I Watch : 62% des jeunes ne participeraient pas aux élections municipales

Publié le Vendredi 20 Novembre 2015 à 17:00
Une vue de la conférence d'I WatchAprès presque cinq ans, les jeunes qui ont déclenché la révolution restent marginalisés. I watch a réalisé une enquête pour comprendre les raisons qui les ont poussés à boycotter les élections. Ce qu’ils pensent de la démocratie participative et s’ils sont prêts à participer aux municipales

L’enquête a été faite dans huit gouvernorats à savoir Bizerte, Gafsa, Kairouan, Le Kef, Sidi Bouzid, Medenine, Sousse et  Zaghouan. Le rapport d’I Watch révèle d’emblée une contradiction. En effet, interrogés sur leur propre avenir, 34% des jeunes ont affirmé être tout à fait « optimistes » mais ils sont 37% à reconnaitre qu’ils sont « tout à fait pessimistes » quant à l’avenir de leurs régions et du pays.

Quant au sentiment d’appartenance et d’attachement au pays, c’est plus rassurant. L’enquête révèle que 86% ont favorablement répondu. Le taux le plus élevé a été enregistré à Bizerte (90%), suivi de Kairouan (87) et Gafsa (86%). Le taux le plus faible a été enregistré au Kef : 28%.

A quelques mois des futures élections municipales, les jeunes tunisiens restent divisés. Malgré l’abondance des programmes de sensibilisation, seulement 38% d’entre eux comptent participer. 31% sont encore incertains et 31% vont les boycotter, soit un total de 62%. Un chiffre "effrayant", selon I Watch. Toutefois, la sensibilité au vote est nettement supérieure chez les jeunes de (30 à 35 ans) avec un taux de 53%, contre seulement 33% chez les 18-23 ans. Explication de Mouheb Garoui : « Ce n’est pas surprenant. Les jeunes sont intelligents. Ils ont compris qu’ils ont été exploités et refusent d’être traités uniquement comme des pions pour arriver au pouvoir».

Mouheb Garoui d’I Watch souligne ensuite : « La Démocratie participative ? Ces termes restent méconnus, malgré tous les efforts consentis par les organisations de la société civile. En effet 70% des jeunes interrogés n’ont aucune idée de ce que cela veut dire ». Garoui souligne ensuite que le peuple en général et les jeunes en particulier n’ont pas confiance en la classe politique, mais aussi les médias et les composantes de la société civile ». Le membre d’I Watch rappelle tout de même qu’une fois le concept de la Démocratie Participative expliqué, 52% des jeunes seraient prêts à le promouvoir.

I Watch souligne qu’un des plus gros problèmes reste les « promesses non tenues » de la part des gouvernements successifs. La solution n’est pas forcément de les respecter, mais d’essayer de faire de promesses « raisonnables », a affirmé Mouheb Garoui, qui poursuit : « Il y a une rupture entre les priorités du gouvernement et ceux des jeunes. D’une part, les dirigeants placent la lutte contre le terrorisme en tête de leur agenda, alors que les jeunes veulent d'abord travailler ». Et voici dans l’ordre, dossiers les plus urgents à traiter selon l'enquête d'I Watch :

La lutte contre le chômage : 47%
Développement régional et amélioration de l’infrastructure : 12%
Lutte contre la violence et le terrorisme : 10%
Amélioration du niveau de vie : 9%
Education : 4%
Lutte contre la corruption : 4%

I Watch a terminé en appelant tout le monde à respecter davantage la jeunesse du pays et souligne aussi l'importance de la communication autour des problèmes qui les concerne le plus, sinon, les jeunes vont encore une fois continuer leur boycott des élections, ce qui serait très négatif pour l'avenir de la Tunisie.

Selim Slimi