Tunisie/Tourisme : La plaisance, un produit et une industrie sous exploités

Publié le Jeudi 23 Février 2017 à 14:56
Le tourisme tunisien souffre encore des séquelles des attentats survenus lors des dernières années. Le secteur, qui a du mal à diversifier l’offre et attirer des touristes dépensiers, peut compter sur la plaisance, qui peut générer des recettes nettement plus importantes, à condition de réduire les obstacles d'ordre administratif.

L’Observatoire du Tourisme a organisé, ce jeudi, une table ronde en prévision de la cinquième édition du Salon de la plaisance, des activités nautiques et de l’économie de la mer (Boat Show) qui aura lieu du 5 au 8 avril 2017 au parc des expositions du Kram.

Plusieurs professionnels du métier ont étalé les perspectives de développement de la plaisance en Tunisie. Identifiée comme un créneau « porteur » aussi bien dans son aspect touristique qu’industriel, la plaisance souffre néanmoins d’une législation « décourageante », soulignent-ils. Pourtant, avec sept ports de plaisance, la Tunisie dispose de plusieurs atouts afin de devenir une destination privilégiée pour les plaisanciers.

Mais, les choses ne sont pas simples. Les statistiques montrent que malgré les 1300 kilomètres de côtes, la Tunisie séduit « peu » les plaisanciers.  En effet, seulement 1% des bateaux qui sillonnent la méditerranée jettent leurs ancres sur les côtes de la Tunisie. Pourquoi ? : « Alors que pour accéder à un port en Europe, le plaisancier a besoin d’environ une minute, en Tunisie, les temps sont extrêmement longs et les procédures décourageantes. C'est frustrant parce que nous avons les arguments pour séduire une clientèle dépensière qui peut laisser derrière elle des montants importants, en très peu de temps », expliquent les professionnels du métier.

Afin de booster cette activité, la Tunisie se prépare pour abriter la cinquième édition du salon Boat Show. Ce rendez-vous sera une occasion d’échanges entre les acteurs de la filière nautique d’une part et les professionnels et amateurs de la plaisance de l’autre. Ce sera l’occasion de voir de près les nouveautés des services de l‘industrie de la mer, des croisières ou encore des activités nautiques. Il est important de souligner que cette industrie pèse environ 70 millions de dinars par an. Un chiffre appelé à augmenter dans les années à venir. Mais, le Salon n’est pas suffisant : « Il faut bien plus de coopération de l’administration. Il y a trop d’obstacles. Il faut considérer la plaisance comme une industrie exportatrice et de lui accorder plusieurs avantages. C'est un produit qui aide beaucoup le tourisme tunisien qui a du mal à se diversifier ».

Boat Show 2017 rassemblera des industriels des équipements nautiques. Mais pas tous. En effet, certains d’entre eux, qui étaient présents lors de la dernière édition organisée en 2015, ont décidé de faire l’impasse sur celle de 2017. Sans vouloir divulguer leurs noms, ils nous ont confié que ce salon est plus orienté vers le tourisme que pour promouvoir l’industrie des équipements nautiques. Ils dénoncent aussi les prix jugés « excessivement chers » des stands et soulignent que les profils des visiteurs ne sont pas compatibles avec leur activité. Ils affirment même que la qualité des produits exposés n’est pas à la hauteur : « Lors de la dernière édition, certains ont participé avec des bateaux d’occasion. Ceci a renvoyé une image négative sur l’événement et a eu un impact immédiat sur la qualité des visiteurs », ont-ils regretté.

Gnet