Tunisie/ Scrutin : L’opération d’Oued Ellil, et le sens du vote de dimanche

Publié le Vendredi 24 Octobre 2014 à 17:28
Nos forces d'élite n'ont pas démérité. La meilleure réponse au terrorisme est de se diriger dimanche 26 octobre en masse aux urnes, pour choisir les membres du parlement.  Les Tunisiens doivent prouver, par cet acte civique, qu’ils sont maîtres de leur présent et leur avenir, qu’ils ne se laissent pas faire, et qu’ils sont unis dans leur diversité face à l’hydre terroriste, qui cherche à torpiller le processus transitoire engagé avec succès, mais non sans difficultés, depuis la révolution…

On savait que le modèle tunisien dérange, et qu’il y a des forces régionales et des entités occultes qui s’efforcent à empêcher l’avènement d’une véritable démocratie tunisienne. On savait que des menaces terroristes pesaient sur le processus électoral, les autorités tunisiennes n’ont eu de cesse de le répéter, en se voulant rassurantes : notre appareil sécuritaire et militaire est bien préparé, pour affronter toute menace et permettre le déroulement du scrutin dans les meilleures conditions, martèlent-elles lors de la dernière période. L’opération de Chebbaou n’était autre qu’une nouvelle mise à l’épreuve de l’appareil sécuritaire ayant anticipé le danger, et du talent de nos forces d’élite qui n’ont pas démérité. Les scènes de liesse populaires constatées après la fin de l’opération, dans les parages du domicile, théâtre de l’assaut, illustre la symbiose entre les Tunisiens et leurs forces sécuritaires.

Les Tunisiens qui vivent dans l’amertume et la consternation chaque crime terroriste, et pleurent les martyrs de la nation, en l’occurrence notre concitoyen, gardien de nuit de son état,  tué à Kébili, et l’agent de la garde nationale abattu à Oued Ellil, tous les deux par les terroristes, ont éprouvé une grande fierté, de voir la prestation héroïque de nos forces spéciales. La Tunisie a de braves hommes qui la protègent, et qui répondent à l’appel du devoir, au péril de leur vie, pour contrer tout danger qui la guette.  

Dans ce genre d’épreuves, les distances pouvant exister entre le Tunisien et l’agent sécuritaire ou militaire s’estompe, la méfiance se dissipe, et c’est le sentiment d’appartenance nationale qui domine. Peu importe notre position dans la société, peu importe que l’on soit homme ou femme, riche ou pauvre, nous sommes tous les enfants de cette chère patrie, défenseurs acharnés de son inviolabilité et son invulnérabilité. On caresse tous le même idéal, celui de voir l’arbre démocratique planté avec le démarrage du processus transitoire étendre ses racines dans les profondeurs de cette terre bénite, et faire pousser ses branches le plus haut possible.

Celui de voir aussi la justice sociale et l’égalité se concrétiser dans les faits, l’économie prendre son envol et prospérer, les fruits de la croissance distribués équitablement, le bien-être social toucher tous les citoyens qu’ils soient ceux des grandes villes ou de l’arrière pays, la pluralité et la diversité perçues comme une bénédiction et une source de richesse et d’enrichissement mutuel, le civisme et l’éthique érigés en système inaliénable, en tant que pilier de ce vivre ensemble auquel l’on aspire tous. C’est là tout le sens des législatives de ce dimanche 26 octobre.

Le scrutin de dimanche est capital, et donnera lieu à une assemblée des représentants du peuple, mandaté pour cinq ans. Le futur parlement est le principal socle sur lequel sera bâtie la deuxième république, la Tunisie ayant choisi un régime mixte où le parlement constitue l’épicentre du pouvoir, dont sera issu le gouvernement, censé être celui de l’action et avoir les coudées franches pour mener des réformes urgentes et s’attaquer aux problèmes inextricables dont souffre la Tunisie.

Le parlement aura aussi à consacrer l’édifice démocratique, à parachever la construction des institutions démocratiques et solides à même de rompre définitivement avec l’ancien système, celui du despotisme, de la répression et de la corruption.

Dans les cinq ans, la Tunisie sera entre les mains d’un pouvoir politique dont on ignore, à l’heure qu’il est,  la couleur et la configuration, le chemin qu’elle empruntera, celui du progrès ou de la régression en dépendra, mais dimanche elle sera entre les mains du peuple souverain, qui prononcera son verdict devant lequel les partis politiques doivent s’incliner.
H.J.