Tunisie/De l'indépendance à la révolution : le combat n'est pas fini

Publié le Lundi 19 Mars 2012 à 16:50
Ce mardi 20 mars, la Tunisie fête le 56ème anniversaire de l'Indépendance. Un moment crucial où l'on va se remémorer, dans la solennité et le recueillement, l'âme de nos vaillants martyrs qui se sont sacrifiés pour l'amour de la patrie et son invulnérabilité. Les souvenirs de la décolonisation sont toujours intacts dans l'esprit des générations qui l'ont vécue, tout autant que dans l'imaginaire collectif tunisien. On se souvient de l'occupant français, et de sa sauvagerie, mais aussi de Bourguiba et de sa politique moderniste, de Ben Youssef et de sa vision nationaliste, des rivalités entre bourguibistes et youssefistes, et des événements tragiques, qui s'en ont suivi.

Des dossiers émaillés de zones d'ombre, qui méritent d'être rouverts, en vue de clarifier le passé, et d'en tirer les leçons pour le présent et le futur. L'histoire de la Tunisie post-indépendante a lourdement impacté son devenir. Celui qu'on surnommait le combattant suprême, a façonné le visage de la jeune Tunisie indépendante, en s'attaquant aux archaïsmes, et en agissant sur deux leviers : émancipation de la femme, et éducation. Bourguiba a forgé le génie tunisien et a amorcé un élan réformateur qui reste à ce jour inachevé.

Mais, avec le père de la nation, c'était l'envers et l'endroit. Autant son œuvre se prévaut de points lumineux, autant elle a été ternie par des points sombres. N'est-ce pas Bourguiba qui magnifiait le culte de la personnalité ; n'est-ce pas lui qui vouait aux gémonies toute opposition, ne reculant devant rien pour étouffer toute voix dissonante, n'est-ce pas lui qui a permis à Ben Ali d'accéder au pouvoir,  d'y demeurer pendant 23 ans, et de mener un véritable travail de sape, dont on n'arrive pas jusque-là à mesurer l'ampleur.

Depuis l'indépendance, et hormis la liesse ayant accompagné le retour de Bourguiba, et la proclamation de la République, les Tunisiens n'ont guère goûté aux délices de la liberté. Loin d'être des citoyens, ils étaient de simples sujets. Leur voie a été bâillonnée, et leurs droits confisqués. Et puis survient le 14 janvier 2011, un grand jour où l'histoire de la Tunisie a basculé. C'était une seconde indépendance pour un peuple qui a réussi, superbement, à s'affranchir du joug du despotisme.

La révolution a plongé les Tunisiens dans une grande euphorie, et leur a redonné espoir dans le lendemain. Chacun s'est réapproprié son destin, repris voix au chapitre, et montré une détermination à toute épreuve à contribuer à reconstruire la nouvelle République. La Tunisie s'est réveillée riche et diverse ; le processus de reconstruction -y compris psychologique- s'est enclenché. Mais, le chemin s'est avéré semé d'embûches, l'héritage de la dictature est très lourd, et sa gestion est loin d'être une sinécure.

Plus d'une année après ce changement décisif, la Tunisie semble encore en perte de repères. Elle a du mal à entrevoir clairement son présent, et à tracer les contours de son avenir. Les divisions idéologiques s'exacerbent ; le débat contradictoire survole à peine les projets social, économique, et culturel, se concentrant essentiellement sur le projet sociétal. Quel type de société voulons-nous ? Une réponse à laquelle la future constitution doit apporter une réponse, ceux qui sont censés l'accoucher sur le papier sont, néanmoins, à mille lieues d'une approche consensuelle.  

Les désaccords sont compréhensibles, étant donné le mosaïque politique qui caractérise l'assemblée constituante. Ils deviennent, en revanche, redoutables lorsqu'ils se radicalisent, ne laissant pas de place pour des compromis possibles.

Au lendemain de la révolution, et après de longs débats, tout le monde était d'accord pour dire, que la constitution doit être l'émanation d'un peuple et d'un pays. Chaque Tunisien, quelque soit son appartenance politique, devrait s'y retrouver et s'y reconnaître. La constitution ne devra être ni celle "des islamistes, conservateurs", ni celle "des modernistes, progressistes". Elle ne devrait pas receler  une teneur idéologique, ou politique, mais être un instrument garant des droits et des libertés, et instaurant un état civil et démocratique.

La constitution idoine, est celle qui fera la  synthèse entre nos valeurs arabo-musulmanes, et les principes de modernité et de progrès, qui ne sont point aux antipodes. Ce n'est pas aussi compliqué que cela et les compromis ne sont pas hors de portée, pour peu que l'on ait la volonté d'y parvenir. A défaut, on va se fourvoyer dans des débats byzantins sans fin, et perdre un temps précieux, alors que les difficultés s'accumulent.

56 ans après la proclamation de son indépendance, la Tunisie vit un moment critique de son histoire, ceux qui veillent à ses destinées ont la lourde responsabilité de la mener à bon port. C'est à eux qu'incombe le devoir de fédérer et de rassembler le peuple autour d'un projet commun, celui d'une Tunisie politiquement plurielle, économiquement solide, et socialement équilibrée. Il faut en finir avec ce climat d'invectives et de diabolisations réciproques, et épargner tant d'énergies dilapidées, pour reconstruire la nouvelle république. Certes, les Tunisiens vivent aujourd'hui avec les plaies de la dictature, qui ne sont pas faciles à cicatriser. Mais, l'heure exige que les uns et les autres se ressaisissent, en plaçant l'intérêt du pays au dessus de toute autre considération.

Quant aux douleurs du passé, ils ne seront pas guéries de sitôt. Cela dépendra, essentiellement, de l'avancée du processus de justice transitionnelle, que tout le monde appelle de ses vœux. Sans jugement, il ne peut y avoir de réconciliation et de reconstruction. Si on franchit ce cap, on saura être un peuple soudé dans sa diversité, et digne des sacrifices de nos vaillants martyrs, ceux qui ont payé de leur vie le 20 mars 1956, et le 14 janvier 2011.
H.J.

 


 

Commentaires 

 
#8 à whirpool et .......
Ecrit par mannoula     21-03-2012 00:48
Ton commentaire,monsieur whirlpool, est vraiment un tape-à-l'oeil .... Il attire l'attention par son mauvais goût et comme d'habitude il fait de l'effet mais reste sans valeur ...
Tu vis parmi nous , pourtant tu ne cesses de dénigrer notre civilisation et de nous rabaisser ... Tu es vraiment un homme sans scrupules , guidé par une haine aveugle pour tout ce qui est arabe ou musulman .... D'ailleurs on s'est confronté tant de fois sur ce forum bien avant la révolutiuon et on a fait l'apprentissage de ton cynisme sioniste et de ta langue de vipère ....On est indépendant envers et contre tous , monsieur whirlpool , surtout envers et contre les borgnes de ton espèce dont l'oeil ne voit pas ce qui le crève ....
Je sais que la fusillade de Toulouse booste ta haine et j'éprouve vraiment de la sympathie pour tous les maux qu'elle te cause ,seulement , ça ne peut expliquer toute cette animosité pour nous le jour de notre fête nationale ... Décidément ,quand on a de la haine pour autrui , c'est qu'on se hait soi-même .. va te faire soigner ,donc monsieur whirlpool , et dégage ...
Quant aux bourguibistes et aux RCDistes dont le discours fait la une sur ce forum et exaspère par trop de mauvaise conscience je rappelle ,tout simplement , ce qu'a dit Euripide :" « Parle si tu as des mots plus forts que le silence, ou garde le silence. » .....
 
 
#7 Pauvres Tunisiens
Ecrit par roma     20-03-2012 13:46
Bourguiba est un monstre sacré. Son esprit est toujours présent et le restera toujours.Voilà celui qui est respecté par le monde entier est actuellement trahi et non respecté par une frange de tunisiens sanguinaires,illetrés et courts d'esprits.A longueur de plus d'un demi siècle, je me demande s'il y quelqu'un d'autre à part Bourguiba qui a fait tantde bien à la Tunisie.
 
 
#6 Bourguiba l'inoubliable
Ecrit par mokh     20-03-2012 10:13
L'homme que la Nation regrette et regrettera toujours. dire Bourguiba, c'est dire la TUNISIE. C'est l'enfant prodige et le père de tous les Tunisiens. Il avait un forte personnalité , une vision exceptionnelle et un courage de " leader ".
dont ses décisions historiques montrent qu'il est un homme d'Etat qui sont rares au monde...

Je lui pardonne meme s'il a commit des fautes parfois malgré sa volonté.

Je t'aime Bourguiba et je t'aimerais toujours surtout parce que tu amais le TUNISIE.
Repose en paix.
 
 
-3 #5 Indépendance ? Mon oeil !
Ecrit par Ben Whirlpool     20-03-2012 07:07
Vous serez réellement indépendants lorsque vous offrirez des perspectives d'avenir à votre population; aujourd'hui, elle est obligée d'aller le chercher chez l'ex-colonisateur, malgré sa "sauvagerie" bien connue.

En attendant, nous, c'est l'indépendance de la France que nous allons reconquérir... d'ici là, foutez-nous la paix, oubliez-nous !
 
 
+2 #4 كثر الهم يبكش
Ecrit par qqun     20-03-2012 02:59
Sans jugement, il ne peut y avoir de réconciliation et de reconstruction.
Juger soit meme d'abord. Le Tunisien hypocrite, malade et skyzofrene pretend la chasteté et crie vengeance de tout celui qui a travaillé au sein de l'ancien regne a ete chassé, montré du doigt , et ensorceler. Ancien opposant les plus integres qui ont opposé a un changement brutal et sans perespective claire ont ete qualifiés de kaskroutagi...

Nous voila , avec un gouvernement saint ... il fait ce qu'il veut ... il peut meme distribuer "soukouk el ghofrane" a sa guise , et ce peuple "chaste" fantasme sur la piété des nahdhawi et crie :

اللهم قنا نار جهنم و جعلنا من اصحاب الجنة يا رحمان يا رحيم

Notre spiritualite est a son niveau primaire ... avidité, hypocrisie , debilité ...
Regardez le discours religieux , il fait pitié ... Un discours d'un autre temps ... Hijtihat vous dites ??? Ce discours ne convaint que les avides, les nullards , les simples d'esprit ... Qu'avez vous fait pour meriter le paradis, especes d'imbeciles ?
 
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