Un sommet arabe sans enjeu, à même de conforter le statu quo

Publié le Vendredi 13 Avril 2018 à 17:05
Un sommet arabe se tient dimanche à Dhahran, pour évaluer l’état de la oumma, et faire un tour d’horizon des conflits et guerres qui la déchirent. Les dirigeants arabes seront au chevet d’une région entrée depuis sept ans dans un processus d’autodestruction et de déclin, difficilement réversible. Pensant que la voie de salut passe par la chute des dictatures, et l’évincement de régimes despotiques, les peuples arabes ont vu leurs rêves pour un avenir meilleur, virer en cauchemar, et regrettent dès lors un passé récent, où ils vivaient, peut-être muselés et dans le besoin, mais dans la cohésion et la paix.

Les monarques et chefs d’Etat, pour certains parties prenantes des guerres régionales qu’ils financent et mènent sur le terrain, livreront leur position sur ce qu’il en est advenu de la région, les menaces qui la guettent, l’extrémisme et le terrorisme en prime, et appelleront de leurs vœux à activer et consolider les mécanismes de l’action arabe commune, pour la pacifier, et y instaurer sécurité et stabilité.

La région qui sera auscultée dimanche en Arabie Saoudite, est à plusieurs endroits, en guerre. Ce sont de larges étendues géographiques qui voient leurs villes et villages bombardés, des populations décimées, et déportées, des richesses dilapidées, et détournées...Syrie, Irak, Yémen, Libye…là bas, le quotidien est fait de spectacles macabres, de champs de ruines, et de morts qu’on dénombre, pleure et enterre. A l’origine de tous ces conflits, des dissensions ethniques, confessionnelles, et tribales, et des luttes pour le pouvoir, attisées par des forces régionales et internationales.

Pour les premières, l’objectif est de préserver ou d’étendre un leadership réel ou supposé. Pour les secondes, c’est une guerre d’influence entre puissances, pour d’abord, faire fonctionner les usines d’armement à plein régime, a fortiori dans cette période de récession économique, et ensuite redessiner la carte régionale, et étendre l’emprise sur des pays riches jusqu’aux entrailles, à la faveur de gisements gaziers et pétroliers, objet de convoitises des capitales occidentales. 

Cette énième rencontre au sommet ne sera pas d’un grand enjeu, sauf pour conforter le statu quo, et entériner les choix et décisions pris à Moscou et à Washington, là où se joue véritablement le sort de la région. Elle sera néanmoins l’occasion de discours, où la sempiternelle rhétorique de la condamnation, dénonciation et de consternation sera servie à profusion, tout autant que l’attachement à la fraternité interarabe, mue par les dénominateurs communs linguistiques, religieux, culturels et civilisationnels. L’on assistera de surcroît à un plaidoyer pour la consolidation de la coopération et de la concertation, notamment dans le domaine sécuritaire, pour faire face au fléau transfrontalier du terrorisme et de l’extrémisme violent.

Anticiper la teneur du sommet
Les Arabes réitéreront, selon toute vraisemblance, leur soutien à la cause palestinienne, fustigeront l’usage disproportionné de la force, par l’entité sioniste, contre les Palestiniens lors de la grande marche du retour, assureront le peuple palestinien de leur pleine solidarité afin qu’il recouvre ses droits légitimes et instaure son Etat indépendant à al-Quds-Est. Les souverains et présidents devront clamer leur désapprobation envers la décision de Donald Trump de considérer al-Quds (Jérusalem), comme capitale d’Israël et y transférer l’ambassade américaine.

Dans leur déclaration finale dont lecture sera donnée à l’issue des travaux, les participants au sommet prôneront, à coup sûr, une solution pacifique, procédant du dialogue et du consensus, entre les différents protagonistes en Libye.

Sur le Yémen, le pays hôte, l’Arabie saoudite, qui s’enlise dans une guerre destructrice et meurtrière, contre les Houthis, va tenter de rallier les arabes à une position plus ferme envers Téhéran qui les soutient. Sur la Syrie, où plusieurs pays arabes sont engagés dans la coalition occidentale contre Daesh, le sommet de dimanche va tenter de sauver les meubles, et appeler à ce que la tension actuelle entre la Maison Blanche et le Kremlin, soit désamorcée pour ne pas plonger le pays dans une guerre encore plus dévastatrice.

Il n’est pas exclu que le sommet voit des désaccords s’exprimer étant donné que les pays arabes sont partagés entre alliances et axes différents, alors que certains essayent de se réfugier dans la neutralité. La déclaration finale sera, néanmoins, autant que faire se peut consensuelle, comme l’ont été toutes les précédentes issues des sommets de la Ligue arabe.

Cette entité panarabe qui n’a jamais eu une véritable prise sur le cours des événements régionaux, et qui se réunit périodiquement pour afficher une unité de façade, alors que le destin de la région est scellé lors de réunions secrètes, là où on parle de big deal, de normalisation, de partage de richesses et de ressources énergétiques, de financement des guerres, et du prix à payer pour que tel ou tel dirigeant soit plébiscité par l’Occident.

Gnet

 

Commentaires 

 
-1 #1 La Oumma fil’ Gomma
Ecrit par Jah Rastafari     14-04-2018 12:59
...grace au génie Saoudien et grâce à ses acolytes
 
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