Tunisie/ Secteur public : Un débat à hue et à dia autour de la privatisation

Publié le Jeudi 10 Août 2017 à 13:57
Le gouvernement est appelé à arbitrer le recours ou non à la privatisation. Le secteur public n’est pas à vendre, titre ce jeudi al-Chaâb en vente dans les kiosques. Le journal de l’UGTT annonce une marche et un sit-in à la place Mohamed Ali dénonçant les tentatives de privatisation. 

La privatisation et ses redoutables plans sociaux ! L’UGTT n’en veut pas en entendre parler. Il n’est pas question pour l’influente organisation syndicale que l’Etat cède des entreprises publiques au secteur privé, celles qu’elle considère comme étant des fleurons de l’économie nationale, imputant leur déficit abyssal à des choix erronés, des politiques inadéquates, et à une mauvaise gestion héritée du passé, et qui s’inscrit dans la durée. 

Le principal syndicat du pays dont la position trouve des échos favorables, en milieu politique notamment chez le Front populaire, fustige tout tournant libéral du gouvernement, préjudiciable, à ses yeux, pour l’économie nationale et les intérêts des travailleurs, qui certes subissent, de plein fouet, les effets pervers de la révolution. Comme elle est hostile à toute décision de gel des salaires, dans le public et le privé, invoquant un pouvoir d’achat des classes moyenne et démunie qui s’érode dangereusement. 

Là où la centrale syndicale brandit un carton rouge contre toute politique d’austérité et de privatisation, l’organisation patronale prône tout à fait l’inverse.

L’UTICA défend une maîtrise des dépenses de l’Etat, une compression de la compensation, une restructuration voire une privatisation des entreprises publiques déficitaires, un gel des salaires pour tirer vers le bas une masse salariale anormalement amplifiée, etc. 

Des positions aux antipodes et un débat à hue et à dia sur les orientations économiques, et particulièrement le devenir du secteur public, à l’heure où le gouvernement est en train de se triturer les méninges pour tracer les contours, fixer le priorités et trouver les sources de financement pour le projet de budget de 2018, face à un budget de 2017 non encore clos. 

Le gouvernement qui sera amené à arbitrer ce débat aura à marcher sur des œufs. Il doit concilier des positions inconciliables, satisfaire aux injonctions du FMI, notre principal pourvoyeur de fonds, qui vont dans le sens d’une maîtrise des dépenses de l’Etat, de l’amélioration des indicateurs économique, de la modernisation de l’administration et de l’économie..., et tenir compte des multiples pressions sur les finances publiques, des déficits des entités publiques et autres problèmes conjoncturels et structurels inextricables.

Le gouvernement Chahed a déjà annoncé la couleur, promettant une reconduction de la même politique de rigueur budgétaire de 2017, en 2018, avec une suspension des recrutements dans la Fonction publique, un non-remplacement des départs à la retraite…comme il n’a de cesse de marteler son intention d’aller de l’avant en matière de réforme de l’administration, des entreprises publiques, des caisses sociales, du financement de l’économie…mais personne ne sait encore les tenants et aboutissants de ces réformes. Autant le principe fait l’unanimité, autant la manière est diversement préconisée. 

Prenons l’exemple des caisses sociales. Tout le monde s’alarme de leur niveau de déficit jamais atteint, menaçant sérieusement la pérennité des pensions. Personne ne disconvient, aussi, à la nécessité de les réformer, mais jusque-là rien n'est clair sur le procédé qui sera adopté pour dégraisser ces lourds dispositifs qui sont la CNRPS, et la CNSS, qui, plus est, sont minées par les pratiques de corruption et de malversation, selon des informations divulguées  par le gouvernement.  

Idem pour le financement de l’économie, où l’Etat pourrait-il trouver des fonds propres pour s’affranchir d’une dette qu’il traîne comme un boulet, tant elle frôle des sommets sans précédent. Mêmes questions pour la réforme de l’administration avec ses plus de 600 000 employés, et  la refonte des entreprises et banques publiques avec leur trou béant. Assainir les comptes, ce sera loin d’être une sinécure. 
 
Gnet
 
 

Commentaires 

 
-1 #1 RE: Tunisie/ Secteur public : Un débat à hue et à dia autour de la privatisation
Ecrit par Agatacriztiz     11-08-2017 10:47
Avant certaines administrations ou s'entassent de plus en plus des défonceurs de portes ouvertes et autres champions de l'immobilisme et de l’absentéisme, quelques unes des unités publiques industrielles comme El Fouledh, SONEDE, S.T.E.G., Carthage Cement, S.N.T., S.N.C.F.T., Ciments d'Oum Kelil et j'en passe méritent vraiment d’être privatisées afin de devenir rentables et bénéficier à tous les employés qui veulent vraiment travailler.
 
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