Réconciliation : La synthèse entre la présidence et l’IVD est possible

Publié le Lundi 31 Août 2015 à 13:45
Instance Vérité et Dignité. L’initiative législative présidentielle sur la réconciliation économique et financière continue d’alimenter la controverse. De nombreuses voix ne cessent de pousser des cris d’orfraie à l’idée que ce texte soit entériné, et serve d’absolution à d’anciens corrompus, ceux contre qui la révolution a été déclenchée. Les détracteurs du texte lui reprochent son caractère anticonstitutionnel, ses dispositions transgressives à l’égard de la loi organique portant organisation de la justice transitionnelle, et sa vocation contraire aux principes et à l’esprit de la révolution.

Ses partisans, eux, en pensent tout le bien, le présentant comme un moyen de tourner rapidement la page du passé, de traiter des dossiers restés en rade depuis cinq ans, de débloquer des fonds gelés, et de les injecter dans une économie qui en a grandement besoin, histoire de la réanimer, outre ses bienfaits sur d’anciens commis de l’Etat cloués au pilori, alors qu’ils n’ont fait qu’obéir aux ordres, et sur des hommes d’affaires qui seraient prêts à reconnaitre leurs forfaits et à restituer les fonds spoliés.

Deux positions aux antipodes, et c’est le dialogue de sourds qui s’installe, sur fond d’une tension grandissante qui promet de s’exacerber à la rentrée, au vu de la radicalisation des positions dans un camp, comme dans l’autre. Une atmosphère dont le pays se passerait volontiers, face à une conjoncture critique et émaillée de défis qui a l’air de s’inscrire dans la durée.

Que faire ? Il faut tout d’abord revenir aux fondamentaux, et ne pas perdre de vue que le processus de justice transitionnelle est inscrit dans la constitution du 26 janvier 2014 ; toute opération susceptible d’en altérer les dispositions, de le détourner de ses objectifs ou de le vider de sa substance de quelque manière que ce soit, revient à enfreindre la constitution. Chose à proscrire dans un Etat de droit et d’institutions, qui se dit engagé dans une marche déterminée vers la deuxième république.

L’autre contrainte à respecter scrupuleusement par tous, c’est la loi organique portant sur la justice transitionnelle, aboutissement de tant d’efforts et d’énergie et d’une large consultation régionale et nationale, et qui a détaillé l’alpha et l’oméga d’un processus multi-étapes allant de la révélation de la vérité, en passant par le questionnement, la reddition des comptes, et la réforme des institutions, jusqu’à parvenir à la finalité suprême : la réconciliation. Cette loi a notamment institué l’Instance Vérité et Dignité (IVD), l’Instance Arbitrage et Réconciliation, (IAR) et les juridictions spéciales, trois structures clefs, dotées chacune de prérogatives bien claires et censées traduire dans les faits l’ensemble du dispositif de la JT.

Que l’on veuille accélérer le processus notamment pour ce qui est des délits et crimes économiques et financiers, cela serait vivement souhaitable, a fortiori que le règlement de ce type d’affaires contribuera à la redynamisation de l’économie. Mais cela doit être fait dans les règles de l’art, en respect des principes constitutionnels et législatifs, dont le président de la république est le principal garant.

Le chef de l’Etat est pleinement en mesure de proposer un texte facilitateur du processus de justice transitionnelle, pourvu qu’il soit en phase avec le cadre législatif déjà instauré, ce qui rend possible une mise en conformité de l’initiative présidentielle avec la loi organique sur la justice transitionnelle, après concertation entre les différentes parties prenantes. Il s’agira de faire une synthèse entre les propositions de la présidence, et les exigences de l’IVD et de débloquer les moyens financiers et humains à même d’accélérer le processus, et d’éviter ce bras de fer, qui au pire, débouchera sur un blocage de la situation, au mieux sur une réconciliation parachutée et imposée par la force, dont la crédibilité sera lourdement entachée, et que l’on trainera longtemps comme un boulet.

Le cas échéant, on sera face à une pseudo-réconciliation qui laissera toujours des rancœurs, des suspicions, et un besoin vindicatif refoulé. Alors que la vraie réconciliation, préalable à toute œuvre de reconstruction et de réforme, mettra chacun devant ses responsabilités, effacera les rancunes et les envies de vengeance, et donnera aux victimes et aux coupables, une fois les comptes du passé soldés, leurs pleins droits. Celle-ci a toutes les chances de succès, d’autant plus que les Tunisiens sont foncièrement portés sur le pardon et la mansuétude.

H.J.


 

Commentaires 

 
-1 #1 drole de nation
Ecrit par Royaliste     31-08-2015 14:09
d’autant plus que les Tunisiens sont foncièrement portés sur le pardon et la mansuétude

c est peut etre pour cela que la Tunisie est le 1 er pays exportteur de terrorists au monde ... tellement d amour, tellement de mansuetude

ce que je Remarque c est que la Tunisie a pardonne aux terrorists et aux meurtriers, qui aujourdhui recidivent, mais a de la peine a pardoner les voleurs et les corrompus....

mon fils, en Tunisie tu peux egorger mais pas voler ...

drole de nation
 
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