Une journée dans la peau d’une association caritative

Il est utile d’expliquer, avant toute chose, que le Lions est représenté par une cinquantaine de clubs répartis sur tout le pays. Chacun, présidé à tour de rôle par l’un de ses membres, essaye de récolter des fonds octroyés sous forme de dons pour venir en aide à des familles nécessiteuses ayant souvent à charge des enfants handicapés et des personnes âgées. Par un dimanche pluvieux de ce début d’année, quelques membres du Lions Club Tunis Megara se dirigent vers un village d’Utique pour aller remettre des ravitaillements à des familles vivant en dessous du seuil de pauvreté. Un convoi de quelques voitures se donne rendez-vous devant la ferme thérapeutique de Sidi Thabet à 10h du matin. Une fois tout le monde réuni, les uns et les autres commencent à remplir une fourgonnette de denrées alimentaires, et de sacs remplis de vêtements et de matelas. Et les six voitures se dirigent vers Utique. Trente cinq minutes plus tard et quelque 50 km de route bordée de grands terrains agricoles verdoyants et de collines à perte de vue, le convoi emprunte une piste sinueuse qui mène vers un petit village coupé du monde. Ici les voitures se faufilent dans d’étroites ruelles, qui sous la pluie battante, se sont transformées en de grands marécages où choit de l’eau stagnante qui laisse flotter des déchets et autres ordures ménagères. Tout le monde s’arrête devant une maison ou à ce qui y ressemble. Tout de suite, des enfants par dizaines emmitouflés dans des vêtements usés et le visage blême font leur apparition et s’agglutinent autour des voitures.

Les membres du Lions Club Tunis Megara, descendent alors accompagnés d’une assistante sociale et frappent à la porte de la première maison. On nous ouvrit alors avec beaucoup de joie. La joie de recevoir des amis qui ont l’habitude de venir, les bras chargés d’aide à cette famille aux trois enfants handicapés. La petite demeure était, en fait, composée de trois pièces. La plus grande sert d’étable pour des vaches, la seconde sert de chambre pour les trois jeunes filles atteintes d’un grand handicap mental et une troisième, sert de chambre pour les parents. Deux des trois jeunes filles étaient assises par terre sur des nattes usées, dans une pièce sombre et elles étaient attachées au mur par une corde. Il est inutile d’ajouter que le manque d’hygiène donnait des hauts le cœur. La pièce complètement souillée et sans électricité juxtaposait l’étable. Les deux filles étaient seules. Les parents eux, étaient partis qui au café, qui au dispensaire pour se faire soigner. Seule la voisine leur rendait visite de temps à autre. Une fois des matelas déposés, ainsi que des vêtements chauds et des médicaments pour les petites, les responsables du club s’assurent que les portes et les fenêtres qui ont été achetées suite à la précédente visite, ont bien été montées. Avant l’arrivée du Lions dans ce village d’Utique, cette famille vivait dans des conditions insalubres, sans portes ni fenêtres. Le Club Tunis Megara dont la Présidente est Manoubia Ben Rhouma a beaucoup changé à la situation de cette famille. Des donateurs se sont portés volontaires pour financer la réalisation des fenêtres et des portes manquantes et des visites cycliques effectuées par les membres servent à donner des aides matérielles.

Une fois la première famille servie, l’on s’est invité chez les voisins. Des packs de lait, de la nourriture et des vêtements chauds, leur ont été offerts. Cette famille qui s’occupait de la troisième fille handicapée de la précédente famille, avait deux personnes âgées à mobilité réduite à charge. Le Grand père était même amputé de la jambe, mais dispose depuis peu d’un fauteuil roulant accordé par l’association.

Une troisième famille dont une fillette de 13 ans souffrant d’un léger handicap a eu droit aux mêmes aides. Cette fois-ci, le père de famille demandait que l’on trouve une solution à sa fille, à qui on avait refusé l’école à cause de sa maladie. «Elle était très douée à l’école avant de subir une intervention sur le dos. On aimerait tellement qu’elle reprenne l’école », clame-t-il plein d’espoir. Sauf que l’école est très loin du village et que les responsables leur ont suggéré de lui trouver un organisme habilité à recevoir des enfants handicapés. Ce qui n’est pas de tout repos. Ces enfants quittent souvent très tôt l’école à cause du manque de moyens et des conditions difficiles. Sur le plan sanitaire, ce n’est guère mieux. Des vieux souffrant de tous les maux manquent terriblement d’assistance médicale. Le Lion’s Club fait de son mieux pour demander à d’éventuels membres dans la profession de venir faire des consultations. Pour tous les autres dons qui servent à financer les ravitaillements et les aides, le club a recours à son son magazine. Celui-ci offre des encarts publicitaires pour d’éventuels annonceurs. Toutes les recettes collectées sur la publicité et autres dons spontanés, servent à acheter tout le nécessaire pour des dizaines de familles par an.

Après avoir visité une quatrième famille dont les deux enfants sont handicapés, nous reprenons le chemin du retour avec un peu de satisfaction mais surtout avec une prière. Celle de pouvoir être encore plus nombreux et plus conscients face aux malheurs des autres.