Tunisie/ Présidentielle : Une campagne sans éthique, c’est le dégoût assuré

Publié le Lundi 15 Septembre 2014 à 18:00
Béji Caïd Essebsi.Cela est vrai dans quasiment tous les pays du monde, notamment dans les démocraties, une campagne présidentielle n’est nullement un moment d’échange d’amabilités et de marques de courtoisie, mais une période d’affrontement entre deux ou plusieurs candidats, où chacun essaie d’asséner des coups à son, (ou à ses) adversaires, et marquer des points à ses, (ou à leurs) dépens. La Tunisie n’est pas en reste, le pays qui est sur le point de battre le record des candidats à la fonction suprême, avec des dizaines de postulants de différents horizons, s’apprête à vivre une campagne électorale des plus chaudes, et des plus violentes, où les coups bas ne seront pas exclus.

Déjà, un peu plus de deux mois de la date du premier tour de la présidentielle, le 23 novembre prochain, la couleur est annoncée ; ce qui laisse présager des dérives, dont les Tunisiens se passeraient volontiers.

Il est fort probable que la précampagne qui bât son plein, et la campagne proprement dite à la présidentielle, (du 1er au 21 novembre), ne seront pas celles d’une bataille de programmes et d’idées, comme le souhaite le commun des Tunisiens, mais d’un conflit entre personnes, avec tous les risques que la compétition bascule dans l’ignoble  et le sordide.

Les informations divulguées par Omar Shabou sur "l’état de santé de Béji Caïd Essebsi qui ne l’habiliterait pas à remplir la fonction présidentielle", s’inscrivent, au-delà de leur bien fondé, dans le choquant et l’impudique ; chose qui est contraire à l’éthique, dans son acception universelle, et à la morale arabo-musulmane censée régir notre société.

Cette affaire appelle deux précisions. La première est que la santé est tout ce qu’il y a de plus fragile, et les êtres humains sont répartis, à ce titre, en trois catégories : les malades ; les malades qui s’ignorent, et les malades potentiels. Quant à la mort, elle fait partie de la vie, peut survenir à n’importe quel âge, et au moment où on l’attend le moins.

La deuxième précision qui gagnerait à être présente dans tous les esprits lors de cette période électorale, est celle-ci : les hommes et femmes politiques sont des êtres humains qui ont des familles, des sentiments, et des émotions…Comme nous tous, ils ont droit à ce que leur vie privée soit préservée. Et jusqu’à preuve du contraire, la loi tunisienne n’oblige pas les candidats à la présidentielle de présenter un bulletin de santé. Si  c’était le cas, cela devrait être fait dans les règles de l’art, et non à la faveur de ragots colportés sur les plateaux TV.

Indépendamment du fait que l’on approuve ou l’on désapprouve la candidature de BCE à la magistrature suprême, cette question de principe devrait être respectée et appliquée à tous les candidats lors de la campagne, pour en garantir un niveau honorable et digne de la Tunisie d’aujourd’hui.

Quant à la manière dont Nida Tounes a utilisé ces déclarations, perçues par le mouvement comme une volonté de vouloir lui nuire, et l’affaiblir, elle est on ne peut plus futée.

Le parti de Béji Caïd Essebsi, accusé d’avoir recyclé l’appareil de l’ancien régime et de compter des rcédéistes en son sein, chose qu’il ne réfute pas, se présente aujourd’hui comme étant la victime de la machine de l’ancien régime, despotique et corrompu. Khemaïs Kssila a déclaré ce lundi sur Mosaïque que Ben Ali est en train de tirer les ficelles et de mobiliser ses troupes à travers Skype, en vue de réinvestir la scène politique, signalant que le retour de Mondher Znaïdi, ancien ministre sous Ben Ali, l’atteste.

On assiste là à des luttes intestines au sein de la large famille destourienne et rcédéiste, qui iront en s’exacerbant au fur et à mesure que le jour du scrutin approche.

Entretemps, l’arène politique se prépare à accueillir l’ensemble des candidats à Carthage, (leur liste sera divulguée avant la fin  septembre par l’ISIE). Ce sera, à coup sûr, une foire d’empoigne, où les préoccupations et les inquiétudes des Tunisiens risquent d’être reléguées au second plan. Et si d’aventure l’immoral et le malsain prévalent, ce sera le dégoût assuré.
H.J.


 

Commentaires 

 
#1
Ecrit par caraway     17-09-2014 00:35
Moi je m etonne surtout de la reaction de Ghannouchi sur Nessma apres le discours de BCE. Que lui reproche t il au juste? Est il responsable des coups bas qu on lui assene? Remarque. finale a la concordance des temps a la fin de l article...

NDLR :
Il fallait lire prévalent, et non prévaudront, c'est rectifié, merci.
 
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