Tunisie/Amnistie et réparation : le devoir de vérité d’Ennahdha !

Publié le Mardi 31 Juillet 2012 à 13:28
Les prisonniers politique ont beaucoup souffert du temps de la dictature en Tunisie. Le peuple tunisien n’a pas encore pansé ses plaies de la dictature, dont les affres l’ont longtemps étouffé. Le 14 janvier, les Tunisiens se sont sentis soulagés d’un lourd fardeau, et ont enfin respiré à pleins poumons l’air de la liberté. Un grand espoir est né pour des lendemains enchanteurs où la vie ne sera plus jamais comme avant.

La dictature a muselé, réprimé l’ensemble des Tunisiens, elle leur a confisqué leur liberté de penser et de s’exprimer, a privé de larges catégories de la société, notamment celles issues des régions démunies, des attributs d’une vie digne, les faisant sombrer dans la marginalisation et l’indigence. Les Tunisiens qui ont tant souffert de l’injustice, du clientélisme et du népotisme, attendent d’être réhabilités en tant que citoyens à part entière appartenant à une communauté où tous ses membres sont égaux en droits et en devoirs. Ils n’acceptent plus de voir une catégorie de citoyens privilégiée par rapport à une autre, à la faveur de son appartenance à un parti ou à une famille politique. Ils refusent de  voir leur pays, déjà éreinté financièrement et économiquement,  courir de gros risques, suite à des décisions hâtives et mal-étudiées. Ils ont à cœur de voir la Tunisie s’engager dans un vrai processus de développement global, rompant avec le déséquilibre régional, créateur de richesses et d’emplois et garantissant un partage équitable des fruits de la croissance.

Indéniablement, les Tunisiens n’avaient pas la même vie sous la dictature. Certains ont choisi de la cautionner par opportunisme, et se sont rangés dans le camp des partisans flagorneurs ; d’autres se sont fondus dans cette majorité silencieuse partagés entre résignation et résistance passive, et la troisième catégorie a choisi la voie la plus difficile, celle du militantisme politique. Qui dit militantisme, dit attachement à une cause, à un principe, à l’amour de la patrie. C’est le fait d’être animé par une détermination, et une volonté de mettre un terme aux injustices, et à l’oppression et d'aider les siens à retrouver une vie meilleure.

Nombreux sont les Tunisiens qui ont emprunté ce chemin périlleux, ce qui leur a valu prison, clandestinité, et exil. Le combat des Tunisiens pour la liberté plonge ses racines dans le mouvement de lutte national ; notre histoire compte un florilège de martyrs qui ont payé le plus lourd tribut à la décolonisation, sans rien attendre en retour, excepté de voir leur patrie échapper aux griffes du colonisateur. Si la Tunisie a recouvert sa souveraineté et sa liberté grâce aux sacrifices des anciennes générations, elle avait hélas un nouveau rendez-vous avec le despotisme qui s’est poursuivi pendant des décennies. Les déviations qui se sont enchaînées pendant le règne de Bourguiba se sont exacerbées sous Ben Ali. Les voix discordantes ont été bâillonnées. Les opposants politiques, qu’elle qu’en soit l’appartenance politico-idéologique, ont été réprimés et persécutés. De tous, ce sont les islamistes qui ont vécu les plus lourdes épreuves. Les châtiments infligés aux membres et adeptes d’Ennahdha étaient extrêmement sévères, les exactions ne visaient pas seulement les prisonniers, mais leurs familles, victimes de l’acharnement du régime, qui tâchaient de les priver de toute source de subsistance, et de leur envenimer la vie par les intrusions intempestives et récurrentes de la police politique.

C’est là une réalité que personne ne peut nier, nos compatriotes qui ont enduré les pires des exactions ont le droit d’être réhabilités, mais cela ne peut pas se faire toute de suite, avant que la vérité ne soit établie, et que les Tunisiens ne sachent ce qui s’est vraiment passé.

Les Tunisiens qui se sont élevés contre les sommes faramineuses avancées en guise de réparation des bénéficiaires de l’amnistie générale, demandent tous que ce processus soit engagé dans le cadre de la justice transitionnelle. Une demande somme toute légitime. Le gouvernement, lui, semble mettre la charrue avant le bœuf. Il commence déjà à évoquer dommages et intérêts avant que les ambigüités ne soient dissipées  sur ces années de braise, avant que les vrais coupables ne soient désignés, questionnés et jugés, et que les victimes ne soient clairement identifiées. La République que nous ambitionnons tous est celle de la démocratie et de la transparence, là où les décisions ne sont prises qu’avec l’assentiment du peuple et les gages donnés par ses institutions de leur bien-fondé.

Ennahdha qui en l’espace d’une année et demi, a vu son destin se transformer, passant des ténèbres de la clandestinité et de l’exclusion aux lumières du pouvoir, grâce aux suffrages des Tunisiens, a un devoir de vérité envers les citoyens. Le mouvement islamiste doit clarifier toutes les zones d’ombre qui parsèment son histoire de 40 ans, ouvrir les dossiers de ses anciens prisonniers politiques, clarifier son projet de société et ses vraies intentions pour la Tunisie, et cesser d’avancer à hue et à dia. Un parti politique qui prend les responsabilités du pouvoir doit faire montre de fermeté, et de clarté, ce n’est pas encore le cas d’Ennahdha qui a tendance à se fourvoyer, et à se tromper de priorités, à l’heure où des Tunisiens notamment ceux de l’arrière-pays, de tout temps des laissés-pour-compte,  attendent encore d’être affranchis du dénuement qui les empêche tout simplement de vivre.

H.J.


 

Commentaires 

 
#3 C NOTRE REVOLUTION !
Ecrit par jawhar     02-08-2012 15:23
Nahdha est entrain de violé la révolution !
 
 
#2 IL FAUT ARRÊTER LA MASCARADE DES MARTYRS DE LA REVOLUTION
Ecrit par consultant     31-07-2012 17:48
L'opposition , et les anciens de ben ali
on tellement mis des batons dans les roues à BCE et à Ennahda avec l'histoire des martyrs de la révolution que cette dernière a inventé maintenant cette histoire de dédommagement des amnistiés
On trouve dans cet article les phrases qu'on aurait du dire à tous ceux qui ont voulu faire des martyrs de la révolution un véritable business :
"Le combat des Tunisiens pour la liberté plonge ses racines dans le mouvement de lutte national ; notre histoire compte un florilège de martyrs qui ont payé le plus lourd tribut à la décolonisation, sans rien attendre en retour."
 
 
+4 #1 QUE POUR L ARGENT
Ecrit par tunisien     31-07-2012 15:33
QUE POUR L ARGENT ET RIEN POUR LE BIEN DE LA PATRIE ET DES GENERATIONS FUTUR ET DANS VINGT ANS Y AURA D AUTRE GROUPE QUI DEMANDERONT PAIEMENT POUR LES ANNEES DU DJIHAD .QUELLE MASSECARADE ET POURQUOI PAS DEDOMAGER TOUT LE PEUPLE LUI AUSSI A SOUFFERT . AU MOINS EN PRISON ON SAIT OU ON EST . NE PAS OUBLIER SVP DE DEDOMAGER LE CHEIKH ET JEBALI ;MERCI
 
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