-consensus, Jebali présentera son équipe à l’ANC
Ecrit par Hédi     26-01-2013 19:18
Deux hypothèses:
-Ce message est adressé à Ettakatol et au CPR, leur disant d'arrêter leurs exigences, et qu'il peut aller devant l'assemblée avoir la majorité pour Ennahdha sans leur appui.
-Ou bien à Rached Ghannouchi, lui demandant d'être consensuel. Et cela veut dire que Jebali a finalement décidé de prendre les choses en main devant la situation de blocage, et de devenir autonome par rapport au grand gourou.

La deuxième hypothèse est la plus souhaitable pour le pays.
En tout cas, il est dramatique, qu'un chef de gouvernement élu en octobre 2011, vienne en janvier 2013 pour dire qu'il s'efforce d'avoir un calendrier et un programme. Que de temps perdu, faute de réelle volonté politique d'un parti qui n'a aucune ambition de faire réussir la transition démocratique, et de l'absence de courage du CPR et d'Ettakatol.
 
Ces commentaires n'engagent que leurs auteurs, la rédaction n'en est, en aucun cas, responsable du contenu.