Tunisie/ Sit-in du départ : Un show populiste sans alternative sérieuse

Publié le Lundi 29 Juillet 2013 à 13:35
La Tunisie est confrontée à une crise politique aigue, la plus grave depuis le 14 janvierLa Tunisie entre dans une zone de turbulences redoutable. Elle est aux prises avec une crise politique aigue, la plus grave depuis le 14 janvier. Les soubresauts ayant ponctué le processus transitoire depuis son enclenchement au lendemain des élections du 23 octobre, ont atteint, après l’assassinat du martyr Mohamed Brahmi, leur paroxysme, voire le point de non-retour. Ce qui est encore plus dangereux, est que la bataille se joue dans la rue, une rue divisée entre anti et pro-légitimité.

La tension est montée d’un cran ces dernières heures sur la place du Bardo, une agora où coexistent deux clans, les contempteurs de la légitimité, et ses partisans . Les nerfs sont à vifs, et les uns sont prêts à en découdre avec les autres. La police met en garde contre la présence de deux groupes adverses dans une place qui ne peut se suffire qu’à un seul ; laquelle police est pointée du doigt d’avoir agressé des députés sit-inneurs, à l’instar de Mongi Rahaoui, samedi dernier et de Noôman Fehri, ce lundi.

Entretemps, la crise politique s’aggrave, près de 70 députés ont jusque-là annoncé leur  retrait de l’ANC, l’on se rapproche du tiers bloquant, à même de paralyser l’action de l’Assemblée, faute de quorum. Les députés instigateurs du sit-in du départ,  "اعتصام الرحيل",  appelant à la dissolution de l’Assemblée constituante, à la chute du gouvernement en place et à la formation d’un gouvernement de salut national, se disent déterminés à poursuivre leur action jusqu’à la concrétisation de leurs revendications.

L’autre camp, incarné notamment par les partis de la troïka, appelle à la préservation du processus transitoire, au maintien de l’ANC et des institutions qui en sont issues, et pressent les députés démissionnaires de revenir sur leur décision. Une réunion de concertation a rassemblé hier les trois présidents, et un conseil des ministres se tient ce matin même et l’on attend à ce qu’il débouche sur des décisions pour une sortie de crise. La réaction de la troïka aurait dû être plus rapide, face à la dégénérescence de la situation.  

A l’intérieur du pays, un phénomène inédit se produit. Des entités qui se présentent comme des instances de coordination de salut, voient le jour dans certaines régions à l’instar de Sidi Bouzid, du Kef, de Sfax, etc. Elles s’autoproclament comme substituts aux autorités régionales en place : gouvernorat, municipalité…désormais illégitimes à leurs yeux, et s’arrogent le droit de gérer les affaires de la région. Ces instances sont le prolongement du Front national de salut constitué principalement du Front populaire, de Nida Tounes, d’autres partis dits démocratiques et d’organisations de la société civile. Elles disent tirer leur légitimité de la rue, et appellent à la désobéissance civile. Voilà où en est la situation aujourd’hui en Tunisie, après une année et neuf mois de l’enclenchement du processus de transition, consécutif aux élections du 23 octobre. La transition démocratique qui devrait nous mener à des élections, à un gouvernement élu démocratiquement pour un mandat durable, à des institutions pérennes, débouche sur le chaos qui frappe ce qui a fait, jusque-là, notre force, en l’occurrence l’Etat et sa pérennité.

L’intérêt de la Tunisie est en train d’être sacrifié sur l’autel de l’avidité du pouvoir. Il est reproché, à juste raison, à la troïka son manque de réactivité, son attitude timorée et un discours qui n’est pas à la hauteur de la gravité de la conjoncture.

L’opposition, elle, continue sa mobilisation populaire. Mais en prônant l’annulation du processus transitoire, le changement par la force, et le retour à la situation antérieure aux élections du 23 octobre, elle ne semble pas prendre la mesure du risque qu’elle fait courir au pays. Le show populiste auquel les constituants démissionnaires s’adonnent devant l’ANC n’est pas porteur d’une alternative sérieuse et sûre. On aurait souhaité que ces députés qui ont fréquenté pendant une année et neuf mois les bancs de l’hémicycle, et ont fait perdre beaucoup de temps, d’énergie et d’argent à la collectivité nationale, fassent preuve de plus de maturité pour aller jusqu’au bout de la mission dont le peuple les a investis.

Quoiqu’en on dise,  l’Assemblée nationale constituante reste la garante de la stabilité étant issue des urnes. En démissionnant ou en gelant leur adhésion à l’Assemblée, les députés font un aveu d’échec, et trahissent la confiance qui leur a été donnée par les électeurs de leur préparer une constitution. Après avoir largement débordé par rapport au délai d’une année convenu pour l’accomplissement de cette mission, ils se réfugient dans une démarche irresponsable et jusqu’au-boutiste.  

Il est vrai que le choc du 25 juillet, celui du meurtre du martyr Mohamed Brahmi, deuxième assassinat politique en six mois en Tunisie, est une tragédie qui appelle une remise en cause de la politique suivie, et une rectification du processus. Réclamer un gouvernement d’union nationale sur la base d’un large consensus pour amortir le choc, et préserver le pays des dérapages, aurait été plausible et constructif. En revanche, faire table rase de ce qui a été fait depuis les élections, ne peut que fragiliser la Tunisie à l’intérieur et à l’extérieur, aiguiser le spectre de la division en son sein et l’entraîner dans la spirale de l’instabilité et de la violence. L’heure est grave et la classe politique doit savoir en prendre la mesure.

H.J.

 

Commentaires 

 
+2 #7 article pertinant
Ecrit par captain usop     03-08-2013 13:52
Bravo H.J. bon article qui explique bien la situation. Le mvt du sit-in n'est pas spontanée, il s'agit d'une manipulation des parties politique comme cette.... de nidaa tunis qui oeuvre pour nous faire revenir à l'époque RCD... Le pire c'est que ces gens manipulées sont complètements aveuglés par la désinformation orchestrée par Nidaa tunis et leur média (francophone souvent). Heureusement la plus grande partie de la population n'est pas dupe... Ils ont bien compris les intentions de ces anciens collabo de la dictature ...
 
 
-2 #6 ENNAHDA DOIT SORTIR DE SON MUTISME
Ecrit par ennahdamais     01-08-2013 20:20
Je pense que c’est dans l’intérêt de tous et surtout de ENNAHDA de ne pas se voiler la face et de procéder aux changements que tous les TUNISIENS s’accordent a considérer comme nécessaires et que je cite ci après et qui ont pour objectifs de réconcilier les Tunisiens envers les politiciens et les investisseurs et les touristes envers la Tunisie .
1/Annuler la mission du décideur général de la constitution monsieur HBIB KHEDR et le remplacer par une commission d’experts reconnues en droit constitutionnel et qui aura la tache de mettre les différents points de réconciliation notifiés par les commissions parlementaires , sans donner a une seule personne et en l’occurrence représentant d’un seul partie le pouvoir de faire des modifications non conformes aux accords préalables (ce qui est une des raisons que des parlementaires ont boycotté l’1/2 cycle )
2/Annuler ou modifier certains articles venant en contradiction avec d’autres entre autre avec l’article 1 ier, ce qui est aussi le rôle de la commission d’experts en droit constitutionnel .
Finir ainsi toutes les discutions sur les articles de la nouvelle constitution après accord des 2/3 sur tous les articles un par un et après mise au point par la commission d’experts dans un délais globale de 1 mois pour l’établissement définitive de la constitution de tous les Tunisiens .
3/Revenir sur la loi précisant les prérogatives de la commission supérieure électorale qui doit avoir son indépendance et qui ne l’est absolument pas sous la loi actuelle ,ce qui est aussi le rôle de la commission d’experts en droit constitutionnel .
4/ Si les 3 conditions précédentes sont réunies les parlementaires doivent trouver absolument le moyen pour élire le 9 éme membre de la commission suprême électorale et s’il est nécessaire du membre démissionnaire le plus tôt possible (dans moins de 7 jours) .
5/Organiser une commission indépendante élus ou ayant eu l’approbation par les parlementaires pour revoir toutes les désignations des Gouverneurs et des Déléguées et des Omdas pour annuler tous ceux qui ont été fait sur le critère d’appartenance politique sans avoir les compétences en sciences économiques entre autre .
Et pour qu’oi ne pas penser a les élire par les concitoyens de ces régions dans un avenir proche avec un regard du gouvernement et des populations locales sous forme de commissions mixtes d’évaluation s’établissant périodiquement pour évaluer leurs rendement et établir des projets réalistes en fonctions des moyens qu’ils ont réellement dans un cadre de bien pour la région en question .
6/Il est de l’intérêt de tous et surtout de Mr LAARAID de démissionner ,ce n’est pas parce qu’il n’est pas compétant mais parce que sa persistance dans ce poste est la garantie de la fin d’ENNAHDA et d’ un bilan qui sera catastrophique pour notre pays car il est impossible qu’il continue a gouverner dans ces conditions
Même si on suppose qu’il n’a aucune responsabilité directe sur ce qui se passe dans notre pays il est évident que le peuple est conscient qu’il a échoué sur tous les plans .
ENNADA doit donner des signes forts et affirmer qu’elle écoute le peuple.
Si Mr LAARAID et ENNAHDA n’ont pas compris ce message claire du peuple il est du rôle du parlement de leur faire comprendre en votant la destitution de ce gouvernement et si tous ceci n’est pas fait il est inéluctable que la situation ne fera qu’empirer et que c’est malheureusement la Tunisie qui va en subir immédiatement les effets de cette situation de rupture avec les gouvernants et la Tunisie et les Tunisiens ne méritent pas ceci et il est certain et bien entendu qu’ENNAHDA sera le premier qui sera sanctionné dans les élections prochaines et c’est vraiment dommage pour tous.

8/Une personnalité intègre parmi un choix entre des personnalités reconnue par tous par leurs compétences et expériences devrait être désignée par les parties politiques et la société civile pour diriger son gouvernement vers la réconciliation avec le peuple et sera susceptible de redonner aux investisseurs surtout Tunisiens et aux étrangers la confiance dans notre pays .
9/Cette personnalité qui sera nouveau chef de gouvernement doit avoir les objectifs suivants dans son mandat pour la période restante de cette transition.
a/ Ordonner de bloquer immédiatement l’activité des soit disant ligues de protection de la révolution controversés par tous en attente que la justice les condamne en référé a les dissoudre plus tot possible et ce , dans les 2 mois puis pénalement suite a des plainte qui peut être portés par le procureur de la république et/ou par les parties politiques et UGTT qui ont souffert de leurs actes criminels .
b/consolider notre sécurité en équipant prioritairement notre police et sureté nationale et notre armée par tous les moyens logistiques et morales et matériels et en réactivant les lois anti terroristes et ne plus être laxistes envers ceux qui veulent diviser notre peuple et notre pays et ceux qui veulent semer la violence et l extrémisme .
c/donner des signes forts aux investisseurs pour revenir a notre pays et réinvestir
d/garantir a tous les parties de pouvoir faire leurs meetings dans les conditions optimales en sécurisant les endroits et les personnes politiques .
e/ frapper sur tous les groupuscules ou les personnes qui nuisent ou qui constituent une menace a l’intégrité physique des personnes et a la démocratie en instituant une justice impitoyable vis a vis des terroristes et des ligues reconnues par tous étant destructrice de notre démocratie
Si ces conditions sont réunies ENNAHDA n’a pas besoin d’instituer une loi d’exclusion et c’est le peuple qui exclura dans les urnes quand le moment viendra ceux qu’il ne veut pas .
ENNAHDA sera certainement le premier gagnant et aura une contribution certaine dans la construction actuelle et future de la démocratie dans notre pays .
Il suffit , la Tunisie ne supporte plus ,le courage impose de faire de suite ces modifications car le peuple n’est pas dupe et il faut savoir qu’il fera payer malheureusement ceux qui essayent de le prendre ainsi .
 
 
+2 #5 Show populiste ?????
Ecrit par Alibi     30-07-2013 12:26
C'est à vraiment se demander si vous êtes sérieux lorsque vous écrivez ce genre d'article ???????

Les ABC du journalisme seraient de descendre sur le terrain et de "sentir" et comprendre quel message ce terrain veut faire passer.

Aujourd'hui plus personne n'est derrière ce gouvernements de pantins, avide de pouvoir composé de terroriste islamiste notoire qui prônent le retour à l'obscurantisme !!! Ils ont réussit à scinder la Tunisie en deux: Meslmine ou Koffar !!

Je ne parle pas des "détails": chômage en hausse, inflation galopante, tourisme en berne, érosion de la balance commerciale, dévaluation dangereuse du dinar, chute des IDE, insécurité, criminalité, meurtres, assassinats, jihad, ni9ab, nika7 et la liste de ces "petits détails insignifiants sans aucun impact sur notre pays" est encore longue.

Alors, mon petit journaliste de pacotille caché derrière ton ordinateur et qui a sensiblement besoin de plus d'expérience pour ne pas tomber dans la subjectivité béate et primaire, aurais-tu la gentillesse de me dire, qu'avec tous les prémices d'un scénario à l'algérienne, comment peut-on encore parler de légitimité et d'opposition sans programme ???

ON PREFERE LE VIDE POLITIQUE QUE CE QUE NOUS SOMMES ENTRAIN DE VIVRE.

Et Bravo à Hédi pour son commentaire ci-dessus: "Il ne faudra pas vous plaindre lors de la chute de la troika d'être étiquetée parmi les caciques de l'ancien régime (pour l'instant actuel, pour l'instant...)"
 
 
-1 #4 terminer quoi exactement?
Ecrit par hj     29-07-2013 21:58
l'auteur devrait bien relire ses ecrits avant de les publier...l'assemblée élue devait rédiger ne constitution et n'avait pas été mandatée pour faire des lois..le mandat était clair dans la durée maximale et la mission...
ils ne me representent pas et si c'est le cas pour vous respectez le mien et ne rejetez pas votre haine sur le compte du populisme..Vous vous pensez peut être plus instruits que les autres que vous meprisez..vous n'avez aucun argment a part qu'il ne faut pas avoir perdu de temps pour rien alors qu'il n'est jamais trop tard pour réagir...
 
 
#3 RE: Tunisie/ Sit-in du départ : Un show populiste sans alternative sérieuse
Ecrit par Hédi     29-07-2013 20:20
"la situation antérieure aux élections du 23 octobre"

Si vous aviez un peu de jugeote, vous auriez remarqué que notre situation actuelle ressemble plus à l'avant 14 janvier, donc revenir à l'avant 23 octobre serait synonyme de grand bond en avant.

Des gens risquent leur vie dans ce sit-in se font tabasser, et tout ce que vous trouvez à dire: "show populiste". Il ne faudra pas vous plaindre lors de la chute de la troika d'être étiquetée parmi les caciques de l'ancien régime (pour l'instant actuel, pour l'instant...)
 
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