Tunisie/ Remaniement : Le sens des pressions de l’UGTT !

Publié le Lundi 12 Mars 2018 à 17:25
La centrale syndicale campe sur sa position, et réclame que du sang neuf soit injecté dans les veines du gouvernement, partant du constat que le pays fait du  surplace et que nombreux sont les dossiers socioéconomiques qui restent en rade. 

Tout en disant son attachement au document de Carthage, la puissante organisation syndicale exige un bilan de l’action gouvernementale pour voir si les réalisations supposément accomplies, concordent avec les objectifs affichés. Al-Itihad déplore aussi qu’aucune avancée n’a été réalisée en matière de la question brûlante des entreprises publiques, s’opposant fermement que celles-ci échappent d’une manière, ou d’une autre, au contrôle de l’Etat, par voie de cession totale ou partielle.

En haussant le ton, l’UGTT cherche à chauffer l’atmosphère et à exercer des pressions sur le gouvernement, en prévision des imminentes négociations sociales à l’issue desquelles, elle est déterminée à sortir avec de vrais résultats sonnants et trébuchants, à même de préserver la popularité auprès de l’armada des travailleurs.

Le gouvernement, tout autant que le secteur privé, ont donné leur assentiment de principe à Noureddine Taboubi pour entrer dans ce nouveau round de négociations sociales, mais ils ne l’ont pas fait de gaieté de cœur, et encore moins par conviction…

La partie s’annonce difficile, les arguments des uns et des autres seront aux antipodes, et les compromis seront difficiles à trouver. Face à un gouvernement qui invoquera la difficulté de la conjoncture, et le déséquilibre abyssal des finances publiques, dont l’une des principales causes est l’ampleur prise par la masse salariale ces dernières années; et à un patronat qui mettra en avant le climat de morosité, le ralentissement de l’activité et le recul de la production et de la productivité, des facteurs qui donnent du fil à retordre à l’entreprise, l’UGTT opposera la souffrance des classes moyennes et démunies, qui se saignent aux quatre veines pour subvenir aux besoins du quotidien, et auxquels il faut absolument donner du pouvoir d’achat.    

Et puis, il y a une autre partie qui ne verra pas d’un bon œil une hausse des salaires, dans la mesure où cela ne fera qu’alimenter la spirale de l’inflation, ayant déjà atteint un seuil redoutable. Il s’agit de la banque centrale de Tunisie, et de son nouveau gouverneur, Marouane el-Abassi.
Pour la banque des banques, la priorité est de contenir l’inflation dans des proportions raisonnables, après qu’elle ait grimpé à 7,1 % en février 2018, contre 4,6 % en février 2017, avec pour conséquence directe, la détérioration du pouvoir d’achat du consommateur.
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Le cas échéant, une majoration salariale n’aura qu’un effet imaginaire, et symbolique… qui risque d’alimenter encore plus l’envolée démentielle des prix, voire la hausse de l’inflation. Résultat des courses : le consommateur n’en sortira pas gagnant, car on lui donnera d’une main, ce qu’on lui prendra d’une autre. L’économie ne sera pas non plus revigorée, étant donné qu’elle a besoin d’une croissance, réelle et pérenne,  issue de l’investissement et de la production, et non d’une croissance artificielle, résultant de la consommation.

Un cercle vicieux s’il en est, entretenu par les différents groupes de pression qui cherchent chacun à réaliser des gains politiques, au détriment de l’économie et de l’intérêt national.

Le pays n’a jamais connu autant de valorisations et de majorations salariales, notamment dans le secteur public du fait d’une frénésie revendicative sans précédent exprimée ces sept dernières années. Une démarche qui a donné lieu à un effet contraire, que celui escompté, en provoquant paupérisation, dégradation du pouvoir d’achat, et renchérissement de la vie…pour la simple et pure raison que l’on a privilégié la consommation, beaucoup plus que la production...une équation à la longue intenable, a fortiori qu’elle a reposé sur l’endettement, devant dépasser à ce stade le taux de 70 %.

Le pays a besoin, à ce stade, de consommer moins, de produire et d’exporter plus, à travers une relance des investissements intérieurs et étrangers, une promotion de l’industrie et du tourisme, et une relance des activités génératrices de devises.  Sinon, avec des recettes en devises aussi maigres (77 jours d’importation à la dernière actualisation de la BCT), un dinar aussi faible, et une inflation non-maîtrisée…augmenter les salaires revient à mettre un cautère sur une jambe de bois. Et si l’on y ajoute le spectre de l’instabilité politique qui risque d’un instant à un autre de faire voler en éclats les équilibres fragiles…on n’ose pas imaginer comment la situation pourrait évoluer…
Gnet
 

Commentaires 

 
-2 #1 Bizarre, Bizarre...
Ecrit par Agatacriztiz     13-03-2018 13:07
Pour quelle sombre organisation roule l'U.G.T.T.? Tout porte à croire que certains cartels tirent les ficelles d'un syndicat de plus en plus en perte de vitesse, incapable de résoudre les crises sociales et qui est passé dernièrement à une phase d'agressivité "pré-présidentielle" qui pue à trois kilomètres...
Taboubi aurait-il des prétentions dans ce domaine ? Rien d'étonnant de la part de ce type...
 
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