Zied el-Héni en prison : Une affaire de trop qui nuit à l’image de la Tunisie

Publié le Vendredi 13 Septembre 2013 à 18:35
Zied el-Héni. Dans ce climat délétère qui sévit depuis de longues semaines en Tunisie, ayant atteint son paroxysme avec l’assassinat le 25 juillet dernier  de Mohamed Brahmi, on se serait passé volontiers de procès intentés contre des journalistes, qui ne feront qu’éclabousser l’image du pays à l’extérieur. Les affaires de comparution de journalistes devant les juges ont défrayé la chronique ces derniers jours, celle d’aujourd’hui, avec le mandat de dépôt émis contre Zied el-Héni, a suscité une vive protestation dans les milieux médiatiques, politiques, syndicaux et de la société civile. Un journaliste en prison, c’est un fait propre aux régimes autocratiques, étrange en démocratie.

C’est consternant qu’à l’heure où on attend des signes d’apaisement de la crise politique, des affaires comme celles-ci surviennent pour jeter un pavé dans la mare, et exacerber les tensions et la crise de confiance, source de divisions entre Tunisiens. De pareilles affaires devraient pourtant être traitées et réglées dans le cadre d’instances de régulation des médias, qui sont de nature à sanctionner les dépassements et abus, s’ils existent, selon des règles préétablies, sans que la justice n’ait à s’en mêler. A fortiori, si la justice traîne, de l’aveu même de la profession, des suspicions quant à son indépendance et son inféodation au régime politique.

Et puis, au-delà des effets sur le climat intérieur, mesure-t-on l’impact d’un placement derrière les barreaux d’un journaliste, à plus forte raison lorsqu’il est aussi médiatisé et bénéficiant d’un aussi large soutien comme c’est le cas de Zied el-Héni, sur l’image de la Tunisie dans les médias étrangers ? La Tunisie sera décrite comme un pays qui réprime la liberté d’expression, qui met ses journalistes en prison, notamment ceux qui sont critiques envers les autorités en place, et c’est le cas du journaliste qui se trouve aujourd’hui sous les verrous.

Une pareille affaire ne peut que freiner et entraver encore plus le règlement de la crise politique qui s’inscrit dans la durée. Elle va encore plus élargir le hiatus entre les rivaux politiques, à un moment ou l’on s’attendait à ce que la classe politique soit unie, rassemblée  pour qu’elle puisse se diriger vers une sortie consensuelle de cette impasse politique, fortement préjudiciable pour le pays. Elle sèmera la discorde et la zizanie auprès de l’opinion publique, à l’heure où on a besoin d’apaisement. Elle nuira à l’image déjà peu reluisante de la Tunisie auprès de ses partenaires étrangers, des investisseurs potentiels, des agences de notation, étant entendu que la liberté de la presse est un déterminant essentiel pour jauger le degré de démocratisation d’un pays, à la lumière duquel ces parties détermineront la nature de leurs rapports avec notre pays, et le jugement qui lui réservent.

Il va sans dire que la presse tunisienne n’est pas, à ce jour, dans son meilleur état. Le secteur souffre de plusieurs tares et dysfonctionnements. Des erreurs, des dépassements et une violation de l’éthique du métier, ça existe dans les médias post-révolution. Des médias qui font en même temps des efforts considérables, dont personne ne peut nier. Quoi qu’il en soit, les journalistes sortis de longues décennies de répression de la parole libre, et de marginalisation, n'accepteront plus jamais d’être mis au pas et ne laisseront plus jamais leur liberté reconquise leur échapper. Bien évidemment, que le passage d’une presse muselée et réprimée à une presse libre est un processus de longue haleine.

C’est toute une culture à construire, avec à la clef l’obligation pour les journalistes de s’en tenir aux règles de professionnalisme et d’honnêteté, la nécessité pour les politiques de bannir les réflexes d’antan et d’apprendre à cohabiter avec des médias affranchis de toutes les contraintes, et l’impératif de l’avènement d’instances indépendantes de régulation, à l’image de la HAICA dont l’action n’a pas atteint l’efficience requise.

En Tunisie, hélas, on n’en est pas encore là, et les choses baignent dans l’anarchie et le flou. Au point que l’on revienne à mettre des journalistes en prison. Le principal perdant dans cette affaire, outre les journalistes et la profession même, sont les politiques qui se verront taxés de dérapages liberticides, et d'instrumentalisation de la justice. La plus grande perdante est la Tunisie ; cette affaire sera un énième point noir de son laborieux processus de transition.

H.J.


 

Commentaires 

 
+1 #5 journaliste n'importe quoi
Ecrit par tounsi hor     16-09-2013 12:29
Est ça veut dire que les journalistes peuvent écrire n'importe quoi sur n'importe qui sans etre inquiété! ça veut dire q'un journaliste peut ecrire que gratuitement que tu es un voleur, un assassin sans etre inquiété outrez mesure. je pense q'un journaliste doit prendre la responsabilité de ce qu'il écrit et etre mis en prison et pourssuivi s'il s'avere que c'est faut ce qu'il a écrit. Ca fera réflechir tout le monde avant qu'ile débitent n'importe quoi car les fausses informations mettent la zizanie dans la nation.
 
 
+2 #4 RE: Zied el-Héni en prison : Une affaire de trop qui nuit à l’image de la Tunisie
Ecrit par montygolikely     14-09-2013 12:11
mais qu'est ce c'est que cette justice de republique bananiere
 
 
+2 #3 fadiiiiiinaaaaaa
Ecrit par araf     14-09-2013 11:24
raz le bol de ces affaires débiles!!!!!le peuple est malade, il a froid, il a faim , il a peur, il n'a plus confiance en personne.......il en a maaaaaaaarrrrrreeee!!
 
 
+2 #2 il faut tout changer
Ecrit par consultant     14-09-2013 10:16
trop de grabuge autour de ces affaires.
le peuple en a marre.
il faut tout changer.
toutes ces élites sont entrain de se bagarrer les un avec les autres comme des chiffonniers et le peuple est entrain de payer .... payer ....payer.
 
 
+2 #1 Resultat
Ecrit par Tounsi     13-09-2013 19:51
La plus grande perdante est la Tunisie ; cette affaire sera un énième point noir de son laborieux processus de transition.
 
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