Tunisie/Dialogue national sur l'emploi : Le mal endémique !

Publié le Mardi 29 Mars 2016 à 16:59
Le dialogue national sur l'emploi qui s’est tenu sous forme d’ateliers les 15, 16 et 17 mars courant a été clôturé ce matin, avec une poigné de recommandations assez prévisibles, pour un problème que la Tunisie traine depuis plusieurs années, sans savoir comment sortir de l’ornière. 
  
Ce dialogue organisé par le gouvernement, l’UGTT et l’UTICA,  s’est imposé à cause d’une conjoncture  économique difficile où les jeunes peinent à trouver un emploi.  En 2015, la Tunisie comptait  environ 618 800 demandeurs d’emploi parmi les 4 millions d’actifs.  Soit un taux de chômage estimé à 15.4% qui sont pour la majorité des diplômés du supérieur (31.2%), et des jeunes des régions défavorisées dont le taux varie entre 28% et 69%, en 2013. A côté du chômage, le tissu économique tunisien souffre du travail précaire ou illégal.

L’UGTT, le gouvernement et l’UTICA, partenaires du dialogue national avaient signé le 14 janvier 2013, un pacte social  donnant le coup d’envoi de ce dialogue, insistant sur « l’importance de la stabilité du marché de l’emploi » et « du renforcement du rôle du travail  décent »  et « leur rôle dans la construction d’une démocratie, du développement durable, et d’une justice sociale ». 
 
Le taux du chômage connait une hausse continue depuis plus de 20 ans. Un problème structurel lié essentiellement à l’incapacité de l’économie tunisienne de créer de l’emploi de manière suffisante pour absorber les demandeurs d’emploi, même en période de croissance économique importante.  Les instigateurs du dialogue national reconnaissent que le système éducatif, de l’enseignement et de la formation ne sont pas en adéquation avec les besoins du marché du travail. 
 
La part de la femme dans le marché du travail a légèrement augmenté entre 2010 et 2015, passant de 25% des actifs à 28.3%. En revanche la part des hommes a reculé  de 75% à 71.5%  durant la même période.  

Environ 25 000 nouveaux postes d’emploi, sont créés par an, entre 2011 et 2015, tandis que les demandeurs d’emploi sont au nombre de 46 mille par an, créant ainsi le déséquilibre entre l’offre et la demande. 
 
Par ailleurs, la plupart des offres d’emploi émane du secteur public. Le secteur tertiaire est celui qui compte le plus d’actifs, et ce à hauteur de 51.7% durant le premier trimestre de 2015. Ce secteur a permis la création de 159 mille emplois supplémentaires entre 2011 et 2015. 
 
Le secteur du commerce a créé 78 mille postes d’emploi, tandis que 69 mille dans l’éducation, la santé et les services administratifs. Selon L’Institut National des statistiques, les diplômés du supérieur ont eu la meilleure part en matière de création d’emploi depuis 2010, passant de 16.2% à 21.9 durant le second trimestre de 2014. 
 
Mais la situation demeure problématique, puisque 58% des jeunes chômeurs,  âgés entre 15 et 29 ans, sont à la recherche d’un travail depuis plus d’une année. Découragés, ces jeunes finissent par croire qu’ils n’en trouveront jamais. Les diplômés les plus exposés au chômage sont ceux ayant fait des études de mathématiques, de physiques ou de chimie (73 mille durant le second trimestre de 2015).  Viennent ensuite les techniciens supérieurs ou équivalent, qui sont au nombre de 61.4 mille, les diplômés des sciences humaines sont au nombre de 38.2 mille, ceux en droit, économie et gestion, 35.6 mille et enfin les diplômés en médecine, ingénierie et pharmacie sont 33.8 mille.  
 
Le chômage frappe deux fois plus les femmes que les hommes.  Au quatrième trimestre de l’année écoulée, 22.6% des filles diplômées sont au chômage, contre 12.5% des garçons.  Tataouine est la ville la plus touchée par le chômage avec un taux avoisinant les 30% en 2015, talonnée par Gafsa et Kebili. Les moins touchées sont Sfax et Monastir  avec  un taux de moins de 10%. 
 
Le ministre de l’Emploi, Zied Laadhari, a présenté ce matin, lors de la clôture du dialogue national, les onze points de la déclaration de Tunis sur l’emploi. Parmi ceux-ci la mise en place d’un nouveau modèle de développement capable de créer plus d’emplois décents, surtout dans les régions intérieures. Mais aussi l’amélioration du climat des affaires et de l’investissement, la réforme du système de formation et d’éducation pour plus de compatibilité entre les différentes composantes du système de ressources humaines. Améliorer l’économie sociale et solidaire, l’exploration et l’exploitation de nouveaux secteurs sous exploités surtout dans les régions et les secteurs à fort potentiel, figurent parmi ces dispositions. Il a également évoqué la modernisation  des services publics pour l’emploi afin d’améliorer leur rôle d’intermédiaire entre l’offre et la demande d’emploi.
 
Pas assez pour convaincre, Salem Ayari, secrétaire général de l’Union des diplômés chômeurs, qui a déclaré ce matin, sur Mosaique, que le dialogue national sur l’emploi «est une dilapidation de l’argent public ». 
 
La séance de clôture du dialogue national sur le travail a eu lieu ce mardi en présence  du chef du gouvernement Habib Essid, du secrétaire général des Nations unies, Ban Ki Moon, de la présidente de l’UTICA, Wided Bouchamaoui, et du secrétaire général de L’UGTT, Hassine Abassi. 
Chiraz Kefi