Tunisie/Cancer du sein, vers un examen clinique systématique

Publié le Mardi 27 Septembre 2011 à 16:20
L’Office National de la Famille et de la Population (ONFP) a entamé en janvier 2011, une expérience, unique en son genre en Tunisie. Il s’agit de faire passer un examen clinique des seins (systématique pour les femmes qui consultent pour n’importe quel autre motif), dans le cadre du dépistage précoce du cancer mammaire. Ce matin, l’équipe initiatrice du projet a réuni tout le staff médical et paramédical qui y a participé pour leur dévoiler les premiers résulats de cette expérience.

Cette expérience est toujours en cours, et ce au sein de dix centres de la santé publique, du gouvernorat de l’Ariana. Habiba Ben Romdhane, Directrice Génénale de l’ONFP, dit que si cette expérience pilote donnait des résultats probants, elle serait généralisée sur tout le territoire tunisien. En effet, les tumeurs dépistées à leurs débuts (inférieur à 2 cm de diamètre), sans adénopathie et sans métastases, sont d'excellents pronostics.

En Tunisie, le nombre de cas du cancer du sein est en hausse constante : 830 cas en 1994, 1400 cas en 2003, et actuellement cela se situe aux environs de 2000 cas par an. Soit une femme sur 25 pourrait développer un cancer du sein.  L’âge moyen au moment du diagnostic est de 50.7 ans (10 ans de moins par rapport à l’Europe).

En Tunisie, 8.9% des femmes diagnostiquées ont moins de 35 ans ( 3% en Europe). Le problème qui se pose est que le diagnostic est tardif. «Maintenant encore, beaucoup de femmes se font diagnostiquer à un stade très avancé de la maladie. Soit avec une tumeur de plus de 4 centimètres de diamètre», dit la gynécologue et directrice médicale au Centre de Recherche en Santé Reproductive de l'Ariana, Rim Ben Aïssa. Quinze pour cent des cancers du sein diagnostiqués sont métastasés, et 30 % des tumeurs sont localement avancées.

La Stratégie nationale en matière de la santé des femmes vise à faire réduire le diamètre du carcinome au moment de sa découverte, de 4.5% cm à 2 cm. Aux côtés des campagnes de sensibilisations audio-visuelles et d’affichage public, la stratégie prévoit un examen clinique annuel des seins aux femmes âgées entre 40 et 69 ans. Il semble toutefois que la sensibilisation quant à l’importance d’un dépistage précoce d’une telle maladie, n’ait pas donné les fruits escomptés. Seulement 21 380 mammographies ont été faites entre 2003 et 2010, soit 37% des mammographies demandées.

Les 10 centres de santé publique qui ont accueilli cette expérience, sont celui de l’Ariana, La Soukra, Mansour, Sidi Sofiene, Raoued, Ariana Essoghra, Sidi Thabet, El Bassatine, Mnihla et Ettadhamen. Elle a été réalisée sans financement spécifique au projet, mais à partir des moyens de bord déjà existants dans les centres.  Le but de départ étant de faire sensibiliser les femmes et les prestataires de ces centres mais aussi de mettre en place un référentiel sur la technique de l’examen clinique des seins. Les résultats réalisés,  bien qu’ils soient encourageants, ne sont en rien représentatifs de la propagation de la maladie en Tunisie. En effet, les femmes choisies pour participer à l’expérience sont celles qui ne possèdent pas d’antécédents familiaux en la matière.

Dans le cadre de cette expérience, parmi les 2734 femmes sensibilisées, 2728 d’entre-elles ont accepté de se faire examiner.  Le taux d’examen clinique positif (lors duquel a été constatée une anomalie) est de 16.4% . Le taux de faux positif est de 28.4% (Où le doute est infirmé). Au final, 8 femmes ont été transférées à l’hôpital Salah Azaïez ; 4 d’entre-elles avaient un cancer, trois une tumeur bénigne, et 1 cas est en cours. En effet, après le diagnostic, la femme est orientée vers un centre de santé publique où elle doit effectuer une mammographie. Des raisons diverses, dont le manque de moyens, l’inconscience, le manque de temps empêchaient beaucoup de femmes de poursuivre le protocole de guérison. 34.9% de l’échantillon de femmes diagnostiquées positives, ont été perdues de vue. Un chiffre très important capable de faire avorter la lutte contre le cancer du sein.

Cette expérience a été menée aussi bien par les médecins que par les sages-femmes, dont certaines ont été présentes à la réunion de l’ONFP. Elles ont parlé de leur expérience et ont proposé des solutions pour améliorer les résultats de l’expérience.

Entre autres, la nécessité de garder les coordonnées des patientes et de les contacter régulièrement par téléphone, pour qu’elles continuent leurs examens. «Les femmes sont submergées par le travail, par les enfants et les problèmes familiaux, et particulièrement celles issues de milieu modeste. Elles font alors passer les autres soucis avant leur propre santé », dit un médecin.

Habiba Ben Romdhane a exprimé sa gratitude envers toutes les personnes qui  participent au projet malgré le manque de moyens, et a ajouté que le but était de voir si le projet serait faisable à plus grande échelle, d’estimer son impact financier, et d'évaluer son incidence sur la charge de travail à travers le temps passé en consultation : « Et s’il était possible de réaliser un circuit curatif complet. Cela dépend également, de la politique de l’Etat dans le domaine de la santé, et des prises en charge possibles », dit-elle.

Chiraz Kefi

 

Commentaires 

 
+5 #3 A
Ecrit par jojo     28-09-2011 10:55
Si toyen: ou la preuve que la connerie humaine n'a AUCUNE limite -_-'
 
 
+7 #2 NUL
Ecrit par hella     27-09-2011 23:50
@ Nana à bobo: ce que vous êtes nul(le), quand on est ignorant on se tait au lieu de sortir de la bhéma!!!
 
 
-9 #1 Nana a Bobo :-(
Ecrit par Si Toyen     27-09-2011 20:51
... En Tunisie, le nombre de cas du cancer du sein est en hausse constante...

Bizarre qu'on ne parle pas des causes -probables- de cette "inflation. J'en vois deux de premier abord:
1/ L'autre inflation des voitures dans nos paysages urbains (les Sfaqs ne me contrediront pas ;-) et la pollution conséquente....
2/ L'inflation des bikinis sur les plages ;-), d'où une plus grande exposition des régions concernées -par l'article- au soleil sud-méditérranéen...

Wallahou a3lam !

Si Rached résoudra une partie du problème, peut être ;-)
(La seconde bien sûr...)

Salam
 
Ces commentaires n'engagent que leurs auteurs, la rédaction n'en est, en aucun cas, responsable du contenu.