Tunisie/Entre la menace des inondations et le spectre de la sécheresse

Publié le Dimanche 18 Mars 2012 à 16:37
Le Centre de réflexion stratégique pour le développement du Nord-ouest a organisé samedi une conférence autour des régions sinistrées par les phénomènes naturels. Ce Think tank qui a vu le jour il y a près d’un an, est composé de cadres originaires des villes du Nord-Ouest qui travaillent sur la manière d’améliorer le sort de cette région défavorisée de la Tunisie. 

Entre les chutes de neige à Aïn Draham et les inondations dans le bassin de Medjerda, l'hiver 2012 a été lourd en conséquence pour les habitants de ces villes et de celles qui les entourent. « Au sein du Centre, nous voulons savoir ce qui s’est passé exactement, arrêter les ressources existantes pour lutter contre ces phénomènes. Le centre a suivi les évènements et prévoit une deuxième rencontre à Ain Draham  à la fin du mois avec la société civile pour discuter du sujet » a commencé Kamel Ayadi, fondateur du centre. 
Il a rappelé qu’après les inondations de Sfax de 1982, des dispositions ont été prises pour que cela ne se reproduise plus. « Paradoxalement, le nord-ouest, région dotée de la plus forte pluviométrie du pays, et celle réunissant quasiment toutes ses ressources hydrauliques, manque d’infrastructure pour la préserver des inondations. La capacité d’évacuation des eaux est passée de 1500 m3 /seconde à 250m3/seconde. Quand il a neigé à Aïn Draham, l’électricité a été coupé eparce qu’il n’y avait pas de groupes électrogènes », a relevé le directeur du centre. 
 
Mohamed Hedi Louati, directeur de la Direction Générale des Barrages et des Grands Travaux Hydrauliques, au Ministère de l’Agriculture et des Ressources hydrauliques précise qu’en Tunisie, il n’existe pas de plan de protection contre les inondations, de par les spécificités climatiques du pays : « dans les pays arides, on parle plutôt de gestion des inondations, pour minimiser leurs effets. La Tunisie a connu au moins une fois durant les 50 dernières années, un de ces phénomènes, à savoir l’inondation, la grêle et la sécheresse. Les effets négatifs de la sécheresse sont irréversibles, tandis que ceux  des inondations sont gérables. Une étude a révélé que trois années successives de sécheresse s’accompagnaient toujours par la chute d’un régime, puisqu’elles faisaient disparaitre 65% des agriculteurs », dit l’expert. 
 
Les crues constatées dans le bassin d’Oued Medjerda  sont celles de 1948, 1969, 1973, 2000, 2003 et 2012. «Par le passé, il était impossible d’ouvrir les vannes du barrage pour se prémunir contre les inondations. C’était condamner la région à la sécheresse l’année d’après.  On est tellement marqué par la sécheresse, que l’on ne pense qu’à la mobilisation de l’eau, plutôt qu’à la maintenance ». Par ailleurs,  pour contenir l’eau dans la région de Ghardimaou/Boussalem, l’une des plus touchées par les crues de Medjerda,  il n’existe aucun site valable pour faire construire un barrage, « c’est soit élargir le lit, soit construire des barrages de décharge », préconise Hedi Louati. Au même moment les raisons d’une plus forte crue à Boussalem qu’à Jendouba sont actuellement à l’étude.
 
Après les inondations de 2003, l’Etat tunisien a entamé un nombre de projets de prévention, après une consultation auprès d’experts japonais. « On garde toujours en tête qu’il peut y avoir une année de sécheresse après une année d’inondations. Trente mille hectares de terres dépendent d’Oued Medjerda. Si nous avions un service météorologique qui pourrait nous donner des précisions de quelques semaines, la tâche aurait été plus facile. C’est pour vider les barrages, et accueillir au mieux les pluies qui viendront. Mais nous n’avons que des prévisions de trois jours », explique le directeur.
 
Actuellement, l’Etat travaille sur un système de renforcement d’évacuation des personnes, avec l’instauration d’une unité de veille qui ne s’occupe que d’Oued Madjerda. Hedi Louati appelle également à ce qu’il y ait gestion des plaines inondées, « car certaines supportent les inondations pendant quelques semaines, et d’autres pas plus que quelques jours ». Pour ce faire, le bassin a été divisé en cinq parties,  une allant de la mer jusqu’au barrage Laâroussia, ensuite une partie allant jusqu’à Sidi Salem, de Sidi Salem à Maâlègue, ensuite vers Madjerda, et de Boussalem à Ghardimaou. Les coûts des projets qui sont actuellement à l’étude sont estimés à 700 millions de dinars.
Chiraz Kefi
 
 

Commentaires 

 
#3 Fonctionnaire Ministère Agriculture
Ecrit par Citoyen Tunisien     23-03-2012 11:40
Les 0.00% ont cru que la neige et les inondations vont provoquer des dégâts humains et matériels ce qui va t affaiblir le gouvernement actuel. Mais Dieux merci "la nature comme ils prétendaient" ne s'est pas associée à eux. Notre pays dispose actuellement d'un stock d'eau suffisant au mois pour les trois prochaines années et le ministère de l'agriculture et le gouvernement resteront tranquilles malgré que les aboies des chiens....
 
 
-1 #2 un peu de populisme
Ecrit par Royaliste     19-03-2012 15:53
Sous BenAli quand on avait des sécheresses répétés, les marchands de la religion disaient que D.eu nous punissait, aujourdhui sous le régne de l'extreme droite religieuse, malgré un déluge digne de Nouh (Noé), on n'entend plus ces corbeaux parler de punition divine :lol:

peut etre ils attendent que le Kalifa recoive les derniéres icharat rabbanias...
 
 
-2 #1 Toujours la mème chanson
Ecrit par Montygolikely     18-03-2012 22:53
C'est incroyable, tout de même, on a les solutions depuis des années et on ne fait que faire du "sur place" et on ne cesse pas, comme à l'accoutumée d'ailleurs, de pleurnicher...
 
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