Tunisie/Santé mentale, le traitement après la prise de conscience

Publié le Dimanche 16 Octobre 2011 à 15:25
Le dernier Atlas de la santé mentale, publié par l’Organisation mondiale de la Santé le 10 octobre courant, a révélé que la moitié des tunisiens souffraient de troubles mentaux. « Cette étude englobe toutes les affections mentales même les plus bénignes d’entre-elles », explique le professeur Zouhair EL Hechmi, chef de service à l’Hopital psychiatrique de la Manouba. Lui-même avait fait une étude en 1995 qui a révélé, à l’époque, la présence d’un quart de personnes atteintes de maladies mentales nécessitant  un traitement médical. Qu’est-ce que la santé mentale ?

Selon Rim Ghachem, présidente de l’association tunisienne de la santé mentale, « c’est l’équilibre que l’on trouve entre soi-même et ceux qui nous entoure ».  La perte de cet équilibre peut être le résultat de plusieurs facteurs. Le plus souvent, le chômage, les conflits, les guerres, l’isolement, les pressions socio-économiques, les mauvaises conditions de travail, la discrimination en fonction du sexe ou des régions, sont à l’origine d’une maladie psychique. Le directeur général de la santé publique, Mohamed Salah Ben Ammar parle de 450 millions d’êtres souffrant de diverses affections mentales, dans le Monde. Un million de personnes finissent par se suicider chaque année. Malgré ces chiffres alarmants, seulement 2% du budget de la santé des pays en voie de développement, est consacré à la santé mentale. Le traitement de ce volet  dépend quant à lui, en grande partie, de la culture et des croyances. Le professeur Zouhair El Hechmi explique que l’emprunte culturelle et religieuse joue un rôle prépondérant dans la politique d’un Etat vis-à-vis de la maladie mentale. Pour le cas de la Tunisie, dont l’histoire a connu plusieurs occupants à travers les temps, la santé en général et la santé mentale en particulier ne s’est jamais aussi bien portée que durant l’avènement de l’Islam. «Après l’essor de la médecine sous l’Islam, vers le treizième siècle, il y a eu des influences culturelles de l’Afrique subsaharienne qui ont mené à la reconquête de la santé mentale par l’irrationnel et le surnaturel », dit le spécialiste. Les troubles mentaux sont alors considérés comme étant la résultante d’une cause exogène telle que le mauvais œil, l’ensorcellement, le maraboutage ou les être immatériels. Dans le monde Assyro-Babylonien et chez les hébreux, la maladie psychique est le résultat d’un péché, et représente la punition de celui-ci. Au même moment, les personnes atteintes de troubles disent pouvoir surmonter ça en comptant sur leur entourage, mais lorsqu'elle connaissent quelqu'un de souffrant des mêmes troubles, elles lui conseillent d'aller consulter un médecin. La prise de conscience joue un rôle très important, avant de passer au traitement. Le trouble peu aller de la simple tristesse prolongée, à la l'aliénation, en passant par l'anxiété et la dépression.

Par ailleurs, il a été constaté durant les études menées par les spécialistes que durant le mois de ramadan, le nombre de suicides diminuait considérablement : « c’est dû au retour à la foi divine qui interdit de se donner la mort. Durant ce mois sain ou les liens humain se resserrent, les individus sont plus épaulés et plus respectueux de la parole divine, et donc moins fragiles », dit le médecin. Il a aussi évoqué le cas de l’abstinence totale à l’alcool lors du mois du jeûne, fait constater la quasi-absence de cas de Delirium Tremens. « Les nouvelles toxicomanies, les comportements suicidaires et la violence sont venues suite à l’acculturation et le relâchement des liens sociaux.

Jean Luc Roelandt, directeur du centre Collaborateur OMS pour la recherche et la formation à Lille, a parlé d’une enquête qui a été menée en Tunisie, en 1999. Parmi les 920 personnes interrogées, 43% d’entre-elles pensent que les personnes qui commettent un meurtre sont folles et  75% des personnes interrogées pensent que les fous doivent recevoir un traitement médical. Transgresser les lois divines peut paraître fou dans une culture mais comme étant un acte criminel dans une autre.

Qu’en est-il de la situation actuelle des personnes atteintes de troubles mentaux ? Docteur El Hechmi nous répond : « Les patients se prennent en charge beaucoup plus rapidement qu’avant, les affections sont moins graves mais plus fréquentes ».  Mais il reste que la prise en charge médicale est très limitée, dans la mesure où la Caisse Nationale d’Assurance Maladie ne rembourse que les médicaments et les consultations mais jamais l’hospitalisation, bien qu’il existe des cas fréquents qui nécessitent un séjour en milieu hospitalier. Zouhair EL Hechmi ajoute qu’en psychiatrie « les conditions sont très difficiles. Pour ouvrir une clinique psychiatrique, il faut répondre à un cahier des charges très strict, ce qui fait que le privé ne s’est pas développé, ce qui a retardé le développement des hôpitaux. Les conditions sont minimales à Razi. Il faudrait plus de budget, plus de personnel, plus de médecins ».
Chiraz Kefi

 

Commentaires 

 
#3 Attention à l'interprétation des statistiques
Ecrit par Salah Ben Youssef     17-10-2011 09:18
Bonjour,
Est-il concevable qu'1 tunisien sur 2 souffre de troubles mentaux? En d'autres termes, sur les 11 millions de tunisiens, 5.5 millions de tunisiens tous âges confondus, ne sont pas totalement sains. Si cela s'avère vrai, la Tunisie est un cas unique à étudier. Les personnes saines d'esprit sont en minorité relative. Si l'on pousse le raisonnement combien de personnes disposent de toutes les capacités juridiques pour exercer leur droit de vote? A mon avis, ces chiffres concerneraient plutôt les personnes qui ont consulté un médecin ou ... Il faudrait vérifier la population ayant servi de base à cette étude. Ce qui a été avancé ou du moins sa présentation ne peut être qu'erroné.
 
 
#2 de la retenus d'abord
Ecrit par Hamma33     17-10-2011 03:53
Bhen voyons Monsieur Zouhair EL Hechmi, tes parents ton payer des études pour traiter la moitié de tes citoyens de fou, remettez vous en doute monsieur et ayez plus de raison, et de détente que sa, et puis on retrouve ton étude de l’OMS nulle part, de plus si on se rappelle bien il y quelques semaines, c’est se même organisme qui a déclaré que le café et le thé et cancérigènes, la Tunisie a besoins de sa population entière pour se reconstruire et pas de commerçants de fiole de Haldol, Tercian et tout produit, mortel.
 
 
+1 #1 Source
Ecrit par Kilt     16-10-2011 19:45
J'ai du mal à trouver les données de l'OMS.
Avez vous une idée de la méthodologie de cette étude?
Quelles ont les études similaires publiées à l'étranger?
J'ai peur que l'on soit mal barrés...ceci explique cela...agressivité au volant, individualisme prononcé, manque de perception cognitive
 
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