Tunisie/ ONU : Quelles priorités des Tunisiens pour l’agenda post-2015

Publié le Mercredi 08 Juillet 2015 à 13:30
La Tunisie que nous voulons«La Tunisie que nous voulons», est l’intitulé d’une consultation nationale menée en mai 2014, par le ministère du Développement, de l’Investissement et  la Coopération internationale, avec l’appui du système d’appui des Nations-Unies en Tunisie, dans le cadre de la préparation de l’agenda onusien post-2015 pour le développement. Ses résultats ont fait l’objet d’un colloque tenu récemment à Tunis.

L’année 2015 est la date butoir fixée pour la réalisation des objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). Selon l’ONU, la Tunisie a pu enregistrer quelques résultats, en matière de lutte contre l’extrême pauvreté et de généralisation de l’enseignement primaire. Certaines insuffisances dans la réalisation de ces objectifs persistent, néanmoins, à savoir le taux encore assez élevé de la mortalité maternelle et de l’abandon scolaire.

La Tunisie a été choisie parmi une centaine de pays pour effectuer une consultation nationale afin de déterminer les centres d’intérêt et les priorités des Tunisiens pour l’agenda du développement post-2015. Ladite consultation a été menée à compter de mai 2014, sur trois volets : rencontre directes avec les citoyens pour discuter du devenir du pays, un questionnaire national auquel 3000 Tunisiens, réparties sur les différentes zones géographiques ont participé, ainsi qu’un questionnaire en ligne « MY World » lancé par les Nations-Unies, auquel près de 7.300 Tunisiens ont participé.

Les seize priorités des Tunisiens

Pour les Tunisiens, il y a 16 priorités ou objectifs, au premier rang desquels se trouve la qualité de l’éducation et de l’enseignement, suivie par les services de santé, l’emploi, la bonne gouvernance et la réduction des disparités régionales, indique un rapport d'une centaine de pages dont Gnet a pu obtenir une copie.

En deuxième lieu se trouve la sécurité, l’adduction d’eau potable et le raccordement au réseau d’assainissement, la concrétisation de la justice sociale, suivie par le transport, les TIC et l’environnement.

La sécurité reste une préoccupation majeure des Tunisiens. C’est surtout parmi les enfants de Kasserine et du Kef, que le besoin de sécurité a été le plus ressenti.

Les événements successifs, surtout dans l’ouest du pays et en Libye voisine, et la manière dont ils ont été retransmis dans les médias, ont créé un climat de peur qui trouve sa place dans les débats publics, aux côtés de sujets comme l’économie, la santé et l’éducation.

S’agissant de la réforme du système éducatif, la majorité des sondés pensent qu’il faut réformer les programmes scolaires. 78 % d'entre eux proposent une réforme urgente du système, afin de développer l’esprit d’analyse et de critique, et de laisser à l’enfant la liberté de s’exprimer et de réfléchir.

La priorité "réduire la pauvreté extrême" et améliorer la nutrition est un thème récurent chez 84 % des Tunisiens. Les sondés pensent également que la création d’emplois est primordiale pour réduire les taux de pauvreté, suivie par la réduction des prix, et le développement de la culture de l’entreprenariat.

Les répondants sont, en majorité, d’accord que l’alimentation en Tunisie est appropriée. Ceux qui considèrent qu’il y a des personnes sous-alimentées sont essentiellement les habitants du Nord-Ouest, du Centre-Ouest et du Sud-ouest.

Une proportion de 77 % des Tunisiens a classé la santé comme une priorité. Seuls 2 % des Tunisiens jugent que la qualité des services médicaux est bonne. L’accès aux établissements de santé s’avère difficile pour nombre de Tunisiens (58 %). La région de l’Ouest est celle où le Tunisien a le plus de difficultés à accéder aux soins de santé.

Les problèmes liés au travail figurent parmi les priorités des sondés. 72% d’entre eux se sont exprimés pour de meilleures opportunités d’emploi. Une quasi-majorité pense que le recrutement se fait de manière peu objective, ce qui renvoie aux problèmes de bonne gouvernance et de la transparence dans les opérations de recrutement.

Très peu de Tunisiens trouvent que les normes de bonne gouvernance sont observées et respectées. Seuls 8 % des sondés sont satisfaits de la transparence des actions gouvernementales et des systèmes de contrôle interne. 66 % des sondés ont choisi de manière égale la consolidation des bases de bonne gouvernance, et la garantie des libertés politiques. 72 % de Tunisiens ont jugé que la liberté de la presse est un facteur de première importance dans la protection et le développement des libertés politiques.

Les disparités régionales sont un sujet de préoccupation des Tunisiens. Les sondés trouvent que les richesses du pays sont distribuées de manière inéquitable. Les habitants des régions, comme à Médenine ou Bizerte, ont souvent évoqué le contraste dans le même gouvernorat entre la région côtière riche, et celle la plus enclavée, et pauvre.

Une importante proportion de Tunisiens pense qu’il faut lutter contre la discrimination et la persécution. 56% des sondés demandent que l’égalité homme/ femme soit assurée.
Gnet