Tunisie/Emploi : Des changements incontournables, pour préparer les métiers de demain

Publié le Jeudi 16 Novembre 2017 à 14:17
Une vue de la conférenceEn partenariat avec l’ITES et Konrad Adenauer Stiftung, l’UTICA a organisé, ce jeudi, une conférence autour des « métiers de demain ». Wided Bouchamaoui a mis l’accent sur l’obligation de progresser rapidement. Neji Jalloul appelle au changement : « Nous y sommes obligés. Notre vraie richesse, c’est l’intelligence de notre peuple. Pas les ressources naturelles ».


Cette manifestation a été organisée suite à une enquête réalisée par l’ITES (Institut Tunisien des Etudes Stratégiques) qui démontre que la Tunisie doit impérativement penser dès aujourd’hui à préparer les « employés de demain ». En effet, d’ici 2030, de nouveaux métiers vont apparaitre alors que d’autres n’existeront plus ou « seront fondamentalement restructurés », a souligné la président de l’UTICA, Wided Bouchamaoui qui a ensuite rappelé l’importance de l’évolution du système éducatif tunisien qui « ne répond plus aux exigences de nouveau monde ». Ellecite ensuite un chiffre important : " 65% des écoliers d'aujourd'hui, exerceront des métiers qui n'existent pas maintenant. Il faut donc se préparer et anticiper les tendances du futur".

« L’intelligence humaine est le vrai capital de la Tunisie. Baghdad était bien plus riche avant la découverte du pétrole. Il faut investir dans l’éducation et accepter le changement », a souligné le président de l’ITES, Neji Jalloul qui est inévitablement revenu sur son passe au ministère de l’Education : « J’ai voulu lancer un programme de numérisation de l’enseignement, mais il y a des gens réfractaires au changement qui nous ont toujours sorti des sujets secondaires pour freiner le développement ».
Pour Jalloul, 2030 se prépare maintenant. Le monde n’attendra pas que la Tunisie se mette à niveau. Le bouleversement des pratiques professionnelles est déjà d’actualité et « tout est à revoir de fond en comble », a-t-il précisé.

Mais que se passera-t-il dans deux décennies ? La réponse est donnée par Lamia Chaffai de l’ONG EFE (Education for Employment) : « La transition numérique aura un impact direct sur la gestion des ressources humaines. En effet, plus de la moitié des métiers existants disparaitront d’ici 2035 ». Elle précise ensuite que la digitalisation impactera la refonte de la structure professionnelle de nombreux domaines : « Les premiers qui subiront des changements radicaux seront le secteur bancaire et celui des RH. Viendront ensuite les médias, le tourisme, le commerce et les assurances ».

D’après une étude effectuée par France Stratégie, quelques 110 000 nouveaux emplois seront créés d’ici 2022. Environ 90% d’entre eux seront dans le secteur des TIC. Le résultat est quasiment immédiat sur les entreprises : « Avec un important écosystème de Start-up, les sociétés font de plus en plus appel à l’outsourcing », souligne Kais Hammami, conseiller auprès de l’ITES.

Ces changements porteraient, en principe, des solutions pour lutter contre le chômage. Mais cette problématique demeurera problématique tant que les décisions institutionnelles, obsolètes seront déterminés par un Etat rigide. Ce phénomène de mutation est déjà sensible en Tunisie : « Nous sommes en plein dedans et il faut rapidement agir », souligne Maha Meddeb de MEDRH.

De son côté, Lamia Chaffai a rappelé l’importance de la modernisation du cursus scolaire qui « ne sera pas capable, en son état actuel, de fournir des compétences utiles pour la Tunisie du futur ».

La directrice de EFE a affirmé qu’à l’étranger, les gouvernements travaillent déjà pour la formation de compétences pour les nouveaux métiers qui seront le résultat naturel de deux principaux facteurs : la digitalisation et le changement démographique. Lamia Chaffai insiste : « Maintenant, il faut arrêter de parler et être dans l’action pour qu’on n’accuse encore plus de retard ». Elle souligne ensuite un point primordial, qui doit absolument être pris en compte dans le cursus scolaire : « Il faut beaucoup travailler sur les compétences comportementales. Il faut de la créativité, de l’intelligence émotionnelle, de la bonne gestion des personnels. Nous avons déjà le savoir-faire, il faut apprendre le savoir être ».

De son côté, Maha Meddeb de MEDRH a rappelé qu’actuellement, les DRH « ne savent pas traiter les métiers de demain. C’est un sacré gros problème qui peut déboucher sur la fuite de nos compétences à l’étranger. Depuis quelques années, les compétences de quelques 90 000 tunisiens sont exploités à l’étranger, parce que notre pays est malheureusement incapable de s’adapter ».

Pour Mme Meddeb, deux solutions urgentes s’imposent : « Il faut absolument développer l’agilité et la flexibilité chez les employeurs. Ils ne peuvent pas rester rigide dans un monde qui change pour permettre aux employés d’être plus productifs et performants. La clé de la réussite des travailleurs de demain, c’est leur épanouissement ».

S.S