Tunisie/Tourisme : La nécessaire remise à plat

Publié le Lundi 09 Août 2010 à 22:33
Consultation régionale sur le tourisme.L’étude stratégique du secteur touristique à l’horizon 2016, présentée ce matin (lundi) à Tunis lors d’une consultation régionale qui lui est consacrée,  a dégagé  un plan d’action opérationnel (2010 -2016), qui se décline en  cinq axes stratégiques, 20 actions prioritaires, et 160 mesures.

Cette étude stratégique se justifie amplement vu l’urgence qu’il y a à réformer profondément un secteur qui souffre de nombreux dysfonctionnements. Le fait que les hôteliers répondent massivement à l’appel un 9 août, en pleine haute saison,  montre que le secteur a besoin urgemment de solutions, souligne Ahmed Smaoui, ancien ministre, et un expert chevronné du tourisme.

Cette étude s’impose d’autant plus que l’attractivité du produit touristique tunisien a baissé, vu la concurrence des destinations traditionnelles, mais aussi des nouvelles destinations, affirme Mohamed Belajouza, président de la Fédération tunisienne de l'hôtellerie.

Tout d’abord le diagnostic. L’étude stratégique a montré que le secteur bénéficie d’actifs solides et d’un savoir-faire très important, résume Habib Ammar, directeur Général de l'Office National du Tourisme Tunisien (ONTT). « Le secteur est basé sur un  produit monolithique balnéaire et saisonnier, une qualité de services hétérogène, une destination centrée sur les Tours opérateurs, 66 % des touristes français et 80 % des touristes allemands viennent en Tunisie à travers les TO. La Tunisie souffre d’un écart, voire d’un déficit d’image par rapport à d’autres destinations, relève l’étude. Autant de retards qu’il faut combler, pour que le secteur puisse atteindre les objectifs fixés : améliorer la  rentabilité, en augmentant les recettes annuelles à 5 milliards de dinars, atteindre 10 millions de touristes à la fin du prochain quinquennat, et  doubler les nuitées hôtelières ».  

L’étude a dégagé  un plan d’action opérationnel (2010 -2016), qui s’articule autour de  cinq axes stratégiques, 20 actions prioritaires, et 160 mesures. Elle préconise la diversification et l’innovation de l’offre avec l’institution d’une charte qualité « Jasmin », la promotion de l’innovation, et la diversification des types d’hébergement touristique. Elle recommande une approche marketing par pays, via des campagnes de communication ciblées en fonction des marchés, la création d’une marque du tourisme tunisien en mettant l’accent sur les spécificités de chaque région, le développement de partenariats notamment avec les TO, et la construction d’ une nouvelle politique événementielle. L’étude appelle à une restructuration des finances du secteur. Elle a procédé à un état des lieux de la situation financière des hôtels, et a appelé à rétablir la santé financière des unités touristiques en difficulté. Elle a catégorisé les hôtels en trois types, les unités à difficultés financières légères, moyennes ou fortes. Pour les unités souffrant de difficultés moyennes, elle a appelé à un plan de recapitalisation et de restructuration. Pour les hôtels en fortes difficultés, l’étude recommande de sortir le gestionnaire défaillant et de faire intervenir des promoteurs immobiliers pour la conversion des actifs de l’hôtel.  L’étude appelle à étudier des sources de financement complémentaires, de convertir la dette bancaire en emprunt obligataire, de créer une taxe de séjour, ainsi qu’une taxe supplémentaire sur l’ensemble des acteurs du secteur.
Le cadre institutionnel n’est pas en reste. Il doit être revu et corrigé, ce qui requiert une réorganisation du ministère du Tourisme et un recentrage de l’ONTT sur son cœur de métier.

L’étude prône un tourisme web compatible, à travers l’amélioration de la visibilité de la destination Tunisie sur Internet, a fortiori que les TIC constituent désormais un pilier principal du secteur et qu’une grande partie des réservations se fait sur Internet. L’étude fait valoir son caractère pragmatique, et suggère de commencer par des quick wins (succès rapides), soit des mesures qui sont faciles à concrétiser.
Une cellule sera créée au sein du cabinet du ministre du Tourisme, une espèce d’UGP (Unité de gestion de projet)  pour veiller à la bonne exécution des résultats de cette étude sur six ans, annonce Habib Ammar.

L'hôtelier Mourad M'henni intervenant au débat.Cette étude n’est pas la première sur le tourisme tunisien. Deux autres l’avaient précédée. L’étude de la Banque mondiale, et celle de l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA), fait remarquer Mourad M'henni, hôtelier, qui s’interroge sur la partie qui va appliquer cette étude, et l’autorité qu’elle aura, « étant entendu que cette étude comprend un programme ambitieux qui nécessite de l’autorité ». Il a émis des réserves sur les mesures préconisées en matière de restructuration financière des unités hôtelières, notamment  sur la possibilité d’enlever son bien à un hôtelier en difficulté. «Spolier un hôtelier qui a mis tant d’efforts et d’énergie pour maintenir son hôtel, pendant quarante ans,  pour construire des appartements et des immeubles mènera à des suicides et à des catastrophes » prévient-t-il en substance, en appelant les autorités à ne pas avoir ça sur la conscience. Pour Belgacem Ouechtati, président de la commission d’animation touristique, et représentant de la région du Nord-ouest, on parle beaucoup du tourisme balnéaire, sans se soucier du tourisme lié à la nature et à la montagne. Il a mis l’accent sur l’absence de formation dans certaines activités, comme celle de la plongée où on est obligé de faire appel à des moniteurs européens.

Pour Ahmed Smaoui, le secteur touristique traverse, depuis 2001,  une crise avec des hauts et des bas, nous avons résisté mieux que d’autres à la crise, mais nous avons tiré profit moins bien que d’autres destinations ». Et de poursuivre : « Alors que nous stagnons, voire reculons, d’autres destinations sont en train de progresser, sur les marchés de l’Europe de l’ouest. Cela fait 10 à 15 ans que nous répétons que nous avons un problème de produit, et que celui-ci est monolithique.  

Après la création de cinq ports de plaisance, sommes-nous devenus une destination de plaisance ?  La Tunisie forte de 3 mille ans d’histoire a-t-elle réussi à promouvoir le tourisme culturel ?" S’interroge-t-il, faisant remarquer que la fréquentation de nos musées est en régression constante.

Et de poursuivre : « Sur les 220 mille lits en Tunisie, 80 à 100 mille lits ne sont pas adéquats aux besoins de la clientèle et méritent d’être repris. Il faut une réhabilitation de l’offre en adéquation avec la demande. Notre offre est strictement hôtelière, d’autres destinations autour de la Méditerranée sont en train de développer des offres de l’immobilier touristique. La Tunisie qui veut créer 70 mille nouveaux lits d’ici 2016 (à raison d’a peu près 12 mille lits par an) a encore des obstacles au niveau de la loi, des plans d’aménagement. Ahmed Smaoui  déplore le recul de l’image du tourisme dans le pays, « alors qu’on était précurseurs, bâtisseurs, on est devenu des loosers, des perdants qui n’ont pas de savoir-faire », estime-t-il en appelant à une inflexion et à une accélération de la politique touristique.  
H.J.





 

Commentaires 

 
#11 ...bit erraha
Ecrit par Naoufel     12-08-2010 11:03
A part les points et mises au points citées , j ajoute
....Excuser moi ,ca vole bas ce que je vais dire , mais c est un reproche que j entend souvent helas

Il nous est reproché un manque flangrant de toilettes en dehors des hotels s entend

Des toilettes privées dessiminées un peu partout avec service payant pourquoi pas , car ca demande de l entretien et du personnel
Cela va rehausser l image de notre tourisme;

Et liberer les visteurs comme les nationaux de ce soucis

N appelle t on pas cela en arabe "bit erraha" ?? ou est la "raha" ??
 
 
#10 RE: Tunisie/Tourisme : La nécessaire remise à plat
Ecrit par Ojja     11-08-2010 13:39
Messieurs, pourquoi ne pas appeller les choses par leurs noms? Le service hotelier tunisinen est mediocre, on a l impression que ces des gars Pris en urgence d un café pour bosser un apres midi, haine, arrogance, toujours a la recherche de confidentialite!!!! La gastronomie e quasie nulle. Apres tant d experience j ai decouvert un palace vers hammamet nord, eh bien felicitations c l unique et je precise c l unique competence classe discretion .....tres bonne bouffe digne de ce nom "palace". J y retourne volentier mais seulement ici. Voila ce don a besoin un touriste proprete, bonne bouffe, et surtout ne pas etre agresser par ces voyous. Je souhaite au tourisme tunisinen un prompt retablissement. Denoncer toujours aux directeurs les abus de ces subordonnes.
 
 
#9 réponse à wkf2284
Ecrit par Tarak KLAA     11-08-2010 12:54
Il ne faut pas prendre les exemples les plus extrêmes et les généraliser , même si bien sûr la qualité du service et de la formation du personnel doivent être un souci constant.
Il n'empêche qu'il faut aussi se préoccuper du reste , et je maintiens que l'effort le plus important à faire est dans la réorganisation du transport aérien , sans que cela coûte forcément les yeux de la tête , comme vous semblez le suggérer.
Je rappelle quand-même que malgré l'absence totale de liaisons directes avec l'Amérique du Nord et d'action promotionnelle d'envergure , 30000 touristes de cette région du Monde visitent notre pays annuellement.
Et je ne parle pas des Tunisiens de plus en plus nombreux à visiter ces pays ou à s'y installer.
De toute façon Tunisair a déjà commandé des longs-courriers , et je lui suggère en attendant leur réception de louer plusieurs avions de ce type et de mettre en place sans attendre un réseau de lignes longs-courriers , et il faut permettre à des compagnies étrangères de desservir notre pays.
Il faut d'ailleurs mettre à profit la mise en service du nouvel aéroport ultra-moderne d'Enfidha pour mettre en place ce genre de lignes.
Je pense d'ailleurs qu'il aurait fallu le baptiser HAMMAMET-ENFIDHA-ZINE EL ABIDINE BEN ALI , compte-tenu de la proximité avec cette ville balnéaire au prestige mondial.
Sans oublier la mise en place de l'OPEN SKY y compris et surtout sur les lignes moyens-courriers.
 
 
#8 Le fond? Le personnel
Ecrit par wkf2284     10-08-2010 15:58
N'importe quoi!! Première urgence pour le tourisme tunisien est la qualité du personnel touristique!
Des tenus de serveurs sales, un language plein de violence et peu agréable, une discipline inexistane, l'absence de badges, des bandits comme animateurs...
Avant de dépenser sans compter, réglons les choses simples!! Chaque unité doit obligatoirement assurer une formation et un suivi de son personnel!!
Lorsqu'ils sont accueillis par un personnel et des animateurs professionnels, agréables tant dans la tenue que dans le langage, ils oublientt souvent certaines petites imperfections qui peuvent se corriger ultérieurment.
 
 
#7 ARRETONS DE DENIGRER NOTRE PAYS
Ecrit par Tarak KLAA     10-08-2010 15:41
La Tunisie reste une destination touristique de premier ordre et s'il y a des lacunes elles ne sont pas si terribles que cela et en tous cas faciles à corriger.
La qualité de service , même si elle est inégale selon les établissements , est dans l'ensemble tout à fait correcte et ne constitue pas le sujet de préoccupation prioritaire.
J'en veux pour preuves les commentaires de ces dizaines de français que j'ai l'occasion de croiser chaque année et qui reviennent le plus souvent émerveillés après des vacances passées dans notre pays.
Il ne faut pas oublier non plus que la Tunisie , contrairement à ses concurrents , ne comptabilise pas dans ses statistiques ses ressortissants résidant à l'étranger ni même les croisiéristes ce qui fosse les données , du coup il s'avère que notre pays reçoit non pas 7 millions de touristes mais beauoup plus.
Ce qui m'inquiète le plus en revanche ce sont les commentaires incendiaires que font la plupart de ceux qui réagissent à vos articles et à ceux d'autres sites concurrents , qui veulent faire de leur pays Tunisie l'un des pays les plus arriérés au Monde en l'enfonçant plus bas que terre tout en minimisant ses acquis et en éxagérant systématiquement la moindre lacune , se bombardant spécialistes dans un domaine où la plupart du temps ils ne connaissent rien , avec la volonté ,tout en prétendant défendre leur pays , d'en donner la plus mauvaise image possible.
Pour en revenir au vif du sujet ,s'il y a un domaine où il y a des efforts à faire c'est dans celui de l'offre en matière de transport aérien.
Nos aéroports traitent annuellement un nombre de passagers supérieur à la population du pays et le placent en 4è position à l'échelle africaine, derrière l'Afrique du Sud , l'Egypte et le Maroc , qui si l'on tient compte de leurs dimensions et de leurs potentiels réels font en fin de compte moins bien.
On oublie un peu vite que ces pays ont beaucoup progressé ces dernières années , simplement parce qu'après avoir très longtemps négligé leur potentiel touristique ils ont décidé un beau jour de l'exploiter à fond .cela leur a permis de gagner des parts de marché ,ce qui n'est que justice.
Néanmoins la Tunisie peut faire encore beaucoup mieux que ses résultats actuels et son potentiel est loin d'être épuisé.
Alors que de plus en plus de voyageurs privilégient les destinations desservies par les compagnies low-cost qui permettent de voyager sur des vols réguliers à des tarifs charters , avec des vols imprimés noir sur blanc , reliant un maximum de villes entre elles en amont et en aval , et avec des fréquences suffisantes même en basse saison et hors week-end , la Tunisie en est restée au "tout-charter" ou peu s'en faut , c'est à dire des horaires imposés avec beaucoup de vols certains jours , et rien ou quasiment rien le reste du temps alors qu'avec une offre mieux étalée on pourrait facilement accroître la demande.
Même en plein été , vous avez souvent sur un axe donné , 10 , 20 liaisons un jour et plus rien le reste de la semaine , ce n'est pas sérieux.
Comme je l'ai déjà dit sur votre site récemment tous les pays qui ont instauré l'open-sky , ont vu leur trafic augmenter de manière vertigineuse , grâce aux compagnies low-cost , et tous les transporteurs en ont profité .
Pour moi la solution intelligente serait de combiner et de développer simultanément charters et low-cost car en fin de compte les deux se complètent parfaitement.
Il faut également plus s'intéresser à des marchés immenses comme les USA le Japon ou la Chine et instaurer des liaisons directes avec ces pays.
Presque tous les pays arabes et africains , souvent beaucoup plus pauvres et moins touristiques , disposent de liaisons longs-courriers sauf la Tunisie , pourquoi ?
La Tunisie avec ses atouts , ses infrastructures , son histoire
,son patrimoine , ses richesses culturelles , archéologiques , culinaires et artisanales , est en mesure de satisfaire n'importe quel touriste , d'où qu'il vienne et quelles que soient ses exigences.
C'est avant tout une question de volonté , de confiance en nos possibilités , et de redéploiement des moyens existants et donc disponibles immédiatement.
 
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