Tunisie/ Successeur d’Habib Essid : BCE laisse le choix aux partis

Publié le Vendredi 08 Juillet 2016 à 13:25
L’idée de la formation d’un gouvernement d’union nationale a été lancée le 02 juin dernier par Béji Caïd Essebsi, lors d’une interview télévisée. Un mois après, et sans que rien de concret ne soit encore perceptible, l’initiative aura atteint ses objectifs, aux dires de BCE. Il a affirmé lundi soir, 04 juillet, lors des concertations politiques menées à Carthage, que son initiative a été concluante, dans la limite de ses prérogatives constitutionnelles.

L’initiative présidentielle a dominé l’actualité politique ramadanesque. Qu’ils représentent des partis poids lourd, ou poids plume, qu’ils soient on non représentés à l’Assemblée, les responsables politiques ont été tous ou presque reçus au palais pour s’entretenir avec son locataire, et échanger au sujet de son initiative, son opportunité, son bien-fondé et ses finalités.

Les organisations nationales, UTICA, UGTT et UTAP ont été également de la partie, et des entretiens les ont réunis séparément avec le président. Même s’ils déclinent toute participation directe au prochain gouvernement, les partenaires sociaux réclament voix au chapitre, s’agissant de contribuer à l’élaboration de son programme.

Parallèlement à ces entretiens qui se poursuivent ce vendredi même, avec une entrevue entre le président et le SG du parti socialiste, Mohamed Kilani, des concertations politiques ont été menées, dans le cadre de réunions élargies, présidées par  BCE, consacrées notamment aux priorités du gouvernement en devenir.

Lors de la réunion de lundi dernier, le chef de l’Etat est revenu sur les raisons de son initiative. Deux partis de la coalition ont retiré leur soutien au gouvernement, et les deux autres lui font des reproches, ce qui montre qu’il y a problème, a-t-il dit. Il a ajouté s’être concerté au sujet de sa proposition avec toutes les sensibilités politiques sans exception. Ces concertations ont permis aux uns et autres de faire des suggestions et de modifier le document de synthèse. "Etant ancien en politique, je n’ai jamais assisté à une chose pareille", s’est-il enorgueilli, affirmant avoir agi dans le cadre de ses prérogatives constitutionnelles. "Le chef de l’Etat a une responsabilité morale de défendre les intérêts de la Tunisie et son peuple", a-t-il souligné.

BCE répondait ainsi aux critiques qui lui sont adressées notamment par son ancien directeur de cabinet, d’avoir transgressé la constitution à travers son initiative. Ridha Belhadj considère qu’on ne peut mettre fin aux fonctions du gouvernement qu’à travers une motion censure à l’ARP, et que le fait de pousser le chef du gouvernement à démissionner est anticonstitutionnel. Légèrement soutenue, cette position reste inaudible face à la large approbation de l’initiative présidentielle.

L’idée poursuit donc son petit bonhomme de chemin. Si tout va bien, le document de synthèse autour des priorités du futur gouvernement sera adopté ce vendredi. Les thématiques du prochain programme gouvernemental portent sur la guerre contre le terrorisme, l’accélération de la cadence du développement et de l’emploi, la lutte contre la corruption, les attributs de la bonne gouvernance, la maîtrise des équilibres financiers, la mise en œuvre d’une politique sociale efficace, ainsi que d’une politique spécifique aux villes et aux collectivités locales, et le parachèvement de l’installation des institutions constitutionnelles.

A les parcourir, ces priorités embrassent tous les secteurs en difficulté, ou carrément en crise, qui méritent des solutions efficaces, et des actions urgentes. Mais entre la théorie, et la pratique, il y a un hiatus, tout autant qu’entre l’intention exprimée, et la volonté traduite dans les faits. D’autant plus que ces priorités ne sont pas nouvelles, et les problèmes qui les motivent sont anciens, et étaient posés dès le lendemain de la révolution.

Les gouvernements qui se sont succédé depuis s’en sont emparés, en vain. Habib Essid et son équipe les ont, à leur tour, placés au centre de leur discours et programmes, mais les résultats étaient peu ou pas au rendez-vous.

La question est de savoir si le problème tenait aux personnes, ou au climat général qui fait que le pays fasse de surplace, sinon ne cesse de reculer tout au long des années postrévolutionnaires.

Mais personne n’a manifestement envie d’évoquer cet aspect. Partis politiques et organisations nationales, mus par des intérêts différents, préfèrent s’accrocher à l’initiative présidentielle, et y placer leur espoir. Leur priorité à eux, c’est de trouver un successeur à Habib Essid, de s’entendre sur les membres de son équipe, et sur son architecture. C’est le sujet du deuxième round des concertations politiques qui seront menées sans le président. Ce dernier dit avoir accompli son rôle, et estime que son initiative a été couronnée de succès dans la limite des pouvoirs que lui accorde la loi fondamentale.

Maintenant la balle est dans le camp des partis de choisir l’homme de consensus, qui allie compétence, intégrité, et audace, pour pouvoir accéder à la Kasbah, et diriger un gouvernement d’action à même de donner un second souffle à ce quinquennat chancelant, et sortir le pays de l'ornière.

A priori le nouveau gouvernement devra être annoncé pendant cette période estivale, afin qu’il soit totalement opérationnel à la rentrée, où il doit rendre des comptes notamment sur les volets économique, et  financier,  aux bailleurs de fonds (FMI et banque mondiale) dont est désormais tributaire la santé budgétaire du pays.
Gnet

 

Commentaires 

 
#3 Hafedh Essebsi a toutes les cartes en main
Ecrit par Mamrouj     12-07-2016 10:06
Les choses sont claires. Pour le Nidaa, le prochain chef de gouvernement doit appartenir à ce parti: Chaker ou Jelloul. on parle même de Ben Ticha l'artisan de cette idée de gouvernement d'union sous le parrainage de Hafedh Essebsi. Pour le moment, Ennahdha n'apprécie pas beaucoup et préfère une autre personnalité (Chebbi, entre autres...) mais le Nidaa possède la carte maîtresse pour la dompter: Où vous acceptez ou nous vous remplaçons par le Front populaire qui n'a qu'une condition: le Ministère de la Justice en vue de mettre les chefs d'Ennahdha sous les verrous. Conclusion l'héritage politique est en route. Hafedh est déjà le maître du pays et il le sera ouvertement en 2019.
 
 
#2 RE: Tunisie/ Successeur d’Habib Essid : BCE laisse le choix aux partis
Ecrit par Montygolikely     10-07-2016 12:45
Il s'en lave les mains, le Bajbouj et puis, toute réflexion faite, après lui, le déluge !
Décidément, on ne sort pas de ce cercle vicieux d'où l'on efface rien au fond et l'on recommence surtout la même chose...
 
 
#1 Tous (ou presque) ont été reçus
Ecrit par Zenobie     09-07-2016 18:20
Oui, un seul n'a pas été reçu car il est sciemment ignoré. Le message vers ses électeurs (1 375 000 au second tour) est fort: "vous n'existez pas pour nous".
Bref, c'est le retour aux bonnes vieilles pratiques qui visent à ignorer et marginaliser toute une partie du pays.
Pas sûr que ce soit la bonne façon de gouverner dans les difficiles circonstances actuelles.
Depuis plus de 18 mois que ce président est élu, il n'a strictement rien fait, hormis essayer de blanchir les corrompus; il n'a absolument aucun programme de gouvernement si ce n'est d'installer sa tribu à la tête du pays. Pauvre Tunisie et pauvres tunisiens; dans quelle galère vous êtes-vous mis avec l'élection de ce vieillard incapable !!
 
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