Tunisie/ Terrorisme : Encore un exploit sécuritaire, reste à identifier les commanditaires !

Publié le Jeudi 03 Janvier 2019 à 16:07
Les forces sécuritaires ont frappé fort en ce début d’année dans les milieux terroristes, en démantelant un groupuscule armé et en mettant la main sur des armes et munitions. L’opération menée ce jeudi 03 janvier 2019 à Jelma Sidi Bouzid, confirme le tournant pris ces dernières années en matière de guerre contre le terrorisme, celui qui consiste à anticiper le danger avant sa survenue, et à surprendre les terroristes dans leur tanière, avant le passage à l’acte.

Qu’ils se retranchent dans les villes, là où ils cherchent à se confondre avec la population, ou dans les dédales montagneux, ces ennemis de la nation sont traqués, poursuivis, et finissent souvent par tomber, même si parfois les choses prennent un peu de temps. Une guerre sans merci que celle  menée par les institutions sécuritaire et militaire contre ce fléau, mues par la détermination de l’extirper à la racine, et d’en débarrasser chaque once du territoire national.

Ce niveau d’alerte et de promptitude rassure, mais pareilles opérations sécuritaires montrent que les terroristes sont encore disséminés à travers le pays, et que la menace persiste, traversant tout autant les frontières que les années, et multipliant les tentatives désespérées de torpiller le processus démocratique, déjà aux prises avec de multiples vulnérabilités.

Nombreuses sont les réussites qui sont à l’actif de l’appareil militaro-sécuritaire, nombreux sont aussi les sacrifices. La rançon à la stabilité de la Tunisie, et à l’invulnérabilité de son territoire, ce sont les braves membres de l’armée, de la garde et de la police nationales qui l’ont payée, par des martyrs, et des blessés, sans que cela ne les dissuade de répondre à l’appel du devoir, de se confronter au danger, et de mettre en péril leur vie.

Le terrorisme est un fléau totalement étranger à la Tunisie, mais lui a lourdement coûté en termes de pertes humaines, de moyens budgétaires et d’image. Il est, par ailleurs, un facteur aggravant de la crise multiforme qui secoue le pays. Plus la situation politique et socioéconomique se dégrade, plus le terrorisme trouve un terreau fertile pour étendre ses tentacules, et mettre en exécution ses plans de déstabilisation.

Les exploits sécuritaires à eux seuls ne sauraient venir à bout de ce fléau, en l’absence d’une approche globale revêtant les aspects, éducatif, culturel, religieux, social et économique, et pas seulement, sans une détermination à mettre fin au laxisme qui prévaut notamment dans les régions montagneuses et reculées, où ces éléments ont une liberté de mouvement parfois surprenante. 

L’union sacrée face au terrorisme n’existe que dans les discours, et peine à se traduire dans les faits. Sa concrétisation reviendrait à ce que partis politiques, organisations nationales et toutes les forces vives du pays concourent à renforcer l’Etat, à en rétablir l’autorité et la capacité à faire régner l’ordre tant dans les villes que dans les montagnes. L’affaiblissement de l’Etat est à la fois une conséquence et une cause de la montée des groupes terroristes au cours de ces huit ans.

Le terrorisme ne saurait être un mauvais souvenir que sous un Etat fort, et imperméable à toutes les infiltrations. L’action sécuritaire est louable mais tronquée, tant que les commanditaires, qu’ils soient à l’intérieur, ou à l’extérieur, ceux qui tirent les ficelles, enrôlent notre jeunesse, et financent ces groupuscules, et qui plus est, sont coupables d'acte hostile contre un Etat souverain, ne sont pas identifiés et mis hors d’état de nuire.
H.J.