Tunisie/Tataouine : Escalade, accusations, et pouvoir en alerte pour apaiser el-Kamour !

Publié le Lundi 22 Mai 2017 à 17:49
Heurts à Tataouine. L’Union régionale du travail de Tataouine fait assumer au gouvernement la totale responsabilité de la tension dans la région, après l’usage de la force pour lever un sit-in pacifique à el-Kamour. L’Union régionale appelle ce lundi 22 Mai, le gouvernement, au dialogue avec les jeunes protestataires, qui réclament emploi et développement, à mettre un terme à l’usage de la force contre les contestataires et à donner une chance à la négociation pour parvenir à des solutions à cette crise asphyxiante. L’URTT appelle les travailleurs du Sahara, dans les compagnies pétrolières et les sociétés de services, à observer un sit-in ce soir, en soutien aux enfants de la région.

La centrale syndicale avait mis en garde auparavant contre "l’escalade dans la région pétrolière" de Tataouine et Kebili, appelant les jeunes sit-inneurs "à ne pas se laisser entrainer derrière les appels visant l’affrontement avec l’armée, à l’éreinter et à bloquer la production".

Dans un communiqué paru à l’issue de la tenue de son bureau exécutif élargi hier, dimanche 21 Mai, l’UGTT considère que le gouvernement est tenu d’être présent sur le terrain, de poursuivre le dialogue avec les jeunes et de trouver "les solutions effectives et efficientes". La centrale syndicale fait assumer "à certaines parties qui cherchent à instrumentaliser les mouvements sociaux leur responsabilité, et les appellent à mettre la région et l’intérêt de la Tunisie à l’abri de tous les tiraillements et des agendas, et à contribuer, d’une manière positive, à chercher des solutions, au lieu de tenter de mettre à mal, et d’affaiblir l’Eta".

Le ministre de la formation professionnelle et de l’emploi, Imed Hammami, a accusé ce lundi 22 Mai, des parties d’être derrière ce qui se passe à Tataouine, dont celles qui ont commencé "une campagne électorale anticipée, des candidats à la présidence et des partis en faillite".

Dans un entretien avec Mosaïque, le ministre a déclaré que le gouvernement est tenu de répondre aux revendications, et protestations pacifiques, et de dialoguer pour parvenir à des solutions, "mais il n’en sera pas ainsi lorsque des agendas politiques et des intérêts contradictoires sont derrière ces protestations". Le cas échéant, ce sont la compétition politique et la justice  qui tranchent, a-t-il indiqué en substance, appelant à l’apaisement, ainsi qu’à la protection des sites de production et à ne pas en permettre l’arrêt. "Tous ceux qui enfreignent la loi seront traduits en justice", a-t-il prévenu.

Hammami  a par ailleurs révélé qu’une personne qui avait un contrat d’exploitation d’une société pétrolière auquel il a été mis fin, a octroyé 12 mille dinars aux contestataires, ainsi qu’une voiture 4 X 4, et les a incités en vue de mettre la main sur le contrat en question. "Nous le connaissons, et malgré tout ce qu’il a fait, il n’aura pas le contrat, et aura rendre des comptes le moment venu", a-t-il lancé. 

Il a ajouté que les contestataires d’el-Kamour qui ont fait irruption dans l’unité de pompage de pétrole, ont brandi des slogans appelant à la nationalisation, ont demandé 20 % des bénéfices de la compagnie, et l’un d’eux a hissé le drapeau de la Tunisie au dessus de la station de pompage, en vue de faire croire qu’elle n’est pas tunisienne. "Ce sont des appels suspects, derrière lesquels, il y a des agendas complexes et imbriqués", s’est-il élevé.

Il a affirmé que le gouvernement est au fait de ce qui passe à Tataouine. "Nous connaissons tous les protestataires par leurs noms, y compris celui qui a été renvoyé de ce mouvement et prétend aujourd’hui être le porte-parole des contestataires. Celui-ci a un casier judicaire. Il circule en voiture 4 X 4, parle au nom de la souveraineté nationale, et c’est lui qui a hissé le drapeau au dessus de la pompe", a-t-il dit.

La situation s’est détériorée ce lundi à el-Kamour, avec des heurts ayant opposé les contestataires qui voulaient faire irruption dans la station de pompage et les forces de sécurité intérieure, qui ont utilisé le gaz lacrymogène pour tenter de disperser les contestataires. Un manifestant a été tué "accidentellement", "écrasé par un véhicule de la garde nationale", selon les autorités.

D’après des informations médiatiques concordantes, les échauffourées auraient fait deux blessés graves et des asphyxies parmi les manifestants, et des blessés parmi les agents sécuritaires, ainsi que des dégâts matériels.

Des protestataires auraient fait irruption dans le districts de la garde nationale et de la sécurité nationale à la cité administrative de la ville de Tataouine, et des voitures de police auraient été brulées.

Ce faisant, la commission de la Sécurité et de la Défense a décidé ce lundi une réunion en urgence avec les ministres de la Défense nationale et de l’Intérieur, Farhat Horchani et Hédi Majdoub, au siège du ministère de la Défense pour examiner la situation à Tataouine, et les répercussions du Sit-in d’el-Kamour, comme l’a déclaré le président de la commission, Abdellatif Mekki, aux médias.

Le président de l’Assemblée, Mohamed Ennaceur, a, par ailleurs, tenu une réunion avec les présidents de commissions cet après-midi pour discuter la situation trouble au sud de la Tunisie, plus précisément à Tataouine. 

"Les évolutions du sit-in d’el-Kamour sont graves et ont jeté de leur ombre sur le travail de la commission", a souligné Mekki. "La commission ne pourra agir que sur la base de données précises de la part des deux ministres", a-t-il ajouté, faisant part de la suggestion de certains membres de la commission de se diriger à Tataouine, pour écouter toutes les parties et en savoir plus sur la situation qui y prévaut.

Gnet