Tunisie/Elections : Mohamed Abbou prévient contre l’achat des voix (vidéo) |
Publié le Mercredi 19 Octobre 2011 à 14:15 |
"L’achat des voix constitue un grand danger pour la démocratie", déclare Mohamed Abbou, membre du bureau politique du Congrès pour la République (CPR). Invité mardi des rencontres politiques de Gnet, Me Abbou évoque la position du CPR quant à la durée et la mission de la constituante. Il s’explique sur les alliances postélectorales, et exclut qu’Ennahdha puisse avoir une majorité absolue qui dépasse les 50 %, lors des élections de l’assemblée nationale constituante. Réagissant à la diffusion du film Persépolis sur Nesma qui continue à faire des vagues, Me Abbou fait part de la position du CPR qui appelle à garantir la liberté d’expression et de critique, y compris la critique religieuse. "Mais, les libertés ont des limites, il n’y a pas de liberté absolue. La question est de savoir quand est-ce qu’on met ces limites et à quel niveau", dit-il en substance. "Même dans une société démocratique, il faut comprendre que pour préserver la paix sociale, la paix religieuse, la stabilité et les sentiments de la population, certaines expressions, séquences ou images qui touchent ces sentiments sont interdites", indique-t-il, fustigeant les réactions graves suscitées par cette diffusion. Au sujet de la campagne électorale qui touche à sa fin, Me Abbou estime que le dépassement le plus grave a trait à l’argent. "L’article 76 du décret-loi du 10 mai relatif à l’élection de l’assemblée constituante criminalise toute atteinte à la liberté de vote par la corruption financière. Le mouton fait partie de la corruption matérielle, ainsi que les prestations sociales, les sommes d’argent ou les quantités de pâtes distribuées dans des camions aux citoyens", déplore-t-il. "L’achat des voix constitue un grand danger pour la démocratie. Elle est le fait des partis créés après le 14 janvier, et même d’anciens partis. En l’absence des autorités pour mettre fin à ces pratiques, chacun d’entre nous qui se voit proposer de l’argent, ou assiste à une scène où il y achat de voix, doit dénoncer ces gens là". Le CPR est le seul parti parmi les douze formations présentes au sein de la haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution à ne pas signer le document de transition démocratique, car il a une vision autre de la mission et de la durée de l’assemblée constituante qui doit siéger pendant trois ans. "Cette affaire est intervenue dans un contexte déterminé, au moment où des gens appelaient à un référendum", explique Me Abbou. "Des personnes voulaient semer le trouble dans le pays, et nous en avions les preuves, dont des hommes d’affaires corrompus, auxquels se sont alliés certains politiques". "Nous avons pensé leur couper l’herbe sous les pieds et préconisé un accord sur une échéance déterminée pour l’élaboration de la constitution. Yadh Ben Achour nous a contactés, comme il l’a fait avec les autres, mais la majorité au sein de notre parti, a jugé cette démarche inutile pour différentes considérations : tout d’abord qui dit qu’on va parvenir à respecter le délai d’une année ? Celui qui signe pour une année, doit s’y engager. Or, rien ne le garantit. L’idée au sein de notre parti est que notre pays a besoin d’une période constitutive et la constituante peut remplir ce rôle. Le CPR va défendre cette idée au sein de l’assemblée, mais s’il trouve que la majorité est contre, il peut y renoncer, ce n’est pas une question de vie et mort". Sur les pouvoirs de la constituante et ses rapports avec l’exécutif, Me Abbou estime que "la constituante aura au départ toutes les prérogatives, mais le jour où un gouvernement est choisi, il en sera indépendant". Selon la conception générale, "la constituante aura à choisir un Président de la République, à adopter une loi organisant les pouvoirs publics, et à élaborer un règlement intérieur. Nous espérons que tout cela ne dépassera pas un mois, au cours duquel le gouvernement actuel demeurera". Au sujet de l’alliance présumée entre le CPR et Ennahdha, Me Abbou dit envier l’intelligence de ceux qui étaient à l’origine de cette allégation. "C’est une idée intelligente, car ni les sympathisants d’Ennahdha, ni ses détracteurs ne voteront pour nous", dit-il, estimant "qu’Ennahdha suscite autant de sentiments de sympathie et d’adhésion, que de répulsion". "Le CPR n’a pas d’alliance avec Ennahdha", affirme ce membre de son bureau politique. "Ennahdha nous a invités, nous avons discuté avec eux, et avons soumis la question au bureau politique qui a décidé de ne pas faire des alliances en prévision des élections". Concernant les alliances postélectorales, il annonce que rien n’a été encore décidé, mais "nous nous n’allierons pas avec celui qui posera des conditions préalables à notre conception de la constitution sur des questions de principe, comme le fait de nous demander de ne pas mentionner dans la constitution le fait de ne pas toucher aux acquis de la femme. Nous rassurons les gens qui ont peur des alliances avec les islamistes ou autres que les questions de principe sont indiscutables pour nous", fait-il valoir, admettant qu’il ne peut y avoir de majorité au sein de la constituante sans coalition. Me Abbou estime que l’on est en train d’user du même discours que celui utilisé à l’époque de Ben Ali, soit l’amplification du poids d’Ennahdha. "Les plus grands détracteurs d’Ennahdha sont ceux qui lui font de la propagande", dit-il. Il exclut qu'Ennahdha, avec un système électoral comme le nôtre, puisse avoir une majorité absolue qui dépasse les 50 %, "c’est impossible". "Certains disent que dans les meilleurs des cas, le mouvement aura 25 %. Nous espérons qu’il aura moins que cela, qu'il sera présent parce qu’il représente une partie du peuple, les communistes doivent être également représentés. Mais espérons qu’aucune partie n’aura à dominer les autres". H.J.
|
Commentaires
Ecrit par Khammous 20-10-2011 22:27
2/ On ne peut cumuler les pouvoirs
3/ Une constituante est faite comme son nom l'indique pour rédiger une constitution Pour le cas du président elle doit rédiger D'ABORD une mini constitution puis passer à son application par des élections d'un président intérimaire Sinon un consensus pour désigner ou garder une personnalité de préférence à l'extérieure de l'assemblée.
Si le CPR assimile mieux ces vérités démocratiques il serait plus crédible.
Ecrit par Rikassab 20-10-2011 17:10
Ecrit par qqun 20-10-2011 03:14
Ecrit par Royaliste 19-10-2011 17:51
maintenant la reléve est assurée par les partis champignons...
et le Peuple prend, il tend la main et il reprend, celui qui paye le plus il a les faveurs de cette prostitué qui s'appelle Peuple
Ecrit par Hédi 19-10-2011 16:12
Deux poids deux mesures comme on dit. Dire non à ses ennemis c'est bien, mais il faut aussi savoir le dire à ses amis Mr Abbou!