Tunisie/Rached Ghannouchi : "nous sommes contre une société violente" |
Publié le Mardi 19 Juillet 2011 à 14:55 |
Devant une salle archicomble, et en présence de nombreuses figures de proue d’Ennahdha, Rached Ghannouchi, président du mouvement, a lancé ce mardi un message d’apaisement. "Ce qui s’est passé ne menace pas la révolution, celle-ci va tout droit vers la réalisation de ses objectifs, soit la tenue des élections à l’échéance prévue". Tout en les condamnant fermement, le président d’Ennahdha impute les événements de violence et de saccage au report de la date des élections, qui était "un faux pas ayant prolongé la période transitoire". "La violence est totalement proscrite", martèle-t-il, faisant constater les atermoiements en matière de jugement des criminels, et des symboles de la corruption, et le retour d’anciennes figures dans toutes les institutions. "Les jeunes ne s’identifient pas lorsqu’ils se regardent dans le miroir politique", a-t-il souligné, "d’où la tenue des sit-in, des grèves dans tout le pays dont le sit-in de la Kasbah". "Ennahdha n’a pas appelé au sit-in de la Kasbah. Nous demeurons convaincus que toute action politique dans la rue est vouée à l’échec", a-t-il déclaré, mais "Ennahdha existe, et dans ces sit-in il peut y a voir des jeunes lui appartenant." Et d'ajouter : "Nous sommes avec les jeunes en matière d’action et de pression en vue de la réalisation des objectifs de la révolution, mais nous condamnons la violence. Nous condamnons également la violence exercée par les agents de sécurité. Mais, nous sommes contre la criminalisation de l’uniforme de l’agent de sécurité, cette uniforme est honorable, et doit susciter quiétude chez le citoyen", a-t-il dit, appelant à une police républicaine qui soit au service du citoyen. "La jeunesse islamiste est l’objet de nombreuses accusations, celui qui a une barbe ou porte un Qamis est devenu un symbole de peur et de terrorisme", a-t-il déploré, indiquant que la Tunisie est pour tous les Tunisiens, quelles que soient leur foi, leur pensée : islamique, laïque ou autres. "Ennahdha est un facteur de préservation de la sécurité, de la stabilité et de protection des biens publics et privés. De nombreux responsables ont recours au mouvement pour éteindre les flammes de la discorde", a-t-il relevé, évoquant l’intervention d’Abdelfattah Mourou à Metlaoui. Rached Ghannouchi s’est dit surpris par les déclarations du Premier ministre, Béji Caïd Essebsi. "En lançant des accusations à des inconnus, il a laissé penser qu’il visait Ennahdha, tel parti ou tel autre". Il a néanmoins positivé, saluant l’attachement annoncé du Premier ministre à la tenue des élections à leur date au 23 octobre. "Nous voulons que notre message soit clair et sans équivoque : Ennahdha refuse la violence et incite au consensus, car c’est la base de la réussite de cette période transitoire", a-t-il affirmé, en faisant remarquer : " Toute coalition et toute alliance, qu’on en fasse partie ou non, est un pas positif si elles favorisent la transition démocratique, et non si elles se forment contre telle partie ou telle autre". "Nous nous considérons comme un parti responsable, et exerçons notre rôle avec responsabilité, ce n’est pas là un simple devoir national, c’est aussi un devoir religieux, car la malfaisance sur terre est la voie parallèle à l’Islam. L’Islam est venu pour réformer et non pour pervertir", a-t-il expliqué. Il a condamné la persistance des formes de torture, ainsi les atteintes contre l’inviolabilité des mosquées. Il a appelé à la mise en place de commissions d’enquête indépendantes permettant au peuple tunisien de connaitre la vérité sur ce qui s’est passé à la Kasbah, dans les mosquées... Rached Ghannouchi a appelé les médias à ne pas diaboliser les uns et glorifier les autres, et à se tenir de la même distance par rapport à tous les partis. Il a lancé le même appel ou presque, aux forces extérieures, leur demandant d’appuyer la transition démocratique en Tunisie. Le Président d'Ennahdha a exhorté le peuple tunisien à aller massivement aux urnes, seul moyen de réussir la transition démocratique, appelant le gouvernement à faciliter l’opération électorale. "Il suffirait que les électeurs se déplacent une seule fois le jour du scrutin". Prenant la parole, Hamadi Jebali, Secrétaire général du mouvement, a insisté sur l’attachement d’Ennahdha au consensus national, selon le principe que "la Tunisie appartient à tout le monde et nous en sommes tous responsables". "Notre retrait de la haute instance, que certains ont considéré comme une déviation du consensus, est une manière de rectifier le consensus, et de retourner au vrai consensus", a-t-il souligné, se défendant que son mouvement cherche à confisquer ou à accaparer le pouvoir. Ali Laaridh, membre du comité constitutif, s’est inscrit en faux contre les allégations attestant de l’appel d’Ennahdha à faire chuter le gouvernement. "Nous avons appuyé et travaillé avec ce gouvernement, mais ceci ne nous empêche pas de le critiquer". En réponse aux questions des journalistes, notamment au sujet du discours du Premier ministre, Rached Ghannouchi a expliqué qu’Ennahdha ne se considère pas comme un parti de droite, ni de gauche, "nous sommes un parti centriste". "Celui qui exerce le double discours est un hypocrite, c’est à dire qu’il montre ce qu’il n’est pas, et nous n’appartenons pas à cette catégorie", a-t-il asséné. Il a prévenu contre "un plan visant à provoquer les jeunes islamistes et à les entraîner vers la violence en vue de justifier un éventuel report des élections", soulignant que "certains courants islamistes ont vu le jour, sous la dictature loin de tout climat de dialogue, car le président déchu a créé un vide religieux". H.J.
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Commentaires
Ecrit par ines 17-09-2011 23:22
Ecrit par nizaroma 02-08-2011 21:29
Ecrit par Mouwaten 27-07-2011 17:26
Ecrit par el manchou 27-07-2011 16:19
Ecrit par Mouwaten 25-07-2011 16:16