Tunisie/ Remaniement : Chahed fixe le tempo au grand dam des partis

Publié le Mercredi 19 Juillet 2017 à 14:03
Youssef Chahed. Les milieux politiques s’impatientent de voir le remaniement ministériel avoir lieu, mais celui-ci ne semble pas être pour demain. Sans exclure l’idée de procéder le moment venu au renouvellement, ne serait-ce que partiel, de son équipe, pour pourvoir aux vacances et corriger les éventuelles failles, le locataire de la Kasbah a laissé entendre, hier mardi 18 juillet, que le remaniement devra être précédé d’une évaluation, laquelle est en cours, évoquant la possibilité d’une réunion avec les partis politiques les prochaines semaines pour évaluer l’action du gouvernement et l’état d’avancement de l’application des différentes clauses du document de Carthage.

Là où le chef du gouvernement semble chercher à se placer dans l’action, avec une volonté affichée d’avancer sur les différents dossiers dont est tributaire le redressement du pays, les partis, préoccupés par leur positionnement et la consolidation de leur influence, poussent vers l’annonce du remaniement, dans l’espoir de pouvoir placer leurs lieutenants à la tête d’un tel département, ou tel autre.

Même ceux qui se disent non-intéressés par la question, réclament que ces changements soient opérés, invoquant le faible bilan de tel ministre ou tel autre, et le prolongement de la vacance à la tête des ministères de l’Education et des Finances, deux portefeuilles clefs, qui méritent des titulaires à part entière, en plein débat sur la réforme éducative d’un côté, le rétablissement des grands équilibres budgétaires et l’assainissement des finances publiques, de l’autre.

Quels que soient les motifs et les arguments avancés, le sujet du remaniement tient toujours en haleine, et enthousiasme les professionnels de la politique, pour qui un portefeuille ministériel fait rêver, et le pouvoir est irrésistible.  

Pour les Tunisiens, toutes ces histoires sont insignifiantes et loin de leurs préoccupations. Le pays a connu tellement de changements, qu’il en a pâti. Avec sept chefs du gouvernement en six ans, et des remplacements fréquents à la tête des différents ministères, dans un contexte extrêmement périlleux et marqué par des difficultés de toutes sortes, la discontinuité de l’action gouvernementale a beaucoup nui à la gestion des affaires, entravé la mise en place des politiques et programmes, et retardé le règlement, sinon le déblocage des différentes questions en suspens.

Si la situation a empiré notamment sur le plan économique, c’est à cause des actions inachevées des gouvernements successifs, qui, agissant dans l’urgence et sous les pressions de la rue, des alliés et détracteurs, n’ont fait que parer au plus pressé, et mener des actions pompiers, tout en laissant de côté la résolution des problèmes de fond et la mise en œuvre des grandes réformes.

Cette attitude qu’avaient les partis politiques, avec cette propension d’être en campagne électorale permanente, même en étant au sein du pouvoir, n’a fait qu’aggraver les choses. A ce sujet, Youssef Chahed n’est pas mieux loti qu’Habib Essid, en termes de soutien des partis formant sa coalition, à l’action de son gouvernement dit d’union nationale. Ce soutien est variable selon l’humeur politique de l’heure, au point que ces partis donnent l’impression d’avoir un pied dedans (au sein du gouvernement), et un pied dehors (dans l’opposition).

Le manque de soutien partisan a affaibli la position de Youssef Chahed à un certain moment ; ce dernier a réussi à renverser la vapeur en lançant fin Mai dernier la campagne anti-corruption, prenant de court un paysage politique déconcerté, et mobilisant une opinion, majoritairement ralliée à sa cause.

Par son pragmatisme intelligent, le jeune chef du gouvernement n’a pas laissé le choix aux partis politiques. Ils se sont trouvés obligés de se ranger derrière lui et d’appuyer, à contrecœur pour certains, la bataille contre la corruption, édulcorant leurs critiques pour ne pas heurter la sensibilité de l’opinion.

Fort du soutien populaire et d’une cote de popularité honorable dans les sondages, le locataire de la Kasbah sera parfaitement à l’aise quant à imposer son tempo et à fixer ses règles du jeu, au grand dam des partis, toujours décidés à ne pas se laisser faire.

Gnet


 

Commentaires 

 
+2 #2 Performance
Ecrit par Tunisien     20-07-2017 11:08
La puissance est prouvée à la montée d'une pente et non pas à sa descente.
 
 
+2 #1 Vous êtes bien aimé
Ecrit par Tunisien     20-07-2017 11:02
Mes grands respects; vous êtes bien aimé Mr Chahed, du moment ou vous jouez bien pour notre CHÈRE TUNISIE.
 
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