Tunisie/ UTICA Vs UGTT : Gare à la rupture du point d’équilibre !

Publié le Jeudi 19 Novembre 2015 à 18:07
Hassine Abassi et Wided Bouchamaoui. L’effet du Nobel de la paix n’était que de courte durée. Les rapports se sont crispés de nouveau entre la centrale syndicale, et l’organisation patronale. La pomme de discorde a trait au taux de la majoration salariale dans le secteur privé. L’UGTT réclame une hausse des salaires aux alentours de 15 %, et l’UTICA la veut indexée sur l’inflation.

L’organisation syndicale a décidé des grèves sectorielles et régionales en série dans tout le pays, ayant commencé ce jeudi 19 novembre à Sfax. Un mauvais signe pour un pays qui cherche à instaurer la paix civile, condition sine qua non à l’attraction des investissements, à la reprise de la croissance et à la relance de l’économie.

Dans la crise actuelle, la position des deux organisations est défendable. Mais l’esprit de compréhension et d’écoute a manqué à l’une, comme à l’autre.

Le syndicat qui défend les intérêts des travailleurs et des ouvriers, ceux qui gagnent leur vie à la sueur de leur front, estiment que cette catégorie de Tunisiens, notamment dans certains secteurs éprouvants et mal-rémunérés,  a des difficultés énormes à joindre les deux bouts, et à pourvoir à ses besoins les plus élémentaires, face à une cherté de la vie sans précédent.

L’UGTT veut une augmentation qui aura un impact sur le portefeuille de ses affiliés, et qui puisse améliorer, autant que faire se peut, leur situation économique. Dans ses plaidoyers de la cause des pauvres, la centrale syndicale fait valoir l’exigence de préserver la dignité du travailleur, et de lui assurer une vie décente, ne manquant pas d’accuser les patrons d’exploitation et d’injustice envers leurs employés, d’évasion fiscale, et de demandes récurrentes d’avantages, d’incitations et d’exonérations à l’Etat, sans donner grand-chose en retour à l’économie et au pays, en termes notamment de création d’emplois. 

Le patronat qui défend chefs d’entreprise et hommes d’affaires, petits et grands, met en avant une conjoncture économique extrêmement périlleuse, dont  l’entreprise subit, de plein fouet, les contrecoups. Assaillie par les charges, et confrontée à diverses et variables difficultés, à l’instar du recul de la demande, de la baisse de la production et de la productivité, de la dépréciation du dinar, de la conjoncture économique difficile en Europe, notre premier partenaire en termes de transactions commerciales, et du ralentissement économique en général, l’entreprise tunisienne a du mal à préserver ses équilibres financiers et à pérenniser ses activités dans un tel contexte de récession, dit l’UTICA, invoquant le cas des entreprises et usines qui ont fini par mettre la clef sous le paillasson. Et pour rendre la pareille au syndicat, le patronat l’accuse de défendre la fainéantise, et de ne pas contribué à réhabiliter la valeur travail, dont le pays a immensément besoin.

Les deux positions sont audibles et légitimes, et auraient pu faire l’objet de compromis entre les deux organisations afin de prévenir ces grèves en cascade, qui ne vont qu’empirer la situation, aggraver les difficultés  de l’entreprise, attenter à l’image de la Tunisie en tant que destination souhaitée d’investissements et de capitaux, et accentuer le manque à gagner pour l’économie, sans rien apporter au travailleur.

Les partenaires sociaux devraient se garder de toute arrogance, comme cette menace d’une grève générale brandie par l’UGTT, et ce ton méprisant de l’UTICA, selon lequel le syndicat se contentait bien auparavant d’une augmentation de 10 dinars.

Ils gagneraient à substituer une approche consensuelle et concertée, à la politique d’affrontement et de tension permanente. Le tout est de préserver le point d’équilibre, entre les revendications de l’un, et les exigences de l’autre, dont la rupture n’est pas préjudiciable pour patronat et le syndicat seulement, mais aussi pour l’économie nationale et le pays dans son ensemble.
H.J.

 

Commentaires 

 
+1 #1 Appel Patriote à l'UGTT
Ecrit par AJMI91     23-11-2015 19:37
Monsieur le Secrétaire Général de l'UGTT : Voyez vous, Monsieur ABASSI, je pensais que vous aviez l'intelligence d'un économiste face à ce qui se passe actuellement dans notre pays mais hélas, Je me suis trompé. Donc, Vous réclamez 15% d'augmentation sur la masse salariale du privé uniquement pour les salariés. Est ce que vous intégrez là dessus les charges sociales payées par le patronat ? Comment voulez vous qu'après celà, les patrons Tunisiens vont essayer de soutenir l'économe nationale et l'emploi s'ils ne peuvent plus investir et moderniser l'outil de travail ? Non Monsieur ABASSI, vous faites de la "Boulitique" et non du syndicalisme. Un bon syndicaliste pense d'abord non à avoir des cotisations à la pelle mais à la modernisation de l'entreprise. Merci
 
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