Tunisie/Argent politique : Six partis seront traqués par I Watch

La directrice de la campagne, Yosra Mokadem a expliqué lors de la conférence de presse de ce matin, qu'il s'agit d'une décision prise après deux semaines de concertations entre les membres de l'association, et que le choix avait été fait en fonction de l'impact de ces partis dans les régions, et de leur notoriété dans les gouvernorats choisis.
 

Pour les régions concernées, il s'agit de Sousse, Tunis 1, Tunis 2, Sfax 1, Sfax 2 et Gafsa. "Même si certains de ces partis politiques n'ont pas eu un grand impact en 2011, ils ont prouvé durant les trois dernières années qu'ils pouvaient jouer un rôle conséquent dans la société et dans la vie politique", a expliqué Yosra Mokaddem.

Mouhab Garoui, directeur exécutif de l'association, a pour sa part déclaré que l'opération d'observation viserait en premier les dépenses faites par les partis politiques lors de leur campagne électorale, pour s'assurer qu'il n'y a pas d'achat de voix, mais aussi les différentes promesses faites pour collecter des voix, " et voir si ces promesses sont raisonnables ou farfelues", a-t-il dit.
 

Il appelle par ailleurs, ces mêmes partis politiques, à signer un pacte élaboré par I Watch et qui rappelle la nécessité de faire prévaloir l'intérêt national et le respect de la loi électorale. Les partis qui signeraient ce pacte, s'engageraient à s'incliner aux décisions de l'Instance Supérieure Indépendante des Elections, et surtout celles en rapport avec le financement  des campagnes électorales. ils s'engageraient également, à ne pas recourir à des fonds étrangers, ni à des parties étrangères pour faire leur promotion.

I Watch appelle les partis en question, à ne pas utiliser l'argent illégal, des cadeaux ou autres services pour attirer les électeurs, acheter leurs voix, ou les influencer, ainsi qu'à ne pas faire usage des lieux de culte pour influencer les électeurs, ni à faire usage des biens de l'Etat. L'association presse également les partis politiques à faciliter l'accès à l'information au sujet de leurs dépenses électorales et à respecter les observateurs tout au long de la période d'observation. 

 

Mohab Garoui a exprimé l'espoir de voir plus de transparence lors des prochaines élections, "contrairement à ce qui a été vu en 2011...nous faisons porter la responsabilité aux partis politiques, car la Cour des comptes ne peut pas être la seule responsable", a-t-il dit, relevant que les partis qui refuseraient de signer ce pacte, "auraient des choses à cacher". 

 

Yosra Mokaddem a expliqué que si des preuves de dépassement sont retenues contre un des  partis politiques en question, un rapport sera rédigé et adressé à l'ISIE ainsi qu'à la Cour des Comptes, "pour qu'elles agissent en conséquence".
 

Une cinquantaine d'observateurs seront assignés sur les 6 circonscriptions, et relèveront les irrégularités dans les meetings politiques, les marchés hebdomadaires, les mosquées, mais aussi en suivant le déplacement des partis qui font du porte-à-porte. 
 

Ce projet, dont le coût s'élève à 140 mille dinars et financé par l'ambassade britannique, a débuté en 2012, se targue d'être le premier en Afrique du Nord. "Nous ne pouvions pas observer toutes les circonscriptions, faute de moyens, mais nous espérons réitérer cette expérience dans l'avenir", a signifié Mouhab Garoui, incitant les partis politiques à présenter leurs états financiers, et rappelant que la Cour des comptes jouit désormais du droit de soustraire des sièges à un parti qui n'aurait pas présenté ses états financiers conformément à la loi.