Tunisie/UGTT : Appel unanime au consensus pour sortir de l’ornière

Publié le Mardi 16 Octobre 2012 à 17:35
Congrès nationale du dialogue de l'UGTT (Photo présidence).Prévue à 9H30, l’ouverture du congrès a débuté avec une demi-heure de retard. Après l’hymne national, la parole a été donnée à Houcine Abassi.  Le  secrétaire général de l’UGTT s’est dit heureux et honoré, tout comme l’ensemble de membres du bureau exécutif de la centrale syndicale, d’accueillir les participants à l’initiative qu’il a qualifiée d’évènement historique : «C’est une première en Tunisie et nous espérons que ses conséquences soient à la hauteur de la révolution et des attentes du peuple ».

Abassi a ensuite demandé aux présents d’observer une minute de silence à la mémoire des victimes de la révolution. Juste après, il a tenu un assez long discours durant lequel il a déclaré que la Tunisie passe par une période délicate et par des moments décisifs pleins de défis internes et externes. La situation est devenue insupportable marquée par le recul des indicateurs économiques qui demeure un sérieux avertissement, a-t-il indiqué. Le secrétaire générale de la centrale syndicale considère que le processus démocratique est en danger et que les attentes du peuple sont menacées.

Abassi : "l’initiative de l’UGTT ne remplace pas l’autorité légitime"
Abassi a précisé que l’initiative de l’UGTT ne peut en cas remplacer l’autorité légitime en vigueur à qui reviennent toutes les décisions et que la centrale syndicale cherche uniquement à mettre fin aux tiraillements sans aucune intention politique : «Le recul alarmant du consensus qui existait entre les différents partis politiques et les composantes de la société civile sur la nature de la période transitoire nous a poussés à organiser ce congrès. Les divergences d’opinions autour de plusieurs sujets commencent à menacer sérieusement la stabilité du pays et la sécurité des citoyens. La Tunisie a vraiment besoin d’un effort collectif pour sortir de cette crise et il faut que cette initiative soit à la hauteur des attentes du peuple ».
Deux des trois partis formant la Troika, à savoir, Ennahdha et le CPR, ont refusé de prendre part au congrès. Une décision que regrette Abassi : «J’aurais aimé qu’Ennahdha  et le CPR participent à cet évènement et que la Troïka annonce ses propositions au cours du dialogue. Nous soutenons leurs idées à propos du régime politique mixte, de l’instance indépendante des élections et  l’activation des Décret-loi n° 115 et 116 relatifs aux médias. Je trouve qu'elles s’adaptent à la vision de tous les partis ».

Marzouki : Appel à "être au chevet de la Tunisie qui souffre"
  «Nous voulons tous prendre nos responsabilités pour faire réussir la révolution …ce qui nous réjouit est que nous voyons à l’horizon les premières lueurs du consensus, qui garantit aux Tunisiens leurs libertés…Je vous appelle à élaborer votre proposition qui sera présentée à l’assemblée constituante qui détient le pouvoir légitime et originel et à nous unir tous ensemble autour de la  même table à la date du 18 octobre» a déclaré Moncef Marzouki, lors de son intervention à l’ouverture du congrès de l’UGTT.  «  La constitution et les élections et les consensus politiques,  ne sont pas un but en soi. Ils  sont des outils pour servir les intérêts du peuple  et de répondre à ses besoins en développement, en santé et en culture ». Il appelle toutes les parties à être au chevet de la Tunisie qui souffre «Je vous appelle à vous unir et non pas vous désunir, à simplifier les choses et à accélérer le pas …je suis sûr que vous répondrez à ce cri »,  a-t-il fini.

Ben Jâafar : "Pour un plus large consensus"
« Nous nous réunissons aujourd’hui, pour trouver un consensus qui n’annule pas les spécificités de chaque parti, et nous avions espéré que tout le monde soit présent car le consensus passe par certaines concessions dans le but d’arriver aux élections ».
Mustapha ben Jafaar a appelé au dialogue pour lutter contre la violence et pour protéger la révolution « Nous appuyons l’initiative de l’UGTT et nous croyons en son rôle historique de lutte acharnée contre l’injustice, et nous croyons en son impartialité…ce congrès donnera sans doute naissance à plusieurs propositions enrichissantes », a-t-il dit.

«Vous avez  sans doute suivi les travaux des commissions constitutives depuis le mois de février, et nous avons présenté la première mouture de la constitution à l’opinion publique avant les vacances.  Il y a eu des remous et plusieurs réactions surtout à propos des  sujets en rapport avec les droits et les libertés et cela a été une expérience pédagogique…Après cela nous sommes arrivés à trouver un régime politique qui convienne à tous, qui garantisse la bonne marche des trois pouvoirs, et en garantit la séparation.

L’ANC veille à être à la hauteur de la confiance des Tunisiens, pour mettre en place une constitution qui garantisse un régime républicain assurant  l’avenir politique du pays, la liberté de culte, la liberté d’expression, avec l’égalité entre les citoyens.  Ce qui est demandé aujourd’hui est de mettre en place un agenda clair pour les prochaines élections, avec l’instauration des instances des médias et de la justice».

Mustapha ben Jaâfar dit refuser que l’on doute de la légitimité de l’ANC et que le seul but est de trouver un plus large consensus qui n’annule en rien la légitimité de l’ANC.

Jebali : "le gouvernement approuve l’initiative de l’UGTT"

De son côté, le chef du gouvernement, Hamadi Jebali, a exprimé son soutien à l'initiative de l'UGTT : "Le gouvernement a approuvé l'initiative et appelé tout le monde à participer au dialogue". « Grâce à la révolution, le peuple tunisien a été libéré et a eu des élections transparentes pour la première fois, mais qu'il est aujourd'hui nécessaire de trouver un consensus sur la future constitution, la date des prochaines élections, la nature du régime politique, l'instance provisoire des magistrats, l'instance indépendante des médias et l'instance indépendante des élections, a-t-il indiqué. Hamadi Jebali a aussi fait savoir que ce consensus concernera le calendrier des prochaines échéances et que des propositions seront soumises à l'ANC afin d'être débattues par les constituants "Cela servira à mettre ces derniers devant leurs responsabilités et les poussera à accomplir leurs tâches plus rapidement".

Tabib : "Fermer la porte à la dictature"
Le bâtonnier du Conseil de l'ordre des avocats, Chaouki Tabib, s'est montré inquiet car selon lui, il y a une absence de dialogue entre les rivaux politiques qui se contentent d’échanger les accusations au lieu de s'unir pour le bien du pays. Il a exprimé ensuite son soutien et celui de tous les avocats à l'initiative de l'UGTT et souhaité que le processus soit rectifié afin de remettre le pays sur les rails et fermer la porte devant la dictature. Il a clôturé son intervention par rappeler que sur 100 pays qui ont eu une révolution, 20 seulement ont réussi leur processus démocratique : « J’espère que la Tunisie sera le 21ème pays à réussir ».

Bouchamaoui : "Besoin de visibilité et de stabilité"

« L’UTICA sera toujours disposée à dialoguer pour le bien de la patrie et fournir les efforts nécessaires pour le bien de l’économie. Le consensus est la seule voie pour le bien du peuple ; a-t-elle dit, en ajoutant : «  nous sommes dans le milieu des affaires, et nous pensons avoir le plus besoin de visibilité et de stabilité. Notre situation sociale et économique actuelle est difficile, il devient urgent de mettre en place une feuille de route politique qui convienne à tout le monde, à l’image de la Tunisie, à la fois ouverte et ancrée dans son histoire et ses traditions ».

Mestiri : "Sortir le pays de la zone de turbulences"
L'ancien ministre, Ahmed Mestiri a déclaré qu’à part les gros problèmes socio-économiques qui menacent le pays, le mode de vie et la liberté du citoyen tunisien sont en danger : « L’identité et le mode de vie du tunisien sont en danger.  Il ne faut pas que la révolution ouvre la porte à n’importe qui ! ».
Le fondateur du MDS a insisté sur l’importance du dialogue qui aura lieu pendant le congrès afin de trouver des solutions efficaces pour sortir le pays de la zone de turbulences dans les plus brefs délais « pour que les historiens ne disent pas que la révolution tunisienne a échoué. Pour cela, l’économie et la sécurité sont indispensables ».
 
Ben Moussa : "Pour un conseil national de dialogue"
« La légitimité électorale est importante dans cette période, mais elle doit s’associer à une légitimité consensuelle, car la démocratie veut que l’on s’accorde tous, autorités et peuple, pour bâtir l’avenir des générations futures. Ce ne sont pas les régimes qui protègent les libertés, mais c’est la société civile. Cette initiative n’est pas une simple réunion pour décider de la date des élections, c’est la haute instance des élections qui doit en décider. (…). Il convient également de dialoguer autour des libertés personnelles, et des droits humains. C’est pourquoi il faut se mettre d’accord autour d’une Instance indépendante de la Justice », dit-il, avant d’appeler les autorités  à activer les décrets-lois 115 et 116 pour la liberté de la presse. «Il faut que nous mettions en place un pacte social, il faut pour cela créer un conseil national du dialogue, dans le but de bâtir un pays fort et stable », dit-il.
Compte rendu de : Anis Ben Othman et Chiraz Kefi