Tunisie/ Troubles à Dhiba : La première épreuve du gouvernement Essid

Publié le Lundi 09 Février 2015 à 18:09
Premier conseil des ministres du gouvernement Essid. Le nouveau gouvernement commence son mandat dans l’urgence sociale et sécuritaire. Au lendemain de son investiture officielle, l’équipe Essid s’est retrouvée face à un grave mouvement contestataire, ayant fait un mort et plusieurs blessés dans la région frontalière de Dhiba. Une première épreuve pour Habib Essid, dont la mission sera loin d’être une sinécure.

Plus de quatre ans après la révolution, la Tunisie n’arrive pas à exorciser les démons des tensions sociales. Notre courte histoire postrévolutionnaire a été ponctuée par des troubles survenus ça et là, du Nord au Sud, suscités par des populations mécontents et déçus. Les gouvernements qui se sont succédé ont dû composer avec cette humeur contestatrice intermittente, en usant beaucoup plus de la méthode du bâton, que de la carotte. Dans la plupart des cas, l’usage de la force a été jugé excessif, chose que le ministère de l’Intérieur a toujours essayé de relativiser, invoquant les violences inacceptables concomitantes aux événements, soit contre ses agents, ou contre des sièges de souveraineté, et des biens publics et privés.

Les mouvements protestataires survenus depuis 2011 ne sont autres que des répliques à la révolution du 17 décembre-14 janvier. Le peuple qui s’est révolté pour réclamer emploi, justice sociale, dignité et vie décente, n’est pas au bout de ses peines. Sa situation, au mieux demeure tristement immuable, a au pire, se dégrade sans cesse. Ce sentiment de l’espérance trahie est derrière ces accès de colère que des jeunes et moins jeunes expriment différemment, et qu’ils n’arrivent, plus, par moments à contrôler.

Que faire ? Va-t-on vivre ad vitam aeternam avec le spectre des tensions sociales, avec toutes les répercussions que cela engendre sur notre paix civile, et sur le pressant agenda national de réformes renvoyé sine die, à moult reprises ? Va-t-on se limiter à chaque fois à désamorcer la tension par des solutions provisoires, qui ne font que camoufler momentanément les problèmes au lieu de les juguler ?

Le fait d’agir et de décider dans l’urgence était, grosso modo,  la démarche des précédents gouvernements, laquelle montre de plus en plus ses limites.

Dans le cas d’espèce, le gouvernement Essid a décidé d’étudier la  possibilité de surseoir à la taxe de 30 dinars imposée aux ressortissants maghrébins. Le cas échéant, la Libye procèderait par réciprocité à l’annulation de la taxe imposée aux Tunisiens à l’entrée de la Libye. Il s’agit là de la principale revendication de nos compatriotes de Dhiba et de Ben Guerdane, pour qui la Libye demeure le seul poumon de la région. Mais au-delà de cette mesure, que faut-il faire pour garantir l’emploi et la dignité à nos concitoyens des régions frontalières.

Ces zones sont condamnées à vivre du commerce parallèle, et n’ont guère d’alternative. On leur a longtemps promis une plateforme de développement, des projets d’infrastructure, des postes d’emploi, des unités industrielles, mais ce n’était que des vœux pieux. La situation est la même dans les autres régions intérieures, où les populations sont privées de tout et vivent dans un extrême dénuement.

Le gouvernement Essid, pas plus que ceux qui l’ont précédé, ne dispose pas de baguette magique pour transformer le vécu pénible des populations de l’arrière-pays, mais il devra bien disposer d’une vision, et d’une stratégie à même de les sortir à terme de l’ornière.

Il est tenu dans un premier temps de donner de l’espoir à nos compatriotes, et de les inciter à croire en des lendemains meilleurs. Il doit aussi accomplir un rôle pédagogique en leur expliquant la démarche qu’il compte suivre, les objectifs à atteindre et dans quelle échéance pour amorcer l’essor ce ces régions sinistrées. Et puis gare à instrumentaliser ces événements et à souffler sur les braises, ce qui ne fera que reculer davantage ces régions, les premiers perdants seront encore une fois les populations.
H.J.


 

Commentaires 

 
+1 #2 Pays des lamentations
Ecrit par Royaliste     10-02-2015 11:02
D’accord, alors proposez quelque chose.

Ca fait 4 ans que vous répéter la même propagande populiste, il est peut être le temps de bouger et de faire autre chose que de vous lamenter : proposez, invitez des experts qui peuvent proposer des solutions, des idées, des projets viables et rentables….

Par ailleurs, Il y a certains point qu’il faut regarder en face :

1-Le tunisien n’aime pas le travail
2-Le tunisien est indiscipliné
L’ANC fut un bel exemple, malgré un excellent salaire, les députés étaient indisciplinés, toujours absents, et ont fait le travail en 3 ans au lieu de 1 :
Conclusions :
1- Le tunisien ne travail que s’il est menacé de perdre son emploi (on n’a pas de conscience professionnelle) : le tunisien a besoin du bâton pour travailler.
2- Le tunisien veut un salaire mais ne veut pas le mériter par le travail, on cherche tous un travail ‘mosmar fi 7it’
3- Le tunisien veut les avantages (gratuité scolaire, subventions….) mais ne veut pas payer ses impôts (encore la il fait le bâton pour le motiver
4- Le tunisien est incompétent, il faut juste assister a des entrevus pour le constater et au lieu de s’améliorer le tunisien ‘tue le temps’ sur les cafés et demande au gouvernement de lui trouver un emploi, une maison …
 
 
-2 #1 RE: Tunisie/ Troubles à Dhiba : La première épreuve du gouvernement Essid
Ecrit par Montygolikely     10-02-2015 09:12
Au lieu d'infliger une taxe de 30 Dinars, mal perçue par les populations des régions frontalières avec la Libye et prétexte à une "effervescence manipulée", pourquoi ne pas taxer tous les Libyens qui résident en Tunisie, même "provisoirement", ne serait-ce qu'au regard qu'au coût de la compensation de certains (pain, sucre, carburants, etc.) qu'ils consomment comme tout le monde et pour lesquels ils ne paient aucun impôt...
 
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