Tunisie/ Violence contre les femmes : Plus de 47 % des 18 à 64ans en sont victimes

Publié le Mardi 25 Octobre 2016 à 16:08
Femmes battues.Jeunes ou âgées, instruites ou illettrées, actives ou au foyer, issues d’un milieu aisé, ou démuni, les Tunisiennes avec leurs différences, encourent le même risque, et nombreuses d’entre elles, ont été une ou  plusieurs fois dans leur vie exposées à la brutalité des hommes.  Face à ce fléau qui est source de tant de souffrance et de douleurs, et gâchent des vies entières, c’est l’omerta qui a longtemps prévalu. Par honte ou par peur d’une société machiste et patriarcale, les femmes n’osaient guère parler et dénoncer leur agresseur. Peu à peu, les langues se sont déliées, le mur du silence s'est brisé, la société civile et les parties gouvernementales commençaient à s’emparer du sujet, une loi a été élaborée et sera bientôt soumise à l’Assemblée, dont le but ultime est d’éradiquer toutes les formes de violence contre les femmes.

Selon la ministre de la Femme, de la famille et de l’enfance, Neziha Abidi, 47.6 % des femmes âgées de 18 à 64 ans, ont été victimes de violence en moins une fois dans leur vie. Ce fléau touche particulièrement les femmes d’un âge avancé, et se pose avec plus d’acuité dans les régions du Sud-est pour atteindre 72,2 % des femmes de la même tranche d’âge.

Vue de la conférence.

La violence touche les femmes dans les milieux rural et urbain et n’excepte pas les femmes instruites, comme elle concerne les femmes actives, les femmes au foyer et ne distingue pas entre les couches sociales, a-t-elle souligné, citant les résultats du recensement réalisé par l’ONFP en 2010.

 La violence matérielle et physique est la plus répandue avec une proportion de 31.7 %, suivie de la violence morale (28.9 %), la violence sexuelle (15.7 %), et enfin la violence économique (7.1 %).

Intervenant ce mardi 25 octobre à Tunis, lors d’un atelier consacré à la présentation de la stratégie du ministère pour faire connaître le projet de loi organique, portant sur l’éradication de la violence contre la femme, Naziha Abidi a indiqué que son département avait œuvré à accélérer l’élaboration de ce texte, pour éradiquer la violence contre la femme, à travers une approche globale reposant sur la lutte contre ses différentes formes, via la prévention, la protection, l’encadrement et la dissuasion.

Le nouveau texte prévoit des mécanismes de protection, dont une unité spécialisée auprès de la police judiciaire, relevant des forces de sécurité intérieure, chargée d’investiguer sur les crimes de violence infligés aux femmes, outre sa spécialisation dans les crimes ordinaires.

Le projet de loi préparé par le ministère a été approuvé en conseil des ministres, le mercredi 13 juillet 2016, et sera soumis prochainement à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP).

La stratégie de promotion et d’appui à ce texte est placée sous le signe : "la violence contre la femme : un fait national", étant donné que la violence infligée aux femmes concerne l’ensemble des intervenants dont les structures gouvernementales, les représentants de la société civile et les médias, indique le ministère de la Femme, qui en appelle à l’adhésion des parties concernées ; une condition sine qua non pour traduire cette loi dans les faits, sensibiliser et mobiliser l’opinion publique en matière de lutte contre la violence.
Gnet