Tunisie/ UGTT : Apaisement avec l’Etat, tension avec le secteur privé !

Publié le Mardi 22 Septembre 2015 à 17:53
Poignée de main Essid/ Abassi en marge de la signature de l'accord de la fonction publique. Les rapports entre le patronat et le syndicat se sont de nouveau crispés. La grève des transporteurs routiers des marchandises et des hydrocarbures observée depuis dimanche à minuit, et suspendue hier lundi en fin de journée, a fait voir des vertes et des pas mûres aux automobilistes, et jeté de l’huile sur le feu.

Les organisations patronale et syndicale se renvoient mutuellement la balle de ce débrayage extrêmement coûteux pour l’économie nationale. Même si un accord de principe semblait être trouvé hier, le différend serait loin d’être aplani et l’UGTT maintient son mot d’ordre de grève pour les 5,6 et 7 octobre.

Une crise qui traduit une détérioration des rapports entre les patrons et la puissante centrale syndicale, et qui risque de déboucher, si des arrangements ne sont pas vite trouvés, sur "une grève générale dans le secteur privé, qui sera historique", a mis en garde ce mardi, le SG adjoint d’el-itihad, Belgacem Ayari. Dans une déclaration aux médias, Ayari a fustigé "l’irresponsabilité et les atermoiements" de l’UTICA, en matière d’activation des engagements pris antérieurement.  

Cette crise avec le secteur privé tranche avec l’accalmie annoncée avec le secteur public, à la faveur de la signature ce mardi même d’un accord de majoration salariale dans la fonction et entreprises publiques couvrant les deux prochaines années.

Abassi s’est voulu rassurant, et a préconisé, un parachèvement des pourparlers dans le secteur privé dans les prochains jours. La répartition des rôles entre le chef de l’UGTT et l’un de ses adjoints est claire. L’un est menaçant, histoire d’être fidèle à la réputation d’une organisation au verbe haut, et de contenir la colère d’une base ayant toujours les nerfs à fleur de peau, et l’autre joue l’apaisement, dans le but de ne pas trop compromettre les rapports avec l’UTICA, le partenaire du quartette et du quintette. A fortiori que le président de la république a déclaré lors de la deuxième réunion du quintette, le 07 septembre dernier, qu’un accord avait été conclu dans le secteur privé, qui sera signé en ce mois de septembre, saluant au passage l’entente entre l’UGTT et l’UTICA.

Une entente manifestement fragile. Outre le fait que l’accord n’ait pas été encore signé, les accords conclus précédemment n’ont pas été traduits dans les faits, à en croire la partie syndicale.

Ce flou persiste à l’heure où tout le monde souhaite l’instauration d’une paix civile, préalable à la relance économique et à la reprise de la machine de production.

Reste que l’essentiel n’est pas dans la signature des accords, que ce soit dans le public ou dans le privé, et de poser tout sourire devant les caméras, mais dans la capacité de pouvoir les honorer.

Le gouvernement qui a consenti d’accorder une majoration salariale à 800 mille  fonctionnaires et agents publics, d’un montant de 1.8 milliard de dinars (dixit le DG de la fonction publique, dans une déclaration à Mosaïque), a du mal à rétablir les grands équilibres budgétaires, et à rééquilibrer la balance entre recettes et dépenses.

L’Etat tunisien vit à crédit, et les choses vont en s’aggravant puisque l’argent est en train d’être alloué à la consommation, et non à l’investissement et à la création des richesses, ce qui ne fera qu’entretenir la spirale des déficits, de l’inflation et de la cherté de la vie. Christine Lagarde n’a pas manqué de le souligner lors de son dernier passage en Tunisie, "le taux de la masse salariale est très élevé, avec 13 % du PIB", a-t-elle dit. La DG du FMI avec qui l’on s’apprête à conclure un second accord en mars 2016, a prôné une modération des salaires. Et ce qui semble être une simple recommandation aujourd’hui, sera une stricte injonction demain.

Idem pour le secteur privé, où la morosité est persistante, et l’activité en rade. De nombreux secteurs sont aux prises avec de grandes difficultés et appellent l’Etat à la rescousse, qui lui-même vit sous perfusion. Une situation des plus critiques, qui n’est pas près à se décanter de sitôt. La solution est dans une réelle reprise économique. Quand et comment va-t-elle intervenir ? Tout le monde semble l’ignorer.    
H.J.


 

Commentaires 

 
#1 et pourtant c'est simple
Ecrit par Royaliste     23-09-2015 10:57
la grève du secteur privée sera un suicide pour l'UGTT et sera une occasion (excuse)pour plusieurs patrons de mettre la clef sous la porte et fermer boutique.

pour relancer l'économie c'est simple:

1- augmenter les recettes fiscales de l'Etat: a travers la justice fiscale: sans augmenter les impôts, mais en taxant équitablement TOUS les citoyens tunisiens , je rappel que seul une minorité paye son due.

2- rentabiliser les entreprises publiques: avec une meilleure gestion, ces compagnies seront une source de revenus de l'Etat, lequel revenue peut créer de l'emploi engendrant une vrai valeur ajouté.

3- une vrai décentralisation des pouvoirs: Tunis doit donner plus de pouvoir aux régions.

4- responsabilisation du citoyen: les citoyens devront avoir le choix d'investir directement aux projets en allouant un pourcentage de leur taxes a un projet spécifique d'une region déterminée: par exemple, la région de Sousse publie un plan quinquennal avec ses projets phares: disons qu'elle veut prolonger la ligne du métro... et bien un citoyen peut allouer jusqu'à 20% de ses taxes a ce projet, ainsi, les citoyens vont se réapproprier les installations publiques et verront que leur argent ne va pas seulement dans le payement des privilèges des politiques mais que les taxes sont concrètement utilisés.

PS: en reprenant les mêmes recettes des années précédentes on va continuer a avoir les mêmes résultats, même pires vue que les conjonctures ont changés
 
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