Tunisie/Fonds détournés : IWatch dénonce une absence de volonté politique

Publié le Vendredi 30 Janvier 2015 à 17:32
Vue de la ConférenceMouheb Garoui, directeur exécutif de l’association Iwatch, est revenu ce vendredi, lors d’une conférence sur le recouvrement des avoirs mal acquis, sur les différentes actions menées par l’association pour servir la cause. « L’année dernière il n’y a pas eu d’évolution à ce sujet, vu que ce n’était pas une des priorités du gouvernement de technocrates », a-t-il dit.

Il a précisé que IWatch s’était réunie avec plusieurs responsables, notamment de la Banque Centrale et de la Présidence de la République, pour débattre du sujet, mais aussi avec l’ambassade de France en Tunisie, le ministère des Affaires étrangères, le ministère de la Justice, ainsi que des associations internationales comme Amnesty International.

Le législateur n’avait pas de volonté claire à ce sujet. «Même la vision politique et stratégique n’était ni convaincante ni sérieuse », a-il, dit avant d’ajouter « …Aux Philippines par exemple, le processus de recouvrement des fonds mal acquis avait pris 30 ans…Ils étaient mobilisés pendant toutes ces années, et ils ont réussi à en récupérer une grande partie. Mais malheureusement, durant ces 4 dernières années, la Tunisie n’a réussi à récupérer que 28 millions de dinars, ce qui ne représente qu’une goutte d’eau dans un océan ».

Garoui s’est par ailleurs interrogé sur le sort des fonds récupérés, et sur la transparence des opérations de recouvrement. « Personne n’a de réponse à cette question. Nous avons contacté la Banque Centrale et le ministère des Finances, et ils nous ont dit que les 28 millions de dinars ont été injectés dans le budget de l’Etat et qu’ils auraient probablement servi à payer des salaires ou des dépenses… », a-t-il souligné. Pour une transparence optimale, IWatch propose la création d’un fonds spécial pour les avoirs mal acquis récupérés.

«Que cet argent ne serve pas à payer des salaires, mais au développement régional, à la création d’emplois, et à l’investissement dans les régions défavorisées…Nous avons eu des entretiens avec des responsables suisses, qui ont été favorables pour que cet argent soit investi dans le développement… ce qui les encourage à faire pression sur les banques suisses détentrice de ces fonds », a déclaré Mouheb Garoui.

Il a à maintes reprises dénoncé « l’absence d’une volonté politique », concernant le sujet, ainsi que l’instabilité politique par laquelle est passée le pays et ayant empêché un suivi efficace du dossier.

En avril 2014, la Suisse avait décidé de débloquer la somme de 74 millions de dinars appartenant à la famille proche de Ben Ali, pour permettre sa restitution à la Tunisie, quand un retournement de situation a eu lieu au mois de décembre de la même année. L’argent a été de nouveau bloqué, quand Belhassen Trabelsi, gendre de Ben Ali avait intenté un recours en justice.

En Novembre 2014, la Tunisie avait présidé la conférence arabe pour la restitution des fonds mal acquis, auquel ont participé plusieurs pays.  « Sept recommandations majeures ont été formulées par la société civile lors de cet évènement. Parmi les plus importantes, je cite celle d’organiser des consultations entre les autorités et tous les organismes concernés afin de mettre en place des mécanismes efficaces pour la gestion des fonds restitués. Mais aussi l’importance de mettre en place un cadre pour le bon déroulement de l’opération avec la protection des personnes dénonçant la corruption et la malversation… », a-t-il dit.

Entre 2011 et 2012, le gouvernement organisait périodiquement un rendez-vous avec la presse pour faire le point sur la question du recouvrement des fonds mal acquis, « mais depuis deux ans, plus rien…nous avons demandé à ce que de nouveaux canaux de communication soit établis entre les autorités et les associations, ce à quoi les autorités ne se sont pas opposées », selon le militant Iwatch, mais sans que cela n’ait abouti à des solutions concrètes.

Il a relevé toutefois que l’expertise acquise durant ces dernières années par les différents intervenants tunisiens sur la question de la malversation, permettrait de mettre en place des mécanises de dissuasion et de prévention. D’après lui, une cellule parlementaire sera également formée au sein du parlement, s’appelant « parlementaires contre la malversation », et agira pour plus de transparence.

Souheil Aouidi, député Nidaa Tounes au sein de l’Assemblée des Représentants du Peuple, a exprimé, quant à lui, l’intention d’interroger, lors de son mandat, le gouvernement sur le sort des fonds restitués. « Mais en définitive, le sort des fonds et des bien mal acquis reste une décision politique. Il y a des partis qui veulent qu’ils demeurent sous la gestion de l’Etat, et d’autres qui prônent la privatisation…mais ce dossier est compliqué », a-t-il dit. Pour illustrer la complexité de la question, Aouidi évoque la question des terres récupérées par l’Etat après l’indépendance, mais qui ne sont pas encore exploitées, à cause d’une propriété revendiquée par plusieurs clans.
Chiraz Kefi

 

Commentaires 

 
#1 RE: Tunisie/Fonds détournés : IWatch dénonce une absence de volonté politique
Ecrit par Montygolikely     01-02-2015 12:52
Tu sais les bandits qui ont volé, il n'y que des méthodes de bandits pour les faire payer.
A titre d'exemple, tu envoies une bande de tueurs kidnapper la famille de Belhassen Trabelsi au Canada ou celle de Sakher El Materi aux Seychelles et tu lui demande de payer vite fait.
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