Islam et démocratie, quelle combinaison pour une société moderne?

Publié le Dimanche 26 Juin 2011 à 15:34
L’Association de Vigilance et d’Engagement pour la révolution Tunisienne et son Immunité (Averti), et Notorious Consulting, ont organisé, hier et aujourd’hui, un colloque international intitulé « La liberté, la démocratie et la question religieuse ». Un titre qui appelle d’emblée à la polémique dans  un pays comme la Tunisie, où la religion fait partie du quotidien sans pour autant susciter de débat particulier.

Il faut dire que tous ceux qui désiraient politiser la religion avaient été violement réprimés depuis l’indépendance. Après la révolution du 14 janvier, la donne a changé. Un Etat démocratique veut que toutes les composantes de la société participent à la vie politique. C’est alors que depuis l’annonce de la date des élections d’une assemblée constituante qui sera en charge d’élaborer une nouvelle constitution, le milieu intellectuel est en ébullition. Scindé en deux : il y a ceux qui sont attachés à l’identité arabo-musulmane qui doit figurer dans la constitution, et ceux qui  défendent le droit à un Etat séculier.

Le débat tourne parfois à l’affrontement, là où nous n’avions pas l’habitude de nous douter ni de notre culture, ni de notre identité.  Lors de cette rencontre qui a voulu aborder le sujet sans détours, des penseurs, sociologues et philosophes de tous bords ont planché sur le mariage entre la religion et la démocratie. 

Au premier jour du colloque, le philosophe Abu Yaareb Marzouki a abordé la question religieuse telle que définie dans la philosophie. Selon lui le passage du rien vers la vie et  de la vie vers la mort ne suffisent pas  à l’Homme et il en cherche l’origine. Il définit la notion le divin comme étant quelque chose de sublime, que l’on n’arrive pas à décrire. «Comme des vagues déchainées suite à un tsunami », dit-il, avant d’ajouter : «Ce qui est plus important c’est que l’on confonde la  politique au religieux. Tout Etat qui tend vers le religieux et la politique, devient despotisme religieux et démocratie politique». Selon lui, si l’occident a entamé des réformes politiques qui avaient permis de séparer l’Etat de l’église c’est parce que le pouvoir spirituel de l’église devenait temporel. « L’homme politique ne doit pas s’immiscer dans la religion du citoyen, mais le citoyen doit s’immiscer dans la religion de l’homme politique, même si il est agnostique ou athéé». Une idée que certains dans l’assistance ne cautionnent pas. L’essayiste Noura Borsali, lui répond «Je trouve dangereux que l’on ait son avis sur la confession de l’homme politique. Qu’il est obligation d’avoir une telle confession et pas une autre ».  

L’Islam étant la religion prédominante en Tunisie, la question est ; qu’en est-il de la démocratie en Islam aujourd’hui ? Ce à quoi à répondu le philosophe tunisien Mohamed Ali Halouani par : « Une impression qui m’est propre : les questions en liaison avec l’Islam n’ont pas eu d’approche moderne…Il faudrait lire l’histoire non pas par les coordonnées de l’époque mais par rapport à aujourd’hui. C’est ce qu’on appelle la récurrence. Je propose que la modernité examine le corpus religieux. Les théologiens et philosophes doivent discuter de ces tâches ». 
 
Selon le penseur Egyptien, Adel Rifâat lorsque la religion régit la vie politique, « tout est scellé d’avance. Il n’y a pas de libre arbitre, c’est la fatalité, parce que le pouvoir des politique est légitimé par Dieu ». La pensée philosophique estime que si l’exercice de la politique s’appuie sur le texte religieux, comme texte ultime, il rapproche l’homme politique de la position divine et donc un droit absolu sur tout. Le professeur de sciences politiques au Caire, Hilmi Chaaraoui, appelle dans son exposé au développement de la  conscience populaire. Cette même conscience qui a aidé les peuples à se soulever contre les dictatures et à vouloir un avenir meilleur. L’avenir meilleur qui doit émaner d’un projet social qui répond aux aspirations des individus.

Il a évoqué l’exemple des frères musulmans qui occupent une grande place en Egypte mais qui selon lui pourraient être encore plus efficaces s’ils avaient un programme social d’utilité nationale. Cette rencontre n’a pas porté de jugement particulier sur la question religieuse, sur le degré de véracité des religions en général et de l’Islam en particulier. Elle ressemble plus à une forme de militantisme, pour la séparation de l’aspect religieux de l’exercice politique, qui incite à laisser la foi du ressort de la sphère privée.

Chiraz Kefi
 
 

Commentaires 

 
-15 #21 RE: Islam et démocratie, quelle combinaison pour une société moderne?
Ecrit par lecteur     01-07-2011 15:17
tous les citoyens sont égaux devant la loi.
la liberté des uns s'arrête là où commence celle des autres.
 
 
+18 #20 Où il est question de sionisme et laïcité.
Ecrit par Musulman.     01-07-2011 11:28
@Ben Whirlpool

Herzl avait écrit Der Judenstaat et avait insisté personnellement pour qu’il soit traduit en The Jewish State et en l’état juif. Aussi, Ben Gourion avait proclamé la constitution de l’état juif. Tous les deux prônaient un état religieux et n’étaient nullement laïcs.

La laïcité ne protège que la mécréance. Y a-t-il un vrai christianisme en France ou en Allemagne ?

En Islam, la foi sincère, fidèle et profonde étend son champ d’action de l’individuel vers les sociétés et les communautés si bien que l’Islam ne se contente pas d’être une religion individuelle mais aussi sociale.
 
 
-18 #19 Sionisme et laïcité
Ecrit par Ben Whirlpool     29-06-2011 20:33
Cher Musulman, je suis en effet "sioniste" dans la mesure où je défends l'existence d'un état juif (à supposer que cela veuille dire quelque chose...), tout simplement parce qu'il me semble qu'il y a suffisamment d'états arabes pour qu'il y ait un état juif. En outre, je reconnais que je préfère encore que Jérusalem soit administré par des juifs que par des musulmans, mais mon "sionisme" s'arrête là.

Notez au passage que les sionistes historiques (Herzl, Ben Gourion...) étaient d'authentiques laïcs. Le fait que l'état d'Israël soit gangréné lui aussi par le fondamentalisme et les partis religieux est relativement récent... Bien sûr qu'Israël vient du nom du patriarche Jacob (ce n'est pas un prophète) mais ce n'est pas pour ça que cet état est religieux: nombre de ses citoyens sont des "juifs athées", pour étrange que cela puisse paraître.

Mais nous nous écartons du sujet: ce qui m'intéresse, moi, c'est que la laïcité protège la France, et dans cette mesure, elle s'applique à tous (musulmans, juifs, chrétiens, etc.). Je ne comprends pourquoi vous dites que "je rejette la laïcité pour les sionistes": je déplore que des juifs et des musulmans en France cèdent au communautarisme et affichent des signes ostentatoires.

Quant à Israël ou à la Tunisie, vous faites bien chez vous comme vous l'entendez: ce que je dis c'est que quand une religion est religion d'état, quand elle régente tout, elle y perd son âme. Parce que dans une telle société, qu'elle soit juive, musulmane ou chrétienne, chaque citoyen a intérêt à s'afficher comme juif, musulman, ou chrétien; alors que la religion devrait être une question de foi sincère, désintéressée, elle devient une question pragmatique, intéressée, dans de telles sociétés.
 
 
+16 #18 L'Islam est indissociable de la politique.
Ecrit par Musulman.     29-06-2011 12:45
@groseille

Rien qu'à examiner l'exégèse de La Fatiha, on s'aperçoit que l'Islam ne contente pas d'être une religion individuelle (comme le prétendent faussement les occidentaux) mais aussi et également une religion sociale.

Dieu Dit : ألا له الخلق والأمر.

De ce fait, diriger les sociétés devra obéir aux préceptes de l'Islam et la politique sera indissociable de l'Islam. Sachez qu'il existe beaucoup de versets et Hadiths franchement politiques.

Pour gouverner des musulmans on doit être un musulman connaissant bien l'Islam et le pratiquant bien.
 
 
+17 #17 L'Islam dirige tout.
Ecrit par Musulman.     29-06-2011 12:36
@ridha

La foi Islamique est le moteur le plus fort du progrès à condition de bien pratiquer l'Islam.
 
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