Tunisie/AlJoumhouri : «Vers un vrai pôle démocratique capable de gagner»

Publié le Samedi 13 Octobre 2012 à 19:16
Le parti Al Jumhouri a organisé, samedi, au palais des Congrès, son meeting populaire. Bien que l’affluence ait été t inférieure à celle du Front populaire du dimanche dernier, l’enthousiasme de la foule était immense. Décontraction et confiance pour la prochaine échéance électorale.

Pour ne rien laisser au hasard, Al Joumhouri a mis en place un dispositif de sécurité impressionnant autour du palais des Congrès. A 15h30, le bureau politique du parti fait irruption dans la salle archi-comble et scande, avec la foule, l’hymne national et quelques slogans de la révolution.

Si Octobre 2011 était celui des partis, octobre 2012 est celui des fronts. Pour contrer  la légitimité tant clamée par la Troika, les partis ont changé de tactique et tout laisse à croire que c’est à coup de fronts et meetings populaires que les partis au pouvoir seront mis à mal. A 15h45, la foule accueille chaleureusement les invités de Nida Tounes et Al Massar, le président de la LTDH ainsi que d’autres personnalités du paysage politique.


Nejib Chebbi : " Pour que les jeunes ne se jettent plus à la mer "
Le premier à prendre la parole, Ahmed Najib Chebbi : «Dans ce contexte critique, le citoyen tunisien est inquiet pour son avenir. Il ne sait pas où se trouve son pays ni où il va. Malgré tout, je reste optimiste parce que je commence à voir le bout du tunnel. Pourquoi ? Ceux qui gouvernent n’arrivent plus à soutenir la pression et le peuple n’accepte plus cette situation difficile ». Il change ensuite de ton et devient nettement plus rassurant : « Nous allons très bientôt tomber d’accord sur une feuille de route après le 23 octobre. Ennahdha et la Troika ont accepté de rédiger un pacte qui permet l’élection du  futur président par le peuple ».

Mais Chebbi revient ensuite à l’importance de la date du 23 octobre : « Dans toutes les démocraties du monde, les députés n’ont pas le droit de prolonger leur bail comme ils veulent. C’est une responsabilité politique mais aussi éthique. Les prochaines élections ? J’encourage les jeunes à voter. C’est l’occasion pour eux de faire le meilleur choix pour ensuite rester dans un pays qui devrait leur offrir le travail, la liberté et la dignité sans devoir risquer leur vie en se jetant à la mer. Dorénavant, la bataille sera politique par excellence. La Tunisie dépend de vos votes. Actuellement, nous sommes dans une phase où tout le monde s’achemine vers un compromis et peu importe les dates. Le plus important, c’est que les choses deviennent claires ».

Bettaieb : " Le masque de Ghannouchi est tombé "
C’est ensuite autour de Samir Bettaieb de prendre la parole. Déjà acclamé, il enflamme encore la foule : « Je me sens chez moi parmi vous ». Il hausse le ton et pointe Rached Ghannouchi du doigt : « Notre objectif est de dire stop à cette République bananière. Les prochains défis sont ceux de toute la Tunisie et non de la Troïka. Ennahdha veut contrôler l’Etat et le peuple la jugera. Rached Ghannouchi ? Son masque est tombé. C’est le vrai dirigeant de la Tunisie et il n’a aucun respect pour les institutions de l’Etat. Cette situation nous rappelle les derniers jours de l’ancien régime. Ce gouvernement a des problèmes avec tout le monde mais surtout avec le peuple tunisien. Ennahdha pratique l’exclusion, et la répression. Ceci est inadmissible et ils doivent nous écouter ». Pour Bettaieb, le gouvernement utilise un double discours : « Nous voulons un dialogue égal avec tout le monde : opposition et salafistes ». Etakattol et CPR ? : « ils ne sont que de simples dérivés  d’Ennahdha». La foule apprécie et applaudit.

Brahim : " Il faut une feuille de route claire "
Lors de son intervention, Yassine Brahim tient quasiment le même discours mais il rajoute que les jeunes « n’ont plus rien à perdre et ce sont eux qui protégeront la révolution ». Il revient à la vidéo de Rached Ghannouchi qui a circulé au cours de la semaine : « Heureusement que ce n’est pas lui qui a fait cette révolution ». L’ancien ministre évoque ensuite l’état actuel de la Tunisie et son image à l’étranger qui est pour lui « pitoyable et désastreuse ». Mais en même temps, il a affirmé rester « optimiste » et souligne : « Notre projet n’est pas seulement contre Ennahdha et les salafistes mais nous travaillerons aussi pour le développement de la Tunisie ». L’assistance apprécie mais Brahim refroidit un peu l’atmosphère : « Maintenant, il faut des dates pour finir de rédiger la constitution et fixer une feuille de route pour l’avenir politique en Tunisie. L’ISIE doit commencer son travail. Ennahdha ? Elle trébuche mais reste toujours présente sur le terrain et c’est là que nous devons être dorénavant ». Et pour finir, un message aux « vrais militants » d’Ettakatol : « Rejoignez-nous ».

Ben Mbarek : " La Troika est la contre révolution "
Place ensuite à Jawher Ben Mbarek. Intervention à la limite de l'hystérie, qui a trouvé des applaudissements, certes, mais a provoqué une vague d’étonnements parmi beaucoup : « La révolution c’est nous. La contre-révolution c’est la Troïka ». Utilisant un vocabulaire digne des plus grandes batailles, il affirme que les forces démocratiques « traqueront les contre-révolutionnaires et les feront sortir de leurs abris ». Pour lui, le bilan des « contre-révolutionnaires » est négatif et en plus, la Troïka est « un problème et non une part de solution ». Après avoir presque perdu la voix, Ben Mbarek essuie le visage et le front et crie : « Ce que nous vivons nous rappelle les derniers jours du régime déchu. Le temps de la Troïka est terminé. C’est fini, partez ».

Said Abdi : " Il ne faut pas compter sur l'échec de la Troika "
D’un extrême à l’autre. L’ex ministre de l’Emploi, Said Abdi adopte un ton beaucoup plus posé et parle de ce qui est, pour lui, la priorité du moment : « Il faut que tout le monde ait le sens de la responsabilité et qu’on se concentre sur les vrais objectifs du peuple tunisien ». Il met ensuite le doigt là où ça fait mal et affirme : « Si nous comptons sur l’échec de la Troïka, nous n’avons alors rien compris ». Un calme assourdissant plane alors sur la salle. Abdi remonte ensuite le moral à tous : « Nous sommes les démocrates et nous représentons la majorité mais nous avons perdu les premières élections. La prochaine fois nous devrons être plus solidaires et nous gagnerons. L'union ne supporte pas la confusion ». Comme ses collègues, Abdi n’oublie pas Ennahdha et précise : « Nous n’aurons jamais d’alliance avec ce parti ».

Marzouk : " Pas de place à l'extémisme et la violence "
Pendant ce meeting, Nida Tounes était représenté par Mohssen Marzouk : « Je souhaite beaucoup de réussites à nos amis d’Al Joumhouri en espérant que tous les démocrates de Tunisie puissent faire bloc contre la régression et le retour de la dictature ». Marzouk a fait un rappel de l’histoire de la Tunisie et a affirmé que « nul ne peut faire plier le peuple qui a toujours dit non à l’extrémisme et à la violence ».

Jribi : " Peu importe les dates, il faut savoir où on va "
Maya Jribi est la dernière intervenante de ce meeting populaire. Elle s’adresse aux « forces rétrogrades » et affirme comme si elle lançait le défi : « Quoi qu’il en soit, la Tunisie aura une constitution moderne et démocratique ». Le 23 octobre ? Tout comme Nejib Chebbi, ce n’est pas la date qui importe le plus mais il faudrait que « les choses soient claires et qu’on sache où l’on va ». Elle termine son discours en lançant un message d’espoir : « Je suis optimiste malgré tout. Je rassure tous les démocrates que nous allons très bientôt former un pôle démocratique qui réunira tous les progressistes de la Tunisie et nous serons, d’ici les prochaines élections, un vrai parti compétitif et capable de gagner les élections ».
Selim Slimi

 

Commentaires 

 
+1 #5 RE: Tunisie/AlJoumhouri : «Vers un vrai pôle démocratique capable de gagner»
Ecrit par hannibal     16-10-2012 21:39
L'électroencéphalogramme de la troika est quasiment plat , au moins lors de cette journée , nous avons pu entendre des cœurs battre pour une Tunisie libre et démocratique
 
 
-1 #4 Jumhouri!!!!!
Ecrit par Citoyen libre     15-10-2012 16:23
Jumhouri sans joumhour (stectateur)!!!
Nejib Chebbi et compagnies doivent chercher autres activités, la politique n'est la leur!!!
 
 
#3 Vers un vrai pôle démocratique capable de gagner
Ecrit par ani     15-10-2012 15:43
Dans leurs chutes vertigineuses ces individus viennent de franchir le mur du ridicule
 
 
+6 #2 ELECTIONS CADUQUES ET BIDONS SI
Ecrit par Khammous     13-10-2012 21:24
Si on n arrête pas la violence politique il ne peut y avoir d élections démocratiques Ce serait plutôt un marché de dupes. On est habitué avec le RCD.
La violence politique veut dire ceci = Tu te présentes avec moi aux élections mais si tu veux parler aux citoyens électeurs je te casse la gueule et la police qui est de mon coté ne dira rien du tout. Quant a vous tunisiens de l étranger je nomme un consul général de mon parti je lui colle un ex RCD du corps consulaire et il vous régleront votre compte
 
 
+9 #1 Réactions révélatrices
Ecrit par Mohamed D     13-10-2012 20:08
Merci Selim slimi pour avoir rapporté non seulement les paroles mais surtout les réactions de l'auditoire car ça en dit long sur l'état d'âme de ce front. Je suis de l'avis des plus sages dans ces discours: peut importe les dates, l'essentiel c'est d'avoir un calendrier clair. Préparons nous bien aux élections et que le peuple ait son dernier mot.
 
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