Tentative d’assassinat : Les politiques réagissent, l’énigme demeure

Publié le Jeudi 08 Octobre 2015 à 17:20
Ridha CharfeddineLa tentative d’assassinat du député de l’ARP, et président de l’étoile sportive du Sahel, pharmacien de profession, Ridha Charfeddine, survenue ce jeudi 08 octobre, à Sousse, confirme le virage dangereux qu’a pris la Tunisie, manifestement cible des réseaux de la mafia et du terrorisme. Encore un acte criminel qui intervient en plein jour, et qui accentue l’inquiétude et la peur des Tunisiens.

Qui a voulu l’abattre ? On n’en sait rien, tout le monde se perd dans les hypothèses, et les conjectures sans fin…ce malheureux événement  s’ajoute à l’histoire énigmatique du fléau terroriste, et du crime organisé dans notre pays. On ne comprend rien, on n’y peut rien, mais on est rongé par le doute, et par les interrogations auxquelles personne n’est en mesure de donner des réponses.

Cette tentative d’assassinat a suscité une large vague d’indignation dans le milieu politique et civil, dont voici quelques réactions exprimées dans les médias et les réseaux sociaux.

Mohsen Marzouk, SG de Nidaa Tounes
Terrorisme et corruption

Il a déclaré sur Mosaïque que cette tentative d’assassinat a été planifiée et qu’il y a des tueurs préparés auxquels on fait appel à n’importe quel moment, appelant à se préparer à faire face à ce réseau.

Il a considéré ce qui s’est passé aujourd’hui, comme "un terrorisme organisé et criminel". "Le terroriste n’est pas uniquement celui qui a une barbe", a-t-il dit, ajoutant que "le terrorisme et la corruption sont les deux faces d’une même pièce de monnaie".

"On ne vaincra le terrorisme qu’à travers notre victoire face aux réseaux de corruption, qui tirent profit de la faiblesse de l’Etat. L’avenir proche montrera le lien entre les deux".

Il a ajouté que cette tentative ayant visé l’un des membres du parti, n’atteindra pas la détermination de ses membres, évoquant "une guerre de longue haleine". 

Hassine Abassi, Secrétaire Général de l’UGTT
"Manquement sécuritaire"

Il a pointé une tragédie qui se répète appelant à rattraper le manquement sécuritaire.

Intervenu sur Shems, Abassi a exprimé sa totale solidarité avec Ridha Charfeddine.

"Plusieurs points d’interrogation sont posés sur la récurrence des opérations terroristes dans la même région", a-t-il dit, ajoutant que "si les auteurs de ces opérations ne sont pas arrêtées, et l’énigme n’est pas élucidée, cela dénote d’échecs sécuritaires".

Il a imputé la tentative d’assassinat de Charfeddine à "un manquement sécuritaire" qu’il faut rattraper, appelant à éviter les failles et les infiltrations.

Hamma Hammami,
porte-parole du Front populaire
Situation ambiguë
Le porte-parole du Front populaire, Hamma Hammami, a déclaré que la tentative d’assassinat confirmait les craintes du FP exprimées récemment lors de son conseil de secrétaires.

"La situation revêt aujourd’hui beaucoup d’ambiguïté, en l’absence de toute volonté politique, et d’audace suffisante pour faire face au terrorisme".

Il a critiqué, dans une déclaration aux médias, l’absence de volonté politique auprès de la coalition au pouvoir, pour faire face au terrorisme.

Hamadi Jebali, ancien chef du gouvernement, et leader démissionnaire d’Ennahdha
"Nous sommes tous visés"

Les tentatives de la mafia de la perversion et de la terreur ont entraîné notre pays dans une nouvelle spirale de violence et d’assassinats ininterrompue. La tentative d’assassinat survenue ce matin est un autre épisode pour annihiler les piliers de l’Etat et produire une dictature, écrit-il sur sa page Facebook.

"Nous sommes tous visés, élites et peuple, nous devons faire face, ensemble, sans hésitation ni calculs, à ce danger réel pour protéger notre terre, les acquis de notre révolution et notre constitution".

"La Tunisie ne reviendra pas en arrière", souligne-t-il.

Adnen Manser, ancien porte-parole de la présidence, et Directeur de Campagne de Moncef Marzouki
Conflit des mafias
Il considère que le pays est menacé par le conflit des mafias, les dégâts que celles-ci peuvent provoquer sont sans limites.

"Nous avons œuvré (auparavant) pour un jeune Etat démocratique, et voilà que le pays se transforme, en l’espace de dix mois, en un théâtre d’un conflit de succession sanglant, où sont présents l’argent et les influences du frère destructeur".

"Parallèlement, nombreux regardent encore à travers le creux de leur narcissisme étriqué, et ne voient dans tout ce qui se passe que des conflits tactiques dans un contexte normal", écrit-il sur sa page Facebook. 

Manser appelle les patriotes à se rencontrer autour de la protection du pays, au lieu de continuer à se battre autour de celui qui se trouvera au premier rang des manifestations affligeantes.

Abdelkarim Harouni, membre du bureau exécutif d’Ennahdha
Les dessous de cette opération terroriste ?
"Cette tentative d’assassinat a secoué la Tunisie dans toutes ses composantes. Elle est dirigée contre les institutions, les partis, le peuple tunisien et les hommes d’affaires", a-t-il déclaré selon le site officiel du mouvement.

Harouni a rendu visite au bureau de Charfeddine pour lui exprimer le soutien d'Ennahdha.

Il a exprimé sa "confiance dans les dispositifs sécuritaires en Tunisie, qui sont capables d’élucider ces crimes et de révéler la vérité".

"Le mouvement condamne le terrorisme et est attaché à la révélation des dessous de cette opération terroriste", a-t-il affirmé
Gnet