Tunisie/Sidi Bouzid, non à un développement à deux vitesses

Publié le Lundi 20 Décembre 2010 à 18:05
La région de Sidi Bouzid a vécu le week-end dernier quelques remous, au lendemain de la tentative de suicide d’un jeune commerçant ambulant, diplômé de l’université, rapportent les agences de presse internationales.

Rongé par le désespoir, le jeune homme, âgé d'une vingtaine d'années, a tenté de s'immoler par le feu après s'être aspergé d'essence devant le siège du gouvernorat. Atteint de brûlures graves, il a été transporté à l'hôpital où il est "entre la vie et la mort". Un drame qui a mis cette ville du Centre-ouest de la Tunisie, à 265km de Tunis, dans l’émoi, et provoqué la colère de ses habitants, à en croire l'AP et Reuters.

Ce drame social regrettable pose encore une fois la problématique du développement régional en Tunisie, voire du modèle de développement dans son ensemble adopté depuis des décennies dans notre pays, qui a longtemps favorisé la capitale et les villes côtières aux dépens des régions de l’intérieur. Puisque, les efforts qui y sont consentis n’ont pas encore produit des résultats escomptés, et ces régions, notamment celles du Centre-ouest, sont encore dépourvues d’un tissu économique digne de ce nom, et souffrent d’un fort taux de chômage, dépassant de loin le taux national qui est aux alentours de 13.3%.

De nombreuses études menées, pour le compte du gouvernement, montrent le hiatus qui  ne cesse de se creuser entre les différentes régions de la Tunisie. La majeure partie des investissements et des projets est concentrée à Tunis et sur le littoral, là où il y a toutes les commodités et l’infrastructure de base, aux dépens des villes de l’intérieur dont les besoins en termes de développement socio-économique restent, grosso modo,  insatisfaits.

La décentralisation des universités, en ce sens que la majorité des régions sont d’ores et déjà dotées d’un établissement d’enseignement supérieur, n’a pas été accompagnée par une décentralisation au niveau des capitaux, et des projets.

Le Centre-ouest, dont Sidi Bouzid, qui reste le plus grand pourvoyeur de migrants pour le pays, est en train de se vider de ses jeunes, voire de ses forces vives qui préfèrent mettre le cap sur d’autres régions, du Centre-est notamment,  où ils estiment avoir plus de chances de trouver un  emploi et de construire un avenir, sans plus jamais revenir. Cette région connait un solde migratoire négatif de -36.9%, à en croire la dernière enquête de l’INS sur la population et l’habitat. Au cours du quinquennat 2004-2009, 45.2 mille personnes ont quitté le Centre-ouest, contre 8.3 mille qui s’y sont installées.

Eminemment agricole, la région demeure confrontée à un taux de chômage important, et ses jeunes ont toutes les peines du monde à intégrer  la vie active. Comment éviter que ces jeunes ne sombrent dans la désespérance. Et bien, il faut impérativement leur mettre le pied à l’étrier, et les doter des attributs d’une vie décente, génératrice d’équilibre et de paix sociale.

Il est temps de revoir en profondeur notre modèle de développement et le découpage administratif du pays, comme le préconisent instamment de nombreux économistes, au vu des disparités régionales qui vont grandissantes. Sidi Bouzid est une région agricole et d’élevage, un atout qui reste à préserver et à développer, selon une stratégie agricole viable à même de contribuer à la sécurité alimentaire de la région, et du pays. Mais, elle ne peut pas continuer à vivre de la seule agriculture. Il faut qu’elle soit dotée d’un tissu économique incluant les secteurs industriel et tertiaire. Il serait ainsi opportun d’y développer des unités d’industrie agro-alimentaires, ou autres usines qui soient adaptées à sa vocation et son positionnement géographique.

On entend toujours dire dans le discours officiel, que des réseaux routiers et autoroutiers seront érigés dans les coins et recoins de la Tunisie, pour désenclaver les régions de l’Intérieur, dont celles du Centre-Ouest, et les arrimer à la locomotive de développement intégral. Sauf que ces régions ont des préoccupations immédiates qui méritent des réponses urgentes. Il ne s’agit pas de planifier des projets à l’horizon de 2030 ou 2050. Les jeunes de Sid Bouzid, et d’autres régions de la Tunisie, ont à cœur de construire leur avenir dès aujourd’hui. Ils souhaitent gagner leur vie, fonder un foyer, avoir un rôle actif dans la société, contribuer et  profiter du développement de leur région. Ils en ont assez d'être en quelque sorte des laissés-pour-compte.

Un changement du calendrier et des priorités de développement s’impose. On a bien introduit les plans de développement dits mobiles (ou glissants) pour réadapter le processus de développement aux mutations nationales et internationales. Qu’une partie de ces fonds soit débloquée en faveur de ces régions en mal d’essor. Nos compatriotes de l’Intérieur ne demandent pas la lune, ils ont juste besoin d’avoir des raisons de garder espoir, de rester chez eux, et de vivre en toute tranquillité.

L’Etat doit assumer son entière responsabilité. Il doit doter ces régions des commodités nécessaires et y créer une plateforme propice afin qu’elles puissent polariser les investissements, et être un vivier de production et de création de richesses. C’est seulement ainsi que le secteur privé daignera  tourner son regard vers l'arrière-pays pour y lancer des projets et créer des emplois.

La Tunisie est un petit pays d’à peine 164 mille km2, et d’un peu plus de dix millions d’habitants. Tout Tunisien est en droit d’aspirer à une vie digne, et d’exiger un partage équitable des fruits de la croissance.
H.J.  
 

Commentaires 

 
#87 De la rupture !
Ecrit par Jabrane     02-01-2011 19:09
H.J. semble bien ne pas sortir des sentiers battus : un discours injonctif à l'adresse du milieu des affaires tunisien (plus d'audace ds le comportement d'investissement...) et des recommandations galvaudées à l'adresse de l'Etat tunisien ! Or la question est fondamentalement plus nuancée, complexe et critique, à commencer par la gouvernance régionale ds notre bled ! Il est temps de rompre avec le modèle "black out" vis-à-vis des autres forces vives en région, notamment l'opinion publique locale qui commence à se relever de sa léthargie...
 
 
#86 @qqun
Ecrit par qqun2     02-01-2011 16:44
les grandes entreprises et les hommes d'affaires respectueux en grande pompe doivent monter d'un cran et se consacrer a la prospection des opportunités, a l'étude, conception , management, recherche et développement, prototypage, financement et assurance de la qualité , sous-traiter avec les petites entreprises et non concurrencer les petites entreprises et l'économie parallèle.
quelques gonflés indécents n'arrêtent pas de parler du bas niveau des cadres et de l'économie parallèle.

bandes d'incompétents. ( et de voleurs même)
 
 
#85 @gnet
Ecrit par qqun     31-12-2010 02:00
Voila un lot des maux a traiter :

* inclure les personnes indépendantes , voir de l'opposition, dans la société civile. leurs permettre de recueillir les plaintes des citoyens de les enregistrer, de les communiquer aux responsables et de les suivre, voir de les valider.
le cas échéant médiatiser les plaintes pour prouver ou désapprouver sa légitimité.
* donner le libre accès au médias aux personnes indépendantes voir d'opposition et leurs permettre d'ouvrir des canaux de communication, les laisser procurer une presse libre tout en les responsabilisant des enjeux que la nation fait face.
* Permettre à la société civile et les partis d'opposition à solliciter, voir inviter les politiciens à joindre leurs causes. Leurs permettre de solliciter les citoyens, les hommes d'affaires pour les financer.
* Le ministère de l'intérieur ne doit ingérer dans les compétences des uns et des autres (la justice, les médias ...). ceci dit, elle est compétente pour maintenir l'ordre et appliquer , et seulement appliquer la loi … et pas sa loi. (Aujourd'hui Ammar 404 est partout, et il est très pesant)
* Ne pas seulement communiquer les activités du gouvernement à la société civile, l'opposition et les citoyens, mais aussi, recueillir avec ouverture leurs inquiétudes, leurs intérêts et leurs suggestions.
* mettre en place un système d'information permettant d'identifier les bons et les mauvais parmi les investisseurs, tant en qualité qu'en quantité. Ceci permet d'identifier aussi les secteurs les plus performants, identifier les acteurs influents et permet de mettre en place une législation qui encourage les bons et pénalise les mauvais. Ceci dit, c'est à l'investisseur, même en investissant lourdement, de dénicher des activités rentables aussi bien pour lui que pour la communauté. (seul le mérite doit primer)
Je ne sais pas si on peut taxer, ou on taxe, les fortunées et non les entreprises des fortunées. Ceci les invite à investir d'avantages ou si incapable, à partager leurs fortunes.
(il faut faire le tri et pénaliser quelques uns , et sans pitié parfois !)

* encourager et organiser le partenariat entre les grandes entreprises et les plus petites, voir en créer de nouvelles petites entreprises. Les grandes entreprises ne peuvent tout faire et n'ont pas l'intérêt de tout faire. Ceci facilitera l'émergence de nouveaux petits entrepreneurs, développera le tissu économique et haussera même la qualité de nos produit.
* encourager le partenariat entre universités et hommes d'affaires, non seulement pour la recherche mais aussi pour financer les universités (financement des laboratoires, centres), faciliter les embauches des élites et vendre l'image de l'entreprise. Primons la qualité! c'est aux investisseurs et aux universités de choisir leurs partenaires, et tant pis pour les autres. Favoritisme au meilleur dans ce cas, et que le meilleur soit assez performant pour faciliter la vie aux autres! (elghazala est un bon exemple … J'encourage mon cher ISG de Tunis à faire suite à cette requête, en passant ... )
* Mettre en contact les professionnels de la Tunisie et de l'étranger avec les professeurs, et les étudiants. Ceci sera d'excellentes séances d'échanges aussi bien pour les professionnels que pour le professeurs et les étudiants et faire réveiller les esprits qui ronflent.
* Allouer les fonds nécessaires , voir des fonds massifs, pour inciter les jeunes en difficulté à suivre les formations dans des métiers en demande d'emploi. Ne laissons pas nos jeunes qui galèrent, démuni de tout outil, dans un contexte extrêmement difficile. Responsabilité et vie digne pour tous!
 
 
#84 Propagande peu crédible
Ecrit par tunilibre     30-12-2010 11:57
Le pseudo « Semmy » ou encore « delete » apparait sur d'autre article du net. Tu es surement un agent (...) ayant reçu l'ordre de commenter tous les articles du web pour faire propager de la mauvaise propagande, à peine crédible sur la vraie situation de notre pays !

De plus tu n’es pas très futé en agissant de la sorte. Tu fais du « copier-coller » de commentaire qui t’a été dicté par ta hiérarchie.

Malheureusement pour toi, (...) le peuple tunisien n’est pas dupe bien au contraire.

S’il vous plait, pour toutes les personnes qui lisent ce message, merci de faire « un copier-coller » de la phrase suivie des guillemets,

« Plutôt que de critiquer le pays, il faut au contraire le féliciter et l’encourager» sur Google et vous allez être très surpris et choqué !

En effet, on peut remarquer qu’il y a plus d’une soixantaine d’article !

(...)
 
 
#83 RE: Tunisie/Sidi Bouzid, non à un développement à deux vitesses
Ecrit par Mohamed     27-12-2010 20:10
@semmy: blablablablabla. Certains parlent des dirigeants de l'UGTT. Symétriquement, on pourrait se demander si certains ne portent pas haut la langue de bois de certains autres.
PS: je ne suis ni islamophobe ni sioniste ni arabophobe... je suis un Tunisien qui veut du bien à mon peuple. Va voir comment on le traite dans les hôpitaux, va voir ceux qui ne sont pas parmi le million d'ingénieurs au chômage, va voir ceux à qui on donne une couverture pour ne pas mourir de froid alors que certains conduisent des vaisseaux spatiaux, dorment dans des 5 étoiles......
 
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