Une annulation de la dette extérieure sera préjudiciable à la Tunisie

Publié le Lundi 13 Juin 2011 à 18:00
La dette extérieure de la Tunisie objet de polémique. "Le Lundi économique", une émission de Radio Kalima et de Gnet, a été consacrée à la dette extérieure de la Tunisie. Y ont été conviés  Abderrazek Zouari, ministre du Développement régional et local et économiste, Mohamed Souilem, Directeur Général de la Finance extérieure à la Banque centrale de Tunisie (BCT) et Fathi Chamkhi, porte-parole de l’association Raid-Attac.  Ecoutez :




Pour Abderrazek Zouari, l’économie tunisienne doit changer et se développer à travers l’investissement. "Le financement de l’investissement peut se faire par l’épargne nationale, sauf que son taux est insuffisant. Par ailleurs, l’investissement requiert des biens d’équipement que la Tunisie procure à travers les importations, les rentrées en devises ne permettent pas de financer ces importations, du fait qu’elles sont supérieures aux exportations". C’est ce qui justifie le recours à l’endettement extérieur pour financer l’économie, indique-t-il en substance, estimant que les indicateurs en la matière sont acceptables, avec un taux d’endettement de 37 % du PIB et un service de la dette de 10 %.

Mohamed Souilem de la BCT estime que la Tunisie a besoin en cette période transitoire d’augmenter le rythme de croissance, et d’accroître la cadence des investissements. L’Etat dont les recettes fiscales et les dépenses ne se font pas à la même période a besoin du financement extérieur. Il rejoint A. Zouari pour souligner que "l’investissement ne peut pas être financé par les seules ressources propres de l’Etat ; le taux d’épargne étant inférieur au taux d’investissement".

Les sources de financement de la Tunisie sont diverses en l’occurrence : les pays donateurs, les bailleurs de fonds ou institutions financières et le marché mondial des capitaux, explique-t-il. S’agissant de l’annonce faite par le gouverneur de la Banque centrale le 21 janvier dernier, quelques jours après la révolution, de consacrer 580 millions d’euros pour le remboursement de la dette, Mohamed Salah Souilem indique que "la Tunisie qui a toujours honoré ses engagements, et n’a jamais fait défaut,  se devait de préserver sa crédibilité et de prouver sa solvabilité". Il rappelle que "les pays qui ont demandé le rééchelonnement ou l’annulation de leurs dettes ont beaucoup souffert en termes d’image, et personne n’a accepté, a posteriori, de leur prêter de l’argent".
 
"La Tunisie qui a fait une révolution ne peut pas continuer selon la même politique d’endettement", assène Fethi Chamkhi. "On a toujours dit que la Tunisie a un déficit structurel qui ne peut être comblé que par l'endettement, or la dette a-t-elle permis de favoriser la croissance dans le pays", s’interroge-t-il. "Le peuple tunisien qui vit aujourd’hui des circonstances exceptionnelles se doit d’exiger un moratoire du remboursement de la dette extérieure et un audit, pour voir comment ces financements ont été utilisés pendant 23 ans de dictature et d’opacité", appelle-t-il.

La Tunisie démocratique aura 8% de croissance
Abderrazek Zouari reconnait la nécessité de changer de politique économique, affirmant qu’avec la bonne gouvernance et la démocratie, la Tunisie sera capable de réaliser 8 % de taux de croissance. Le ministre vise l’avenir et convient que 2011 est une année perdue pour la Tunisie avec 0 à 1 % du taux de croissance, c’est là, "le coût de la révolution", dit-il. A ses yeux, "en honorant ses engagements, la Tunisie gagnera la confiance du monde et des agences de notation. Même si les agences de notation ont baissé la note de la Tunisie, cette baisse permet toujours à la Tunisie de contracter des crédits", laisse-t-il entendre. 

Le débat à ouvrir, à l’heure qu’il est, doit porter sur la gouvernance, l’impact et la gestion de la dette. La Tunisie a besoin de s’endetter, la question est commet gérer cette dette, quelle gouvernance, où est-ce qu’on va l’utiliser, etc, se demande le ministre.

Fethi  Chamkhi appelle à tirer les enseignements du passé et des expériences vécues par la Tunisie. Il fait savoir qu’en 23 ans, la Tunisie a remboursé les bailleurs de fonds 7 milliards de dinars de plus qu’elle n’en a emprunté. C'est-à-dire que cette Tunisie pauvre a financé les riches créanciers du Nord.  

Tout en étant opposés à une décision unilatérale de la Tunisie d’annuler le paiement de sa dette, Abderrazek Zouari et Mohamed Ali Souilem disent applaudir une telle décision, si elle émane des bailleurs de fonds et  des pays donateurs. La campagne internationale menée par l’association Raid Attac va dans ce sens. Son porte-parole souligne que la pétition lancée par son association a recueilli 80 signatures des  parlementaires européens, allemands, français et belges…et tous ont demandé à la commission européenne de procéder à un audit de la dette tunisienne et ont plaidé pour son allégement.

Le rôle de la société civile est très important et positif, selon Abderrazek Zouari, qui met l’accent sur le rôle des investissements pour permettre à la Tunisie de rembourser sa dette et de réduire son déséquilibre régional. Pour ce faire, il faut développer le secteur exportateur, afin que l’on arrive à exporter plus qu’on importe. Le 12 juillet, une réunion aura lieu avec les ministres des Finances des pays donateurs. Et la Tunisie va présenter des projets à cette réunion, lesquels seront connus du public et feront l’objet d’un débat. Il s’agit de voir la manière dont seront utilisés les fonds que la Tunisie a demandés au sommet du G8, fait savoir le ministre.

"La Tunisie a toujours été un bon élève des bailleurs de fonds, la question posée maintenant est celle de sa souveraineté", conclut Fathi Chamkhi. "C’est  le peuple tunisien souverain qui doit avoir la latitude de décider des choix économiques à mettre en œuvre".   

H.J.


 

Commentaires 

 
#4 Encore et toujours...
Ecrit par Lamia     17-06-2011 02:15
Vraiment on n'avance pas!
Mr ZOUARI se moque du monde en décrétant que la démocratie va donner 8% de croissance quand la crise mondiale sévit encore et toujours.
La baisse de la note de la Tunisie (même si elle a payé rubis sur l'ongle en avril ce qui aurait du maintenir sa notation!!!) a été moins importante que celle de la Grèce, du Portugal, voire celle de l'Italie!!! Mais pour ces pays on cherche à tout prix à masquer la vérité et à leur sauver la mise et les EU et les USA font 2 poids 2 mesures en la matière!
La Tunisie n'a pas BESOIN de s'endetter! Mr ZOUARI choisit la facilité et l' "après moi le déluge"
La renégociation de la dette et l’annulation de la dette honteuse est une nécessité qui donnera à l'état un peu moins de souplesse que de nouveaux emprunts mais sera suffisante pour permettre de la relance de l'économie!
@virage: effectivement, ce qui a été demandé à la Tunisie ce sont des investissements touristiques alors que l'infrastructure du pays est déjà trés importante, que les hotels sont vides et que les touristes ne sont plus là!!! on marche sur la tête!
Toute mon admiration à Fathi Chamkhi pour la lutte qu'il mêne et que tous les tunisiens aimant leur pays doivent soutenir!
 
 
#3 Le Prix
Ecrit par virage     14-06-2011 15:17
Suivant de trés prés ce qu'a été dit durant le sommet du G8 , la promesse faite à notre pays d'octroie de credit est conditionnée par son utilisation dans le domaine TOURISTIQUE , or nos ambitions futures , consistent à s'occuper des régions défavorisés , par l'amelioration de ses infrastructures , s'occuper de notre agriculture dont les produits sont trés demandés en Europe & les USA. Je crois qu'on aura des longues discutions à ce sujet , et si ces bailleurs restent sur leurs positions , on va devoir compter sur nos propres moyens , on aura deux ou trois années difficiles puis on decollera , mais fallait il que ce peuple comprenne tout ces engeux , ça sera possible car on aura un conseil constitutionnel issu d'éléctions , donc valide pour choisir à notre place.
 
 
+1 #2 Prejudiciable !
Ecrit par Colin     14-06-2011 05:03
J'adore le jeu de mots qui change toute la donne -) Préjudiciable !!!!
 
 
+1 #1 @ H.J.
Ecrit par Haykel B.H.S.     13-06-2011 23:17
le titre n'est pas adéquat. il faudra préciser que vous parlez de "l'annulation unilatérale par la Tunisie de sa dette..."

Puis, ce titre ne résume pas l'article.. et PRIERE faites plus d'effort dans la rédaction des articles, vous parlez de dette extèrieure, et vous mettez en gras son annulation, mais nulle part vous ne parlez du montant de cette dette!

NDLR
Cet article est un résumé de ce qui a été dit lors de l'émission "le Lundi économique", vous pouvez l'écouter, en cliquant sur le lien, pour avoir de plus amples détails. Merci.
 
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