Tunisie/Hamma Hammami : "Plusieurs femmes voilées adhèrent au PCOT"

Publié le Dimanche 12 Juin 2011 à 15:00


 
Hamma Hammami l’un des symboles de la résistance au régime déchu, sorti de la clandestinité depuis le 14 janvier, demeure farouchement attaché à ses idéaux et principes. A ses yeux, il serait faux de dire que le communisme est enterré ; "l’effondrement de l’ex-URSS n’est que l’échec d’une expérience". Invité vendredi dernier des rencontres politiques de Gnet, le fondateur et dirigeant du Parti Communiste Ouvrier tunisien (PCOT), répond à nos questions sur le report des élections, les conflits tribaux à Metlaoui, ses choix économiques, son modèle de société, ses rapports avec Ennahdha…

Avant de se livrer au jeu des questions/réponses, Hamma Hammami appelle son épouse, Me Radhia Nasraoui, histoire de s’enquérir de ses nouvelles et de chercher auprès d’elle inspiration et réconfort. Le chef du PCOT qui vient d’obtenir une victoire par rapport à ses adversaires, en voyant son vœu pour le report des élections exaucer, rappelle : "dès le début, nous avons demandé le report des élections au mois octobre ; ce n’est pas pour des raisons partisanes, mais pour des raisons objectives. Les partis qui ont été contre le report sont animés par des objectifs partisans, ils se croyaient mieux préparés que d’autres". Les élections en elles-mêmes ne sont pas une fin en soi, dit-il en substance, "notre objectif est d’asseoir sur des bases solides une véritable démocratie en Tunisie".

Le PCOT a maintenant plus de temps pour se préparer à cette échéance électorale et a déjà tenu des réunions publiques dans une quinzaine de régions qui se sont très bien passées. "Nous avons remarqué que les Tunisiens veulent connaitre le PCOT. Des milliers de citoyens veulent y adhérer, parmi eux beaucoup de femmes voilées. Le voile n’indique pas automatiquement l’appartenance politique à un parti religieux, ces femmes avaient une idée fausse de ce que  propose le PCOT, surtout au niveau de la question de l’identité et de la religion. Elles disent que nous étions avec vous sur le plan social et politique, mais avons de fausses idées sur votre conception de la relation Etat/religion. Nous considérons que le PCOT nous donne plus de garanties même au niveau de  la liberté de conscience, qu’Ennahdha ou autres".

Hamma Hammami   Fondateur, dirigeant et porte-parole officiel du PCOT.

"L'Etat doit garantir la liberté de conscience"
Hamma Hammami dit considérer l’Islam comme la religion de la majorité absolue du peuple tunisien. "Un parti politique qui se respecte et qui veut diriger un pays, doit respecter la religion de son peuple. Le problème ne se pose pas au niveau de la reconnaissance de l’Islam en tant que religion de cette société, mais au niveau du rapport Etat/Religion. Pour nous le rapport Etat/Religion appartient au champ politique, donc au champ des libertés, des droits humains et de la démocratie. Dire que je suis arabo-musulman ne peut pas définir ma position sociale et politique. D’où notre appel à la séparation entre Etat et religion pour garantir la liberté de conscience. Si l’Etat intervient pour diriger la conscience des citoyens, ou pour diviser les citoyens selon leur conscience, leur région et leurs convictions, on ne va pas aboutir à un Etat démocratique",

Le PCOT prône "un Etat civil et démocratique qui doit veiller à la liberté de conscience, protéger les croyants, leur offrir les meilleures conditions pour pratiquer leur religion". Les imams peuvent élire démocratiquement un conseil pour gérer les affaires religieuses, suggère-t-il. "L’Islam, c’est la foi, la foi est une affaire personnelle, c’est aussi la chariaa qui est l’œuvre des  fuqaha (jurisconsultes), et est liée aux conditions concrètes historiques bien déterminées. L’islam est une civilisation, et comme toute civilisation, il comprend des choses positives et négatives, nous sommes pour le maintien de tout ce qu’il a de positif".

"Nous sommes en désaccord avec la non-reconnaissance du parti Ettahrir "

"Il y a des partis politiques qui veulent semer la confusion en parlant d’une alliance PCOT/Ennahdha, déplore Hamma Hammami qui évoque une campagne ambivalente sur Facebook, "lorsqu’on veut faire peur au peuple on leur dit que le PCOT est un a parti athée, et lorsqu’on veut faire peur aux femmes et aux jeunes, on leur dit que le PCOT est un allié avec Ennahdha. Le PCOT n’a jamais fait d’alliance sous la table, mais en tant que parti, ça arrive que nos militants se trouvent dans des réunions avec Ennahdha. Dernièrement à Essouassi, nous nous sommes retrouvés avec des militants du parti Ettahrir, d’Ennahdha et des salafistes, l’essentiel c’est de discuter, d’user d’arguments et d’armes intellectuelles". Le chef du PCOT dit entretenir avec le Président d’Ennahdha, Rached Ghannouchi, des rapports de respect, "je l’ai vu une seule fois dans ma vie, le jour où on est passé à la télé".

"On peut qualifier Ennahdha de parti réactionnaire, on peut même faire sa propre propagande  contre Ennahdha en tant que parti politique qui peut mettre en danger les acquis. Mais, il y a une différence entre mener un combat politique, un combat d’idées contre un autre parti et être éradicateur, nous sommes contre l’éradication, si on éradique Ennahda aujourd’hui, rien n’empêche que l’on n’éradique pas demain le PCOT, le PDP ou autres. Nous avons exprimé notre désaccord sur la non-reconnaissance du parti Ettahrir. Un parti qui a des idées, qu’il les défende et que le débat soit mené publiquement entre partis politiques", préconise-t-il.

Les conflits tribaux, ce n’est pas à Metlaoui qu’ils se posent de la manière la plus aigüe, selon Hamma Hammami, qui impute la résurgence du tribalisme dans la région aux forces contre-révolutionnaires. "Ces forces ont essayé de semer le désordre et de faire un chantage aux Tunisiens, soit le désordre soit la sécurité". Pour le chef du PCOT, "on ne peut pas résoudre ce problème tribal sans la résolution des causes sociales profondes, la pauvreté, l’absence d’un plan de développement régional, et l’absence de liberté et de démocratie". Il appelle à réserver une partie des rentrées d’argent du phosphate au développement de la région, et à constituer une commission d’enquête indépendante, pour rendre compte à la région et au peuple tunisien de tout ce qui s’est passé.

"Une campagne de dénigrement contre le PCOT du Nord au Sud"
Hamma Hammami estime que son parti a fait l’objet d’une campagne de dénigrement du Nord au Sud, notamment à Siliana où il dit avoir été accusé par le Premier ministre, Béji Caïd Essebsi, d’y être derrière les actes de violence et de pillage. "J’aurais aimé que le Premier ministre accuse expressément le PCOT, mais à Siliana, aucun de nos militants n’a été arrêté, lorsqu’il y a un dossier pareil pourquoi, il n’y a pas de commission d’enquête". Et d'ajouter : "de point de vue du principe,  nous ne pouvons pas porter atteinte aux intérêts des commerçants, d’ouvriers, ce sont des gens que nous défendons. Caïd Essebsi a accusé ceux qui sont pour le report des élections, de freiner le processus de transition démocratique, et maintenant c’est lui qui confirme ce report".

Pour ce partisan impénitent de Karl Marx : "On ne peut pas dire que le communisme a été enterré, les expériences qui ont échoué ce n’est pas le communisme, l’idéal de justice sociale ne peut jamais être enterré. Le communisme est un projet de société,  la dernière crise du capitalisme a de nouveau remis en question le capitalisme en tant que civilisation qui doit être remplacée" . Et de renchérir : "On ne peut pas traiter l’histoire de cette manière. Cette lutte entre le monde du travail et le monde du capital, ce n’est pas quelque chose de linéaire, ce sont des confrontations entre les deux mondes. Il ne faut pas croire que ces nouveaux esclaves des temps modernes vont vaincre, une fois pour toute, leur oppresseur. Il faut éviter le schématisme, toute expérience humaine à des côtés positif et négatif".

"Nous sommes contre les affairistes qui ne respectent pas les droits des travailleurs"
"La politique libérale suivie en Tunisie avait pour conséquences le pillage du pays, la corruption, l’exploitation féroce, le chômage, l’exclusion"...regrette-il. "Nous sommes pour que la Tunisie ait des relations avec le monde extérieur, mais pourvu qu’elles soient fixées selon la base des besoins de notre propre développement national, sinon on va rester dans la dépendance". Il récuse avoir prôné un régime à la libyenne de type Jamahiriya, qualifiant le régime libyen "de despotique et de caricature de la démocratie populaire". Hamma Hammami appelle "à l’expropriation des pilleurs de la Tunisie à l’instar des Ben Ali et des Trabelsi, ceux qui ont fondé des sociétés en pillant, l’expropriation des  Abderrahim Zouari et Ganzouï qui ont transformé des terres domaniales en simples fermes de campagne pour aller passer le week-end. Nous sommes contre les affairistes qui n’investissent pas pour la production, pour l’emploi et qui ne respectent pas les droits des travailleurs".

Le porte-parole officiel du PCOT prône "le pouvoir au peuple par le biais des élections systématiques à tous les niveaux national régional et local, les formes de démocratie directe à l’instar de Kasbah un et deux,   repris en Espagne, au Japon, la décentralisation du pouvoir et la promotion de la démocratie locale".

S’agissant de son appel à armer la population, il dit que cette phrase a été sortie de son contexte, et qu’il n’a jamais appelé à arracher les armes des policiers pour les distribuer à la population. "Nous sommes pour une nouvelle doctrine sécuritaire pour un Etat démocratique. La sécurité d’un pays ne dépend pas du nombre de ses policiers. Nous voulons un agent de sécurité qui soit au service du peuple et de la Tunisie et un appareil sécuritaire qui soit soumis aux instances élues par le peuple".
H.J.

 

Commentaires 

 
-17 #21 RE: Tunisie/Hamma Hammami : "Plusieurs femmes voilées adhèrent au PCOT"
Ecrit par el manchou     22-06-2011 09:15
Hamma président et la Tunisie connaitra le même essor social, économique, politique.. que cuba et la corée du nord.
Le communisme c'est juste 100 millions de morts.
 
 
#20 RE: Tunisie/Hamma Hammami : "Plusieurs femmes voilées adhèrent au PCOT"
Ecrit par Lilia     19-06-2011 22:45
  Cher monsieur, j'ai beaucoup de respect pour chaque militant tunisien, mais excuser ma curieusité: quelles sont vos preuves que mr Zouari a pu exproprier des terrains afin de "transformé des terres domaniales en simples fermes de campagne pour aller passer le week-end." vous avez toujours subi du temps de ben ali les calomnies, il ne faudrait pas faire les memes erreurs une fois que la popularité vous gagne... Je vous affirme et confirme que mr Abderrahim Zouari n'a en aucun cas eu recours a ces pratiques... Par ailleurs si vous etes dans la capacité de me fournir les preuves necessaires qui confirmemaient vos dires je vous prie de bien vouloir me les communiquer. 
 
 
#19 Bla Bla Bla
Ecrit par selma     19-06-2011 17:53
Je ne comprends pas cet homme, il me semble qu'il ne sert pas l'intérêt du peuple. Le retard renforce la position d'un Gouvernement branche de l'ancien Régime Criminel Dictatorial. Alors sort de là... de ce jeu
 
 
#18 un avis comme les autres
Ecrit par dghaies fethi     18-06-2011 11:19
la vrai democratie comme une course tous les coureurs doivent partir du la meme ligne le meme point de depart
donc a la naissance l etat doit prendre encharge un fetus ou un bebe si vous voulait -bellfalaki- l etat doit garentir au fetus ou au beeb la sante=soins et medicamament gratuit a la naisaance nourriture et soins gratuit foyer pour lui et ca mere un foyer convenable propre avec l eau chaude gratuit transport pour l hopital gratuit deoin de vivre de prmiere necessite tel que le lait et l eau et quelques fruits gratuit quand on dit gratuit c-a-d payer par l etat et non pas oblige les parents a voler ou a se prostituer pour faire vivre leurs bebe ou demader -essadaqua- le moine - non on doit initeire les gens a les faire habituer les gens a vivre en DIGNETE - elkarama- TOUT REGIME qui offre ces privileges a tout fetus et a tout bebe et a toutr mere moi j addere avec ce regime meme si je meurt pour le defendre tu lui donne un non SOCIALISME ou CAPITALISME ou COMMUNISME ou ENNAHDA ou ETTAHRIR ou effak OU OUETTAD
peut importe le titre peut importe mr HAMMA HMMAMI ou mr chokri be aid ou mr rached el ghannouchi ou mr abdelfattah mourou ou le premier ministre du du transport qui vient de demissionner hier ou mr merzoki ou me eccebbi ou mr brahim
ou HERIMNE on a besoin de la pratique du parti et de leur militant et les faire suivre quotidiennement controler leur acte naturel avec leur collegues avec leur voisins avec les membres de leur famille en dehors de leur endroit et environnement habituelle en dehors de la tunisie comparer toujours leurs acte quotidien leur paroles et leurs ecrits
et on jugera apres quel parti et quel personne aussi j ai oublie critiquer et verifier leur passer jour par jour depuis leur naissance on reviet au debut qu il on eu l age de la maturite disons 08 ans POUR NE PAS RETOMBER DANS le chiffre 07
signe dghaies fethi cytoyen tunisien
 
 
#17 critique
Ecrit par tunisien     16-06-2011 12:02
avec tout mes respects a Mr hamma et a son militantisme a l’époque de ZABA et même avant ZABA,je ponce que le poct n'a pas su trouvé sa place sur échiquier politique d’après révolution; c'est vrais que le POCT avais ds le temps ds certain milieu estudiantine et syndicale et il est entrain de les prétendre aujourd'hui mais cela ne suffit pas de nos jour c est dommage que Mr hamma sort de la grande porte je ponce que sa place n est pas avec ennahda elle est plut tot avec le centre politique tel que ettajdid,PDP, takatol, chokri bel aid et tous les démocrates réaliste qui cherchent a instauré une vais démocratie je ne ponce pas qu ils est capable de pouvoir faire qq chose avec ennahda, ettahrir et les salafistes .
 
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