Tunisie/ Transfert en devises : Les agences de voyage face "à une grave crise"

Publié le Lundi 17 Juillet 2017 à 13:43
Les agences de voyage réclament une révision urgente de l’enveloppe en devises au titre des voyages touristiques organisés à l’étranger, qui est de l’ordre de 25 millions de dinars, un montant qui s’est épuisé en ce mois de juillet, ce qui plonge le secteur dans une grave crise et menace les AV de fermeture.

La fédération tunisienne des agences de voyage (FTAV) s’est alarmée ce lundi 17 juillet, lors d’une conférence de presse, de l’épuisement de l’enveloppe des transferts en devises allouée aux agents de voyage, au titre de 2017, alors que l’on est en pleine saison, chose qui met en péril leurs activités, les met dans une situation difficile envers leurs clients et leurs fournisseurs, et peut leur coûter d’être interrogés, jugés et même d’aller en prison.

Le président de la FTAV, Mohamed Ali Toumi, ne décolère pas. Il a évoqué une étude réalisée par le ministère du Tourisme, selon laquelle, les besoins du marché tunisien des AV sont dans la limite de 40 millions de dinars pour 2016, 50 millions de dinars pour 2017, et 60 millions de dinars en 2018 jusqu’à la libération totale du secteur. La profession s’attendait à ce que la somme de 2016, 40 millions de dinars, soit retenue pour 2017, mais un conseil ministériel tenu en février 2017, a fixé le plafond à  25 millions de dinars seulement, s’est-il insurgé.

Il a fait état des difficultés auxquelles se heurtent les agences de voyage tous les ans, vers les mois d’octobre et de novembre, avec l’épuisement de l’enveloppe allouée à l’outgoing.  Les choses sont plus difficiles cette année, puisque cette enveloppe s’est d’ores et déjà et épuisée, et a même été dépassée de 15 millions de dinars.

Les dossiers de transfert autorisés par le ministère du Tourisme et l’ONTT ont été dans la limite de 25 millions de dinars, quant aux dossiers correspondant au 15 millions de dinars, ils ont été reçus par le ministère du Tourisme mais ne seront pas signés, a-t-il expliqué, signalant que les agences de voyage ont des engagements au titre cette somme, tant avec les fournisseurs étrangers, qu’avec leurs clients, a fortiori que personne ne les a avisées auparavant de l’épuisement de l’enveloppe.

Des agences de voyage auront à mettre la clef sous le paillasson
Les agents de voyage qui manqueront à leurs engagements seront interrogés, jugés et peuvent même aller en prison, outre l’impact que cette situation aura sur les employés. Puisque des agences de voyage en difficulté, sur le total de 250 opérant en Tunisie, auront à mettre la clef sous le paillasson et donc à expulser des travailleurs, a-t-il souligné.

"La fermeture d’entités économiques qui travaillent dans la légalité coûtera à l’Etat en termes de TVA, d’impôts, de retenues à la source, de compte provisionnel, de CNSS", a énuméré Toumi, estimant inconcevable que les agences de voyage se trouvent obligés de licencier des travailleurs, après avoir signé un accord avec l’UGTT sur les augmentations salariales.

Il a admis que les transferts en devises sont une question sensible, dans une telle conjoncture critique, s’étonnant que les autorités n’aient pas établi une liste des produits achetés en devises auxquels on peut renoncer, à l’instar de ce qu’a fait l’Algérie ces derniers jours en publiant une liste de produits interdits d’importation. "Il y a plein de produits achetés en devises dont on n’a pas besoin", a-t-il martelé, citant l’exemple de "la nourriture pour chats et chiens" exposée sur les rayons des hypermarchés.

"Les agences de voyage ne veulent pas être le dindon de la farce, que chacun assume sa responsabilité. Que le responsable sorte et dit aux Tunisiens de ne plus voyager, car on n’a plus de devises", a-t-il lâché.  

Le président de la FTAV s’est, par ailleurs, défendu que la clientèle des agences de voyage soit issue de la classe aisée. Ces gens-là ont leur compte en devises, leur carte internationale, et n’ont pas besoin des AV. Nos clients proviennent de la classe moyenne, a-t-il affirmé.

Le secteur traverse une grave crise, et la situation n’attend pas, a-t-il prévenu, qualifiant d’indicateur très dangereux l’épuisement de l’enveloppe en juillet. Il a exhorté les autorités à revoir rapidement cette disposition, à débloquer l’enveloppe de 15 millions de dinars, et à appliquer les conclusions de l’étude réalisée par le ministère du Tourisme.

"Les agences de voyage se sont arrêtées depuis le 11 juillet mais les gens partent tous les jours et l’activité continue dans les aéroports. Avec cette restriction, on va porter préjudice aux entités économiques, au profit de ceux qui travaillent dans le noir", a déploré le président de la FTAV.

"Le secteur du tourisme a réalisé des revenus de 2322 millions de dinars en 2016. Le montant de 25 Millions de dinars représente 1,6 %. Donnez-nous au moins 3 %, et les agences de voyage sauront faire des rentrées en devises encore plus importantes", a-t-il lancé.

L’UGTT représentée à cette conférence de presse a apporté son soutien aux revendications de la FTAV.
Gnet