Tunisie/Port du Niqab : Est-ce une obligation en Islam ?

Publié le Jeudi 02 Février 2012 à 18:04
Le port du Niqab en débat en Tunisie. Le port du Niqab déchaîne les passions de la société tunisienne. Les avis sont partagés entre ceux qui le considèrent comme une liberté individuelle, qui rentre dans le cadre de la liberté de l’habit, et ceux qui le récusent totalement, arguant que le port du Niqab est une atteinte à la vie en société, dans la mesure où il rompt le contact et la communication entre celle qui le porte, et les autres membres de la collectivité. Un débat véhément a eu lieu ce jeudi à Tunis, autour du "Niqab : est-il une obligation en Islam ?" C’était lors d’une conférence organisée par le centre d’études Islam et Démocratie (CISD) en collaboration avec le Forum maghrébin Ibn Roched, pour les études.

C’est Sami Brahem, professeur de lettres, de linguistique et de civilisation arabe, qui a analysé cette question, en s’appuyant sur le texte coranique. Le conférencier fustige d’emblée ceux qui ont tendance à monopoliser le droit de discourir autour de la charia, précisant qu’un professeur de sa spécialité est plus à même d’expliquer et d’interpréter le texte coranique, vu ses connaissances sémantiques et linguistiques, qu’un homme de religion dont les connaissances en linguistique peuvent être faibles. Il indique d’emblée que son propos va consister à expliquer les faits dans leur contexte, et de présenter un argumentaire, loin de toute approche de diabolisation d’une partie, ou d’exclusion des femmes portant le Niqab de la société et de la vie publique.

En matière de port du Niqab, le fond du sujet est la liberté individuelle ; "nous ne pouvons pas nous immiscer dans la liberté des gens ; la seule contrainte a trait à la communication avec le reste de la société, de manière à ne pas porter atteinte aux intérêts et aux droits de l’autre", dit-il en illustrant ses propos, "on ne peut pas confier son enfant à une éducatrice portant le Niqab dans un jardin d’enfants".

Le fait d’avoir le visage et les mains découverts constituent un minimum de règles à respecter, pour la vie en société. A fortiori, qu’a l’heure qu’il est, l’ensemble des Tunisiens sont liés par la fraternité de la révolution, la fraternité de citoyenneté et il n’y a pas moyen d’exclure une quelconque partie, le tout est de préserver les intérêts civils, qui rentrent dans le cadre de la gestion des affaires de la cité, souligne-t-il en substance.

"La question du Niqab est quasi-tranchée", admet-il. "La majorité des Oulémas de l’Islam sont unanimes à dire que le Niqab n’est pas une obligation et que le visage de la femme n’est pas awra ( une partie du corps que l’on cache par pudeur). Ceux qui considèrent que le Niqab est une obligation sont une minorité dans la Oumma" (NDLR : Nation arabo-musulmane). Dans leur perception, le visage et les mains de la femme sont awra et les femmes doivent être séparées des hommes. "Dans le coran, il n’y a pas une incitation au port du Niqab, le Niqab n’est évoqué que dans un appel à l’interdire pendant le pèlerinage". Il en déduit que "tous ceux qui disent que le visage et les mains de la femme sont awra ne s’appuient que sur une base et des arguments faibles, ce qui constitue une atteinte à l’Islam et une atteinte à la place de la femme en Islam. De surcroît, dans toutes les exégèses de l’Islam, dont Lissan al-Arab, il n’y a aucune évocation de l’obligation de se couvrir le visage", fait savoir le conférencier.  

L’obligation du Hijab pour les épouses du prophète
Sami Brahem se réfère au texte coranique : "Les versets qui constituent une source pour conférer une légitimité au Niqab font partie de la Sourate  Al-Ahzab. Ce verset est intervenu pour contrer les agissements "des mounafiqûn" (les hypocrites) ; voire les gens de Quraysh et les Juifs de l’époque qui tentaient d’attenter aux mœurs et à la morale de l’Etat musulman naissant. Ils cherchaient à attenter à la réputation des femmes musulmanes, notamment des épouses du prophète. Al-Mounafiqûn de l’époque faisaient figure d’un parti politique qui avait un agenda politique, et un programme dont le but était de porter atteinte à la réputation du prophète et des musulmans. Le but de ces versets était d’éduquer de nouveau les musulmans et de leur inculquer de nouveaux comportements, à une époque qui était caractérisée par un certain libertinage". Selon son analyse,  "l’Islam n’était pas au départ une simple religion, c’était une nouvelle expérience politique, anthropologique, sociale et culturelle".

Le conférencier explique le contexte dans lequel est intervenue l’obligation du Hijab pour les épouses du prophète. "Auparavant, la maison du prophète était ouverte à tous les croyants,  et il n’y avait pas de séparation entre ses compagnons, ses épouses et les autres. Le Hijab (ou le Niqab, à distinguer avec le Khimar : voile ou foulard), était donc recommandé aux épouses du prophète comme un facteur de chasteté. Il était interdit aux épouses du prophète de regarder les hommes, et interdit aux hommes de le regarder. Comme il était aussi interdit aux épouses du prophète de se remarier après son décès". Tout cela pour dire qu’il y a des interdictions spécifiques aux épouses du prophète, qui ne s’appliquent pas à l'ensemble des femmes musulmanes.

Concernant la situation en Tunisie après la révolution, le conférencier constate "le changement rapide des filles, notamment à  l’université,  qui sont passées soudainement du pantalon au Niqab." "Le problème est qu’avec le Niqab, l’homme ne regarde pas la femme, mais la femme portant le Niqab peut dévisager l'homme autant qu’elle veut, sans que personne ne s’en rende compte, et sans aucun contrôle". Pour cet universitaire, l’affaire du Niqab ne constitue pas, dans le cas de la Tunisie, une intrusion, c’est une interprétation de l’un des avis qui dominait à l’époque du prophète".

L’affaire du Niqab fait partie de la bataille de Tanwir, qui consiste à  expliquer et à éclairer la lanterne des musulmans sur  les vrais concepts et significations de l’Islam. "Nous avons besoin d’une révolution culturelle pour compléter notre révolution politique. Car notre révolution est menacée, dans tout ce qui concerne la femme, et sa participation à la chose publique".

"Le sujet du Niqab après la révolution a été amplifié et instrumentalisé politiquement, selon Chaker Chorbi, professeur de pensée islamique. Il y a des parties en Tunisie qui veulent nous détourner des sujets essentiels en focalisant sur les histoires du Niqab, du Hijab, des salafistes. Même si celles qui portent le Niqab y renoncent, et celles qui portent le voile font de même, les tenants du modernisme  trouveront d’autres sujets imaginaires sur la scène islamique pour faire diversion sur les vrais sujets tels que le chômage, pauvreté "etc, admet-il en substance. A ses yeux, "les salafistes en Tunisie équivalent au pôle moderniste en comparaison avec les salafistes des autres pays arabes".

Certains dans la salle ne sont pas de cet avis, et ne minimisent pas "les dangers du salafisme" ; Kamel Ben Younes, journaliste et animateur du débat,  évoque les incidents survenus dans les mosquées. "Il y a des groupes dans les mosquées qui sont en train de discréditer Rached Ghannouchi, qui disent que la constituante est interdite en Islam, et que le mouvement Ennahdha est soumis".  

Pour Radhouane Masmoudi, directeur du CISD, "notre priorité est la réussite de la transition démocratique en Tunisie, la démocratie ne peut être consacrée qu’à travers la culture du dialogue pour parvenir à des compromis". Et d'affirmer : "Islam et démocratie sont compatibles,  mais certaines interprétations et concepts de l’Islam ne s’accommodent pas avec la démocratie. Par exemple l’idéologie des talibans, et le wahabisme sont incompatibles avec la démocratie".

Sami Brahem conclut pour dire qu’il existe un intégrisme islamiste dur et fondamentaliste, comme il existe un intégrisme laïc, qui s’autoproclame moderniste.  "En Tunisie, certains étrangers remarquent qu’il y a un fondamentalisme et un sectarisme féministe", relève-t-il. "La question qui se pose : est-ce que nous voulons une société moderniste et égalitaire ou non ?", s’interroge un participant au débat. Un autre renchérit que "si on va édicter une loi pour interdire le Niqab, autant mettre une loi pour interdire la minijupe". Il y a des extrêmes à gauche et à droite de la société, l’essentiel est de faire prévaloir nos dénominateurs communs afin que l’on arrive à bâtir un modèle civil et démocratique", indique un autre. Une Dame explique la mutation qui s’est opérée en Tunisie après la révolution : "Auparavant c’était l’autorité politique qui fixe les normes et les règles de vie en société, aujourd’hui ce pouvoir se transmet au peuple".
H.J.


 

Commentaires 

 
-1 #22 RE: Tunisie/Port du Niqab : Est-ce une obligation en Islam ?
Ecrit par HOWRAH     07-02-2012 15:31
comme cela s'est passé dans d'autres pays, le niqab est appelé à se répandre en Tunisie, il traduit une progression vers l'application plus stricte ou pure suivant les convictions des préceptes islamiques. Le retour au hijab a été sans précédent; l'influence wahhabiste ne pourra elle aussi que se marquer en Tunisie avec l'avènement du niqab : cible de choix les jeunes filles dans les écoles
 
 
+7 #21 Très important!
Ecrit par Léon     05-02-2012 10:24
Voilà où on en est. Pendant que d'autres inventent et refont le monde avec internet, la téléphonie mobile, l'exploration de la lune, Nous on discute de la liberté de quatre imbéciles avec leur cache-sexe. Je pense que l'islam du temps du prophète, islam de sciences et de lumières aurait Honte de nous. Dieu tranchera entre nous et cette horde de mécréants se prenant pour des musulmans.
 
 
-1 #20 Sens des versets
Ecrit par Cazimodo     04-02-2012 22:37
Toute la confusion et les débats sur le khimar et le hijab est une modification sémantique , faite par des pseudo savant depuis 14 siecles, etqui va a l'encontre du coran, tout le souci vient de ces versets:sourate 24.31, alors que si on lit bien les versets il ne s'agit pas du tout de cacher ni son visage, ni ces cheveux, ni ces mains, ni meme de se couvrir par un vetement, ni meme de cacher sa beauté..

La preuve par le Coran lui meme: Ouvrez les yeux...

- taper des pieds :" wala ya-dribna bi-arjulihinna liy'lama ma yukhfina min zinatihinna",

donc il faut pas taper des pieds pour ne pas faire apparaitre ce qui apparait du Sexe ( zinatihina)

on retrouve le mot zina, au sujet de " yudnina zinatihina" :

bikhumurihina ( khimar) a'ala juyubihina, ( sourate 24.31)

Donc les pieds, sont liés forcement aux sexes, qui lui est liés a la ceinture qui couvre les hanches....

donc khumur c'est une ceinture, qui cache une partie du sexe ( zina) , qui quand elles bougent les pieds fait apparaitre une partie des organes genitaux..

bouger les pieds n'a donc aucun rapport avec " couvrir son visage , ou les cheveux,....." tout est sous la ceinture ..
Pour les connaisseurs vous pouvez approfondir, et tournez le probleme dans tout les sens, il ne s'agit pas de cheveux, ni de visage de la femme..ni meme de sa beauté ( et les moches ? elle vont comment ?
c'est explicite..dans le coran!
affirmer que khimar est un voile est de la pure imagination! imagination qui a fait tellement de dégats que plus personne ne sais comprendre le coran
 
 
+3 #19 Rectification
Ecrit par Cazimodo     04-02-2012 20:08
La sourate cité ne concernent pas un vetement , le hijab, le khimar, le niqab qui est une invention , le mot n'existe pas dans le coran, donc inexistant.

Le fait de couvrir ces cheveux ou son visage ou autre partie du corps, n'est pas un stipulation du coran, ni les attributs d'une Croyante! Sinon et d'aprés meme le Coran Marie mère de Jésus et les chrétiennes par conséquent, auraient porter la burqua, le voile ou le hijab, pareil pour Marie , mère de Moise...donc il ne s'agit pas du tout de porter un vetement...il s'agit de " preserver son intégrité ( ce qu'on appelle la chasteté, et maitrise de soi), C'est a dire vide de toute " pensée" ( donc rester chaste) pour ceux qui on une base religieuse, connaissent cette notion : le verset veut dire donc :
" proteger son intégrité par la maitrise de SOI ( alayha) par ( sa) chasteté" ( jalabihina)
l'intégrité de la personne ( chasteté) est bien sur le maitrise de son désir ( charnel)...c'est "cacher son désir" ( sourate 33.32), ne pas d'exhiber ( cacher encore) ( sourate 33.33), etre discrete, donc encore cacher ( sourate 33.34), il s'agit comme je l'ai dis d'une discretion dans le désir et non pas porter un vetement...c'est dans l'ordre de l'esprit du coran, donc on cache pas un corp , mais on cache un désir..c'est la notion de croyante, qu'on retrouve pour Les Marie(s) c'est ecrit ici :

la mère de Moise a du se taire pour etre une vrai croyante ( S 28.10),et non pas se couvrir l'intégralement, pareil pour la mère de Jésus ( 3.42)incline toi ( 3.43) .

Il s'agit donc de cacher ces désirs et non pas de cacher son corp.

Khimar veut dire : ceintures , pour pas qu'on bougeant les pieds ( S 24.31) la jupe ne se leve...c'est des ceintures qu'on utilise aussi de " fermentation" ( khamr)

Juyubihina veut dire leurs hanches, leurs poches, leurs bassins.

Hijab veut dire Rideau ( de maison)

Jalabihina veut dire leurs protection, se proteger par son attitudes, et esprit chaste

Niqab, est un mot inventer...donc inexistant.
 
 
+5 #18 Et quoi encore !
Ecrit par Amira     04-02-2012 06:06
Awra veut dire sexe , si une femme se trouve toute sexe , c'est qu'elle pense ne servir qu'à une tâche précise. Moi je n'aime pas être à côté d'un sexe ambulant en noir au métro, à la faculté , à la piscine. Ça me gêne même entre femme , ça fait X et pas propre. Si une femme se considère comme telle et veut s'érotiser qu'elle reste à la maison et pratique calment mais discrètement le niqa7 mais sans nous pour témoins !
 
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