Turquie/ Putsch manqué : Une leçon de patriotisme et de maturité

Publié le Lundi 18 Juillet 2016 à 13:15
Coup d'état manqué en Turquie. On pensait que la Turquie avait rompu avec la tradition des coups d’Etat militaires, elle en a vécu plusieurs par le passé, mais voilà que le pays a connu une tentative de putsch sanglante, vendredi soir, suite à une mutinerie au sein de l’armée. Une armée politisée, qui n’est pas acquise au pouvoir en place. 

La Turquie, cet immense pays à cheval sur deux continents, l’Europe et l’Asie, a failli basculer dans l’instabilité et le règne des militaires vendredi soir 15 juillet, mais le peuple en a voulu autrement, a courageusement fait échouer la tentative de putsch et a su sauvegarder son régime républicain, et ses institutions démocratiquement élues.

Cet épisode turc, ayant fait hélas plusieurs dizaines de victimes innocentes, montre à quel point un peuple peut-être véritablement maître de son destin. En répondant massivement à l’appel de leur président à sortir dans la rue et à investir les places publiques pour dire non au renversement du régime par la force, les Turcs ont affiché un attachement sans faille à la démocratie, à la liberté, et à la prospérité économique de leur pays. 

Qu’elle soit du côté du régime ou de l’opposition, la classe politique turque a-t-elle aussi montré une grande maturité, en exprimant un non quasi-unanime face aux putschistes.

Au-delà de la grande popularité de Recep Tayyip Erdogan en Turquie, les Turcs ont montré, à la manière dont ils ont réagi au coup de force d’une partie de l’armée, en parfaite symbiose entre les responsables politiques et le peuple, que lorsque l’intérêt du pays, sa stabilité politique et économique et sa démocratie sont en jeu, les clivages politiques et les considérations idéologiques et partisanes s’effacent et tout le monde se range derrière la patrie et le drapeau.

La tentative de putsch vendredi en Turquie devrait être condamnée par tous ceux qui croient aux principes républicains et démocratiques. Personne ne peut cautionner qu’un pouvoir légitime issu des urnes, puisse être renversé par les hélicoptères, les chars et les assassinats des membres de la classe dirigeante en place. C’est ce que les putschistes avaient planifié en Turquie. Outre le fait qu’ils se soient emparés de certains lieux souverains comme la TV nationale, les aéroports, et autres, l’un de leurs principaux objectifs était d’assassiner ou d’arrêter  les hauts responsables turcs, à leur tête Erdogan, à qui ils ont envoyé trois hélicoptères, avec 40 militaires à bord, alors qu’il était en vacances dans un hôtel à Marmaris. Mais, celui-ci a réussi à s’échapper 44 minutes avant leur arrivée, grâce à l’appel au numéro 2 de l’armée, qui l'a averti de la mutinerie et lui a conseillé de se rendre à Istanbul.

Les suites ont été rocambolesques, mais le président truc est parvenu à faire passer un message à traves son téléphone en accordant un entretien à une chaîne privée turque, qui a changé toute l’équation, et a réduit les chances des putschistes de prendre le contrôle de la situation. 

Les condamnations de cette tentative de coup d’Etat étaient tardives de part le monde, l’attentisme a prévalu, au nom du principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des pays, dont le monde dit libre fait usage à géométrie variable. Sauf que les Etats-Unis et l’union européenne n’hésitent pas à s’immiscer a posteriori dans les affaires intérieures de la Turquie, en appelant le gouvernement à respecter l’Etat de droit, et en le mettant en garde contre les dérives autoritaires. L’Occident semble s’émouvoir devant les milliers d’arrestations survenues en Turquie, au rang de la justice et de l’armée, de personnes soupçonnées d’être impliquées dans cette sédition, ainsi que devant l’éventualité non exclue par Erdogan de rétablir la peine de mort.

La Turquie n’est pas un pays d’Afrique ou d’Amérique Latine, comme l’avait dit vendredi soir son ancien président, Abdullah Gül ; c’est un pays démocratique,  et est une puissance économique montante, au point de susciter des jalousies en Occident. Elle se passerait bien d’une telle ingérence, et saura juger les responsables de cette haute trahison, dans des procès équitables, tel que le prévoit sa constitution, et comme l’exige les traditions de toute démocratie digne de ce nom.

Quand à Erdogan, c'est son bilan économique qui plaide pour lui, et toute controverse autour de sa pesonne ne peut occulter cet aspect.
H.J.

 

Commentaires 

 
+1 #3 a Assissi
Ecrit par Montygolikely     20-07-2016 13:42
Tiens, vous aussi vous avez remarqué la "dérive" du site en question ?
 
 
#2 @ Montygolikely
Ecrit par Assissi     19-07-2016 16:26
Estimez vous heureux de voir votre post publié. Ce site a pris depuis peu une position oh combien lugubre!
 
 
+1 #1 Ne vous leurrez pas
Ecrit par Montygolikely     19-07-2016 10:52
Quand vous écrivez : "L’Occident semble s’émouvoir devant les milliers d’arrestations ...." et que vous terminez la phrase par :..."ainsi que devant l’éventualité non exclue par Erdogan de rétablir la peine de mort", on dirait que vous cautionnez indirectement la volonté d'Erdogan de profiter de ce soi-disant coup d'état pour éradiquer l'opposition et museler définitivement l'armée, "étincelles" qui risquent de de faire exploser la Turquie et la plonger dans la terreur et le chaos.

Erdogan, par son despotisme de plus en plus affiché porte en lui le germe de ramener son pays à un pays d’Afrique ou d’Amérique Latine. Quand on sait qu'il y a la poudrière kurde à ses frontières et le chaos syrien au sud de son pays, on fait preuve d'un peu plus de prudence, on essaye de mettre le maximum de turcs de son coté et ne compromet pas les relations extérieure de la Turquie en se "refaisant copain copain" pour la circonstance avec Israël.
 
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