Tunisie/LMD : l’université revoit sa copie

Publié le Jeudi 17 Juin 2010 à 11:05
La réforme LMD sera revue et corrigée. L’université tunisienne souffre de maux endémiques, dont la réforme LMD (Licence, Master, Doctorat), n’a pas réussi à l’affranchir.  A l’inverse, la professionnalisation des enseignements induite par le nouveau système semble avoir posé beaucoup plus de problèmes qu’elle n’en a résolu.
 
Depuis cinq ans, l’université tunisienne a remis ses pendules à l’heure du LMD. Généralisé selon le principe de progressivité, le système ne paraît pas, tel qu’il a été conçu initialement, tenir toutes ses promesses, notamment en termes d’employabilité.

Les sciences humaines seront réhabilitées

Outre sa mission naturelle de préparer à l’emploi, l’université a pour rôle tout aussi originel de forger les esprits, de former les futures compétences en langues, de développer leur culture générale, leur capacité d’analyse, leur sens critique, bref d’en faire des citoyens qui pensent, proposent et décident. Des missions que l’université tunisienne a, au mieux ; remplies partiellement, au pire, y a carrément failli.

Faut-il réformer la réforme ? Indéniablement. Le fait que l’université tunisienne ait lié son destin, d’une manière irréversible au système LMD, ne signifie pas qu’il va rester figé.  La  loi de 2008 sur l'enseignement supérieur prévoit  l’évaluation et la révision du dispositif  tous les quatre ans. Un comité national d'évaluation de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique devra  remplir cette tâche. En attendant que ses missions s’officialisent, les premières corrections du système LMD commencent à tomber. Elles seront perceptibles dans le guide de l’orientation 2010, qui se veut plus clair et plus lisible, nous dit-on. La principale nouveauté consiste à faire passer le nombre de filières de 720 à 580, avec l’abandon de certaines spécialités extrêmement pointues, qui, plus est, sont en mal de débouchés, telles que l’informatique industrielle, informatique de gestion, etc.

La révision consiste aussi à inverser le processus de choix, en permettant au bachelier de choisir la spécialité et la filière d’abord et l’université ensuite ;  à  instaurer le principe du tronc commun, à chaque fois que le besoin se fait sentir. Il s’agit d’éviter que le bachelier ne se retrouve dès la première année dans une sous-spécialité trop pointue, alors qu’il ignore quasiment tout de la spécialité mère. Comme le fait d’étudier la musique classique, arabe ou africaine, alors qu’il n’a pas encore de culture musicale, digne de ce nom.  

Les sciences humaines qui ont été marginalisées, avec la réforme LMD, à la faveur des filières professionnalisantes, retrouveront leurs lettres de noblesse. Une réhabilitation, somme toute, nécessaire. Car, a-t-on idée d’amputer des étudiants d’un bagage indispensable pour leur formation, sous prétexte qu’un cursus en TIC, pour ne citer que cette spécialité en vogue, ne requiert pas une maîtrise des langues, ou des connaissances en histoire, géographie, philosophie,  bref en culture générale. C’est un non-sens pur et simple, dont les conséquences ne se sont pas faites attendre. L’université tunisienne connaît aujourd’hui, se lamente une source informée,  un grand manque d’enseignants d’anglais, et à un degré moindre de français,  ainsi que de maîtres de conférence d’arabe. "Des dispositions seront prises pour y pallier, et redonner aux sciences humaines toute la place qu’elles méritent", nous confie la même source.

L’enseignement supérieur gagnera également à être  reconsidéré, par rapport à la perception des parents ou de la famille. L’objectif est de faire en sorte que l’étudiant ne choisisse pas sa filière, en fonction des désirs de papa et maman qui "le veulent" médecin, ingénieur ou pilote de ligne, mais selon ses propres aptitudes et penchants. Cette mission essentielle est dévolue aux conseillers de l’orientation qui doivent aider le candidat à mieux connaître ses prédispositions, et à tracer son avenir en connaissance de cause.

Le guide contribuera, promet-on, à rendre le chemin moins flou pour le candidat, en l’éclairant sur l’aboutissement de telle filière, ou telle autre,  en termes de débouchés (secteurs d’activités, entreprises où il pourra travailler plus tard), ou encore en matière de  formation académique (master, doctorat).  Le tout est de faire en sorte que le concours de réorientation soit une exception, et non un deuxième concours d’orientation, tel qu’on le perçoit. Reste un hic, 40 % des admis au bac, le sont par rachat…les trébuchements au niveau de la première année conduiront à tort ou à raison, dans la plupart des cas, à la réorientation…Il s’agit là de la quadrature du cercle, à laquelle est sous-jacente la baisse de niveau du secondaire au supérieur.

Cette révision qui n’a pas révélé tous ses secrets se prépare depuis le mois de février. Le marché de l’emploi en est le principal baromètre. Une cellule de suivi du marché de l’emploi a été mise en place au sein du ministère de l’Enseignement supérieur, qui travaille en collaboration avec les observatoires d’employabilité relevant des différentes universités. Cette cellule suit la bourse de l’emploi au jour le jour, en coordination avec le ministère de l’Emploi et l’Agence nationale pour l’Emploi et le Travail indépendant. But ultime : une meilleure synchronisation entre emploi et formation.

 

Commentaires 

 
#12 Aujourd'hui
Ecrit par la connaissance     23-06-2010 15:45
Bonjour à vous tous,
Aujourd’hui, le niveau scolaire en Tunisie a atteint son niveau le plus bas, certains lycéens que je prends en été pour travailler (JOB d’ETE) ne savent pas lire correctement que ce soit en arabe ou en français.
Ma grande mère qui a passé son bac en 1961 parle mieux le français et l’arabe qu’un étudiant qui a aujourd’hui un master, c’est vraiment dommage.
De plus si on pouvait laisser les professionnelles faire leur travail une fois pour toute je pense qu’on avancerait plus vite et dans le bon sens.
 
 
+1 #11 RE: Tunisie/LMD : l’université revoit sa copie
Ecrit par Ecoutez les     21-06-2010 08:12
Le probléme -grave- n'est pas là!
Tout ce qu'on dit maintenant sur l'echec de la réforme a été déjà dit et redit par les gens du métier: ce sont les premiers à tirer les sonnettes d'alarme... et depuis la mise en place du LMD. Un seul exmple: la nécessité d'un tronc commun pour tous les bacheliers.Cela semblait évident mais les responsbales ne voulaient pas écouter! Pourqoui ?
Alors la question n'est pas : comment nous en sommes arrivés là aprés 4 années de réforme ? La question est pourquoi nous en sommes arrivés là ?
Il faut tirer les leçons: d'abord pour demander des comptes, car trois ou quatre promotions LMD sont perdus! Et puis comment faire pour que les mêmes erreurs ne se répétent plus! La réponse est pourant à la fois trés simple et extrêmement difficle:Ecoutez les, écoutons les gens du métier! Arrêtez de politiser des questions aussi cruciales que l'éducation et l'université!
Optez pour la compétence au lieu de l'allégeance!Cessez de jouer avec l'avenir de notre pays!
 
 
#10 Retour aux sources
Ecrit par Tounsi2     19-06-2010 07:37
Il faut retourner au programme des années 1960 du meilleur ministre de l'éducation qu'à jamais connu la Tunisie, avec la ré instauration du concours du 6em primaire.
Jusqu'à maintenant même ceux qui n'ont pas eu le sixième de ces années là écrivent et calculent mieux que les 6 em secondaires actuels!!!
Ceux qui ne savent pas écrire en Arabe ou en Français et ne savent pas calculer qu'ils fassent les boulots qui leurs incombent ("Mrammagi", berger, éboueur, ouvrier agricole,gardien dont nous avons tellement besoin...)et n'encombrent pas, et ne fatiguent pas inutilement les lycées ensuite les facultés.
 
 
#9 École publique Vs Ecole privée
Ecrit par Mahdi     18-06-2010 18:21
examen de la 6eme année primaie : une année oui une année non et une c est facultatif

examen du Brevet au secondaire : une année oui une année non et une c est facultatif

examen du Bac : 30% par ci, 20% par la et tout le monde a son Bac

université : chaque 3 ans une bonne réforme.

A quand une stratégie de l'éducation en Tunisie ?:Réponse:
(le jour ou leurs enfants iront a l'école publique)
 
 
#8 d'accord avec dali
Ecrit par enseignant     18-06-2010 17:36
M. Dali, je partage entièrement votre façon de voir les choses; il faudrait en plus réhabiliter les sciences exactes pour les littéraires et les lettres pour les sciences. Revenir en quelque sorte à ce qui existait dans les années 1960 et qui a produit de bons résultats. On n'a rien trouvé de mieux depuis. Exiger un niveau linguistique correct. J'enseigne à la fac; je sais que c'est. C'est une faillite qui ne veut pas dire son nom.....
 
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