Tunisie/ Education : Une réforme imminente en réponse à l'extrémisme

Publié le Mardi 19 Janvier 2016 à 17:17
Vue de la conférenceLors d’une conférence portant sur une approche éducative arabe de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme, organisée ce mardi par le syndicat général de l’enseignement secondaire et le ministère de l’Education, Nejib Zbidi, représentant du ministère, et membre de la commission de réforme de l’Education a déclaré que le rôle de l’enseignement est de mettre en place une stratégie de lutte contre l’extrémisme. « Nous avons travaillé de concert avec les ministères des Affaires Etrangères, de la Jeunesse et du Sport, des Affaires religieuses, des Affaires sociales, de la Femme et de l’Enfance, celui de la Justice et celui de l’Intérieur, afin d’élaborer une réforme la plus globale possible… », a-t-il dit.
 
L’expert en éducation a dressé le portrait de l’extrémiste type, avant de parler du rôle de l’éducation dans la lutte contre sa manifestation chez les jeunes.

Selon Zbidi, l’extrémisme nait « d’une idée déviante » qui se transforme du fantasme « en animosité destructrice envers l’environnement direct ». Il estime que le rôle de l’école est central, « puisqu’elle agît sur la pensée ». 

La pensée extrémiste se caractérise par des jugements de valeur binaires. « Elle fonctionne selon le halal (permis) ou le Haram (péché), et classe les gens en musulmans et impies, en apostats et croyants…la pensée extrémiste se caractérise aussi par la superficialité, a-t-il dit. L’extrémiste n’essaie pas d’aller au fond des questions complexes, c'est un esprit statique, averse au changement et à l’évolution », explique Zbidi. Il ajoutera que l’esprit extrémiste est enclin aux modes de vie obsolètes, « impressionné par des coutumes révolues comme la possession d’esclaves et de harems, ou des images historiques attrayantes et fantasmagoriques ». 
 
L’extrémisme se manifeste par le Takfir (accuser quelqu’un d’impiété), « alors que la théologie est ce qu’il y a de plus complexe et compliqué comme science », a expliqué Nejib Zbidi. 

Les porteurs de ces dogmes croient en un Etat du « Califat », où le pouvoir se transmet comme à l’époque du prophète de l’Islam, aux compagnons de celui-ci. « Les adeptes de l’esprit extrémiste sont donc portés sur l’exclusion de l’autre,  vivent toujours dans des groupes fermés, portent un regard obtus, unique, visent à généraliser les dispositions de l’Islam et s’attachent à celles qui les confortent dans leurs croyances qu’ils ne veulent pas changer», a-t-il ajouté.
 
« Avant de passer à la solution sécuritaire, on doit recourir à l’éducation pour changer les mentalités », a-t-il dit. Pour changer les mentalités, Zbidi a parlé de la nécessité de changer d’abord les lois et les législations. Il appelle à institutionnaliser « le principe d’équité » en donnant à l’individu « une importance, où il se sentira jouissant de toute sa dignité ». 

Dans ce travail de réforme de l’éducation, les responsables planchent sur l’amélioration des programmes éducatifs et la révision du système de sanctions, a affirmé Zbidi, «afin de passer d’une approche dissuasive vers une approche éducative".
 
Un cadre permanent pour le dialogue verra le jour dans quelques mois, a-t-il indiqué.  Il réunira la famille éducative autour des questions cruciales du secteur. 

Zbidi préconise que l’école rompe avec les méthodes d’enseignement verticales, et qu’elle aille vers un enseignement participatif où les élèves de plusieurs classes puissent communiquer et échanger. « La nouvelle école renforcera l’esprit d’autocritique et sera axée sur les sciences humaines et les arts, sur l’enseignement qui aide à construire des personnalités équilibrées dotées de positions modérées, et difficilement influençable », a-t-il souligné. 
 
A propos de cette réforme, le ministre de l’Education, Neji Jalloul a précisé : « Cette réforme est une nécessité nationale, et nous visons le maximum de consensus autour de ces changements. Les hausses des salaires et des ressources pour les enseignants en fait partie pour restituer ses lettres de noblesse à l’éducation. Celle-ci doit être orientée vers l’ouverture sur les autres civilisations, sur les arts et la culture, tout en luttant contre l’exclusion et l’extrémisme », a-t-il dit.
 
Bouali Mbarki, vice secrétaire de l’UGTT, a pour sa part intervenu pour insister sur le rôle du syndicat dans les changements majeurs que vit le pays. « L’enseignement doit produire une génération qui croit en la coexistence, en la pluralité et en la diversité des idées…ce pays a connu plusieurs civilisations, et doit continuer à être une terre de tolérance, bien que nous passions en ce moment par des années de vache maigre. Nous devons y remédier avec la participation de tous les Tunisiens »,a-t-il dit.
 
Le chef de cabinet du ministre de l’Enseignement supérieur, a rappelé, quant à lui, que les prémices de l’extrémisme se sont manifestées, depuis les années 1970, dans les universités : « A cette époque là, on y a riposté de manière purement sécuritaire. C’est ce qui a mené à la faillite du régime tunisien, et a provoqué la révolution du 14 janvier 2011»,a-t-il affirmé.

Il explique la montée de la violence par l’absence d’espaces culturels, sportifs et de divertissement en dehors des villes. « Si on y ajoute les problèmes familiaux, on retrouvera le terreau du terrorisme », a-t-il dit, ajoutant qu’un étudiant ne peut évoluer sainement que s’il se retrouve dans un environnement sain et équilibré, tout en insistant sur l’instauration de l’enseignement des sciences humaines, à toutes les étapes du cursus pédagogique.
Chiraz Kefi
 
 

Commentaires 

 
#2 islamisme et démocratie
Ecrit par adam     18-03-2016 20:53
impossible de faire la démocratie dans un environnement islamiste.
l'islam et depuis longtemps n'a apporté que les malheurs aux peuples, et n'a jamais participé à l’essor de l'humanité, comme ils veulent faire croire aux naïfs.
la dictature religieuse est l'une des pires dictatures de tous les temps, imaginer que l'on vous oblige de s'habiller, de manger, de marcher, ...à leurs gouts, autrement vous êtes mécréants, et vous méritez les châtiments les plus sévères.
 
 
#1 Noureddine Khadmi
Ecrit par Royaliste     20-01-2016 18:41
qui mieux que notre illustre ministre le docteur cheikh noureddine Khadmi pour s'occuper de cette tache?

lui qui a appelé en public pour le départ de nos jeunes en Syrie....

PS: seuls les naifs croient que nahdha veut democratiser la Tunisie
 
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