Tunisie/ Révocation de Chahed de Nidaa : l’absurdité d’une mise en scène !

Publié le Jeudi 13 Septembre 2018 à 16:40
Youssef Chahed est visé par une procédure de révocation de Nidaa Tounes, pour avoir supposément enfreint le règlement intérieur. Rarement un chef du gouvernement en exercice n’aura subi pareil traitement de son propre parti, triste épisode politico-institutionnel qui porte un coup dur à l’autorité de l’Etat et rabaisse les institutions.

Les institutions de la deuxième république, celles qui émanent de la nouvelle constitution de janvier 2014, qui sont censées marquer le passage du pays vers une période durable et stable, devraient bénéficier d’un minimum d’immunité.

Ceux qui en détiennent les rênes, pour une période déterminée, qu’ils aient été mandatés directement par le peuple, ou désignés par ceux que les électeurs ont choisis pour conduire ses affaires, sont les symboles de l’Etat, doivent être reconnus et respectés en tant que tels, et donc être au-dessus de la mêlée, tout en étant tenus de rendre des comptes.

S’ils sont jugés responsables d’un quelconque manquement, considérés comme n’étant plus en capacité de s’acquitter, comme il se doit de leur mission, ou s’ils ne bénéficient plus du soutien politique requis pour la poursuite de leur action, la constitution prévoit des mécanismes, en l’occurrence la motion de censure, permettant leur éventuel remplacement.

Dans le cas d’espèce, malgré la crise politique qui sévit dans le pays depuis le 28 Mai dernier, date de la suspension du document de Carthage, pour discorde autour du point 64 sur le maintien ou le départ du gouvernement et de son chef, aucune procédure de destitution n’a été entamée contre Youssef Chahed, c'est-à-dire que ses détracteurs n’ont pas réussi à collecter le nombre de signatures nécessaires pour la tenue d’une plénière destinée à lui retirer la confiance.

Le président de la république s’est abstenu pour sa part de prendre l’initiative et de solliciter l’Assemblée pour un vote de confiance sur la poursuite de l’action du gouvernement. Youssef Chahed, lui, a ignoré les appels, le poussant à démissionner ou à présenter son gouvernement à un nouveau vote de confiance au parlement. Tout le monde a semblé se complaire dans cette situation, lourde de conséquences.

Le recours à la constitution qui aurait été la manière la plus simple et la plus courte, pour sortir de l'impasse n’a pas eu lieu. Les mécanismes de dialogue et de consensus n’ont pas, non plus, fonctionné ; les différents acteurs ont campé chacun sur sa position, faisant éterniser cette impasse dont on parle matin, midi et soir, en mettant en garde contre les graves répercussions de son prolongement, sans esquisser la moindre solution pour y mettre un terme. Tout cela a envenimé la situation, a ralenti l’action et les réformes que l’on dit impérieuses, et a conduit à l’absurde auquel l’on a assisté hier, avec la réunion du comité politique de Nidaa Tounes, et toute cette mise en scène sur le renvoi du chef du gouvernement. 

La crise qui est à la base un conflit entre Hafedh Caïd Essebsi et Youssef Chahed, tourne à une bataille pour faire main basse sur un parti, ses députés et ses dirigeants. L’Etat se trouve impliqué dedans, son image est écornée encore plus, à l’intérieur, comme à l’extérieur. Or, il aurait été plus judicieux pour Nidaa Tounes, d’épargner au pays ce triste spectacle, et de passer directement à l’opposition, comme il projette, manifestement, de le faire. Un déblocage se serait ainsi produit, le remaniement aurait eu enfin eu lieu, pour donner à cette rentrée politique cahoteuse, un semblant de normalité.

Gnet

 

Commentaires 

 
-1 #1 RE: Tunisie/ Révocation de Chahed de Nidaa : l’absurdité d’une mise en scène !
Ecrit par Agatacriztiz     15-09-2018 10:25
Même sous les pires moments de la fin de la présidence de Bourguiba et les neammoins exécrables épisodes de la fin de dictature de Ben Ali et des Trabelsi, on n'a pas assisté à ce type de campagne de dénigrement ridicule mené par un Hafedh Caid Essebsi hystérique qui, avec la bénédiction d'un père absent ou qui fait semblant de l'être et d'un cheikh Ghannouchi qui ne sait que se taire au moments cruciaux, ne fait que ternir encore plus l'image déjà bien écornée de notre pays.
 
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